L’ONG Oxfam dénonce la hausse de la faim dans plusieurs pays d’Afrique notamment au Burkina Faso. Des dizaines de millions de personnes sont concernées par ce problème, selon son dernier rapport publié le vendredi 16 septembre 2022.
L’ONG Oxfam estime que la faim extrême a plus que doublé ces six dernières années, dans dix des pays les plus sensibles aux risques climatiques. Plusieurs pays d’Afrique, dont le Niger ou le Burkina Faso, sont notamment concernés.
Dans un rapport publié le 16 septembre, L’ONG Oxfam indique que « la faim aiguë a augmenté de 123 % rien qu’au cours des six dernières années». Selon elle , 48 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë.
Pour ce qui concerne le Burkina Faso, Oxfam a informé que le pays a enregistré une «hausse vertigineuse de la faim qui a augmenté de 1350% depuis 2016». En juin 2022, toujours selon l’ONG, le nombre de personnes souffrant de faim extrême s’élevait à 3,4 millions, en raison des conflits armés et de l’aggravation de la désertification des cultures et des terres pastorales.
Un réchauffement climatique à plus de 2 °C entraînerait une réduction supplémentaire de 15 % à 25 % de la production céréalière. «Si les conflits et les crises économiques restent les principaux responsables de la faim, les phénomènes météorologiques extrêmes, de plus en plus nombreux et violents, réduisent eux aussi la capacité des populations pauvres à contrer la faim et à faire face aux chocs à venir», indiqué OXFAM.
L’ONG pointe du doigt par ailleurs les pays industrialisés et notamment ceux du G20 d’être « responsables de plus de trois quarts des émissions mondiales de carbone», tandis que ces dix pays vulnérables n’en émettent collectivement que 0,13%.
«Les pays les moins responsables de la crise climatique sont ceux qui en subissent le plus les conséquences et ceux qui ont le moins de ressources pour y faire face. Responsables de seulement 0,13 % des émissions mondiales de carbone, les dix pays les plus sensibles aux risques climatiques se situent dans le dernier tiers du classement des pays les mieux préparés pour faire face aux changements climatiques», lit-on dans une note de l’ONG.
De son avis, Gabriela Bucher, directrice générale d’Oxfam International pense que la faim due aux événements climatiques est une preuve criante des inégalités mondiales.
Cela est dû, pour la première responsable de l’ONG, au fait que les dirigeants de ces pays continuent de soutenir des entreprises polluantes florissantes qui leur fournissent souvent un appui important durant leurs campagnes politiques. «Des changements politiques sont nécessaires afin de gérer la double crise du climat et de la faim. Si des mesures de grande ampleur ne sont pas prises immédiatement, la faim continuera à monter en flèche», préconise Madame Bucher.
«L’annulation de la dette des États vulnérables permettrait aussi aux gouvernements de libérer des ressources pour investir dans l’atténuation des changements climatiques», plaide Oxfam.
La directrice internationale de Oxfam dit espérer qu’à la COP27 doit se tenir en novembre, les dirigeants, en particulier celles et ceux des pays riches et polluants, tiendront leurs promesses en acceptant de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
« Nous ne pouvons résoudre la crise climatique sans nous attaquer aux inégalités profondes de nos systèmes alimentaire et énergétique», a-t-elle ajouté.
Les pays riches et les plus polluants ont un devoir moral de solidarité à l’égard des pays à faible revenu qui sont les plus touchés par la crise climatique. « Il n’est pas question de charité, mais d’un impératif éthique », souligne Madame Bucher.