Le chef d’Etat-major particulier du Président français Emmanuel Macron est annoncé dans la capitale burkinabè les 8 et 9 septembre 2022. Il s’agit du vice-amiral d’escadre Jean-Philippe Rolland. Le M 30 Naaba Wobgo conduit par Yéli Monique Kam demande depuis plusieurs semaines le départ de l’Ambassadeur de France à Ouagadougou et l’annulation de plusieurs accords signés entre la France et le Burkina Faso. Ce mouvement s’oppose actuellement à la visite du vice-amiral français à Ouagadougou qualifiée de « provocation grave ».
Par Nicolas Bazié
Le Mouvement M30 est visiblement déterminé dans son combat, dont le point névralgique est le départ de l’Ambassadeur de France au Burkina Luc Hallade et la rupture de la coopération avec l’Etat français. Il s’oppose même à la venue du vice-amiral d’escadre Jean-Philippe Rolland, Chef d’Etat-major particulier du Président Français.
Ainsi, « cette visite comporte un caractère particulier à tel enseigne que nous, Mouvement M30 Naaba Wobgo nous nous posons les questions suivantes: Pourquoi l’Amiral français Jean-Philippe ROLLAND a-t-il été dépêché par le Président Emmanuel Macron en ces moments même pour rencontrer le Président de la Transition le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba ? La France chercherait-elle une base arrière pour sa force d’occupation qu’est Barkhane au Burkina Faso ? N’est-ce pas une volonté de faire taire les manifestations déjà enclenchées par le M30 Naaba Wobgo réclamant la rupture pure et simple de tous les accords coloniaux ? ». Voilà autant de questions qui taraudent les esprits des membres du mouvement.
Une provocation grave
Lors d’une conférence de presse animée le 7 septembre, les membres du mouvement en question ont déclaré que « cette visite laisse entrevoir des soupçons de raffermissement de l’ingérence par le forcing à l’endroit des autorités de la Transition du Burkina Faso. Cette rencontre confirme en elle-même le caractère léonin de tous les accords coloniaux depuis le 24 avril 1961 à nos jours et dénoncés vigoureusement par l’ensemble des citoyens Burkinabè à travers le Mouvement M30 Naaba Wobgo ».
Elle constitue également une « provocation grave du fait de l’échec total et indescriptible des accords signés entre la France et le Burkina Faso depuis les indépendances à nos jours ».
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Le Mouvement M30 Naaba Wobgo appelle donc à « des manifestations populaires du jeudi 08 au vendredi 09 septembre 2022, pour faire barrage à cette visite de l’Amiral Français au Burkina en prenant d’assaut toutes les voies de la ville menant à l’aéroport international de Ouagadougou ».
Pour eux, la visite du chef d’État-major particulier de la présidence française doit être une aubaine pour les autorités de la Transition du Burkina Faso de rentrer dans l’histoire, en clarifiant leur position vis-à-vis de la France.
Un double jeu
Le premier ministre Albert Ouédraogo, lors d’un entretien télévisé, avait évoqué « la liberté d’aller vers le partenariat qui nous arrange, quitte à froisser des partenaires historiques», tout en ajoutant que « les dirigeants ne peuvent pas continuer à rester sourds face à ces revendications».
Le Burkina Faso est accusé de jouer un double jeu dans son partenariat avec la France. Ces derniers mois, le pays s’est tourné vers d’autres partenaires pour des commandes d’armes ou pour des consultations. Parmi ces pays, il y a entre autres la Serbie, la République Tchèque, la Turquie, la Pologne.