Dans son adresse à la Nation, le président du Faso a invité les Burkinabè à un nouveau départ, en ce jour symbolique du 4 septembre. En effet, il y a 75 ans que les fils de ce pays se sont mis ensemble pour la reconstitution du territoire perdu en 1932 et réparti entre l’actuelle Côte d’Ivoire, le Mali, autrefois appelé Soudan français et le Niger. Ce nouveau départ s’exprimera dans tous les domaines de la vie de la république, dont il a dépeint le tableau, avec en point de mire, la sécurité et la restauration de l’intégrité du territoire. De cette dynamique naissante, la cohésion des Burkinabè est fortement recommandée et attendue, au nom de la sauvegarde de notre héritage commun. C’est certainement cette même dynamique qui justifie les sorties récentes du président du Faso hors du territoire national, avec comme première destination, le Mali voisin, dans le but de renforcer le partenariat entre les deux pays.
Bien que le Mali ait annoncé son départ du G5 Sahel et que la Côte d’Ivoire, prochaine destination du président, n’en fait pas partie, le renforcement des liens de bon voisinage et de la coopération bilatérale sur le plan sécuritaire peut constituer un tremplin pour la lutte efficace contre le terrorisme. Chaque pays a pris conscience de la dimension à la fois transfrontalière et internationale du phénomène, d’où l’intérêt pour chacun de prendre la main tendue du Président Damiba. Depuis quelques années, le Sahel n’est plus la seule cible du terrorisme. Rejoint par les pays côtiers, désormais dans le viseur, il devient impératif donc de mettre en œuvre l’initiative d’Accra, à travers laquelle, la Côte d’ivoire, le Bénin, le Ghana, le Togo, s’engagent dans une synergie d’actions, à prendre une part active dans la lutte contre le terrorisme. L’enjeu de ce combat est gigantesque et pour le chef de l’Etat, plus question de dormir sur ses lauriers. A la question de savoir ce qui fait « subitement » courir Paul-Henri Sandaogo Damiba, la réponse coule de source. La recherche de la paix, de la stabilité et de la sécurité. Les sorties présidentielles dans ces deux pays en attendant certainement d’autres destinations sont la marque d’une diplomatie « silencieuse, discrète » mais qui marque des points.
Dans un contexte où les pays qui ont connu l’intrusion des forces armées nationales dans les affaires de l’Etat sont voués à l’ostracisme, opérer une sortie officielle en Côte d’Ivoire, tête de proue de ceux qui ne marquent aucune tolérance aux coups de force, traduit simplement le retour du Burkina dans les nations qui savent tisser une image polie de leurs relations extérieures. Pourquoi le Mali ? Simplement parce que c’est le pays avec lequel le Burkina partage la plus longue frontière. Plus de mille kilomètres. Le Mali, c’est le pays qui vit une Transition militaire dont le but est de lutter et de gagner contre le terrorisme. Alors que notre pays même est englué dans cette lutte. Partager l’expérience malienne constitue une force pour endiguer le phénomène terroriste. Le voyage en Côte d’Ivoire, première puissance économique et financière de la zone Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), premier pays qui abrite le plus de Burkinabè hors du territoire national, était plus que nécessaire. Si à cela s’ajoute la lutte contre le terrorisme, pour un pays qui abrite une école militaire sous régionale de lutte contre le fléau, la Côte d’Ivoire est une destination à ne pas manquer. On le voit, la question sécuritaire au sens large du concept, habille bien la sortie présidentielle. Un sens qui prend également en considération les relations bilatérales.
Dire que Damiba est sorti pour la sécurité et la paix dans notre sous-région se veut une évidence. Le Burkina Faso a besoin du soutien et du partenariat de ses voisins pour réussir la lutte, tout comme ils ont aussi besoin de notre expérience ; il faut donc une vision et une compréhension communes. Il y a lieu de mutualiser les moyens de lutte et d’y impliquer activement les populations vivant de part et d’autre des frontières. Les maitres-mots doivent être désormais : synergie d’actions, mutualisation des moyens. Le renseignement, la logistique, le renforcement des capacités des hommes, doivent être partagés, car seul, aucun pays ne triomphera de l’hydre terroriste. En tout état de cause, le combat doit se gagner aussi et surtout avec l’ensemble des Burkinabè et la conviction du Président Damiba est que « nous y parviendrons ».