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Burkina Faso : comment Isaac Zida a été porté à la tête de l’État en 2014? Me Guy Hervé Kam «restitue les faits»

Publié le dimanche 4 septembre 2022  |  Libreinfo.net
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© Autre presse par DR
Me Guy Hervé Kam, Coordonnateur national du Mouvement Sens, l`un des porte-paroles du mouvement Le Balai Citoyen en 2014
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Me Guy Hervé Kam, l’un des porte-paroles du mouvement Le Balai Citoyen en 2014 est régulièrement cité à tort ou à raison d’avoir porté Yacouba Isaac Zida au pouvoir avec son mouvement, après le départ de Blaise Compaoré sous la pression de la rue les 30 et 31 octobre 2014. Fatigué d’entendre ce refrain, l’avocat devenu aussi homme politique depuis 2020, lors d’une conférence de presse virtuelle le jeudi 1er septembre 2022, consacré au bilan de la Transition en cours, a essayé de «restituer les faits» suite à une question posée par un internaute. Libreinfo.net fait la synthèse de ses propos.

Comment et avec l’aide de qui Yacouba Isaac Zida a pu succéder à Blaise Compaoré (après 27 ans de règne) au pouvoir le 1er novembre 2014? Voilà des interrogations qui n’ont pas encore trouvé de réponses claires depuis la chute du régime de Blaise Compaoré les 30 et 31 octobre 2014.

Si par principe, il y a un militaire qui devait remplacer l’ex président Compaoré, c’est bien le chef d’État major général des Armées de l’époque, le général Honoré Nabere Traoré. Mais contre toute attente, c’est Yacouba Isaac Zida, le jeune officier numéro 2 de l’ex régiment de sécurité présidentielle (ex RSP), la garde prétorienne qui est porté au pouvoir le 1er novembre 2014, jour même de la fête de l’armée burkinabè.

Depuis lors, l’opinion est convaincue que ce jeune officier, pas du tout connu du grand public qui devient président de la Transition est soutenu par son corps d’origine «très craint» mais également avec «l’appui du Balai Citoyen» car Monsieur Zida a été aperçu dans beaucoup d’images avec des leaders du Balai Citoyen.

Dans les différentes images de l’insurrection, on aperçoit parfois Me Guy Hervé Kam, l’un des anciens porte-parole du mouvement de la société civile.

Ce qui lui vaut un procès d’intention de soutien à Yacouba Isaac Zida. Mais depuis 2014, l’avocat tente de convaincre l’opinion qu’il n’y est pour rien dans l’accession au pouvoir de Monsieur Zida.

Le jeudi 1er septembre 2022, la question est encore posée par un internaute lors d’une conférence de presse virtuelle animée par Me Kam.

Sa réponse, « le 31 octobre, dans la nuit, je me suis personnellement rendu au domicile de Monsieur Zéphirin Diabré qui était alors, le chef de file de l’opposition pour lui dire que Blaise Compaoré a démissionné et qu’il n’était pas question que les militaires prennent le pouvoir.», explique Me Guy Hervé Kam.

A l’issue de cette rencontre avec l’ex chef de file de l’opposition, l’avocat déclare que : «la réponse que nous avons obtenue était que ce n’est pas possible et qu’il faut laisser les militaires se battre et l’opposition et les forces politiques vont travailler avec celui qui sera désigné. »

Mais le leader de la société civile ne va pas s’arrêter là. «C’est alors que ne connaissant pas les colonels et les Colonel-majors de l’époque, nous avons fait appel à un grand frère Chérif Sy parce qu’il connaissait les militaires. Je lui ai personnellement dit, grand frère, nous, nous ne connaissons pas les militaires, vous, vous les connaissez, allons-y leur parler.»

Chériff Sy accepte la mission. «Et lorsque nous sommes arrivés, nous avons dit aux militaires que si l’armée doit prendre la direction du pays, ce sera pour un temps pour assurer la sécurité, et ce sera le militaire qui aura été accepté par toutes les composantes de l’armée », ajoute Me Guy Hervé Kam.

Il cite les officiers supérieurs qui étaient présents au Camp Guillaume Ouédraogo lors des discussions. « Je peux vous dire qu’il y avait le colonel Auguste Denise Barry, le Colonel Boubacar Ba et le lieutenant-colonel Isaac Zida. Après plusieurs concertations avec les militaires, ils nous ont dit que ce sera le lieutenant-colonel Issac Zida.», foi de l’avocat.

Le choix du Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida a-t-il fait l’unanimité? «Ils nous ont assuré que tous les corps militaires, je veux parler de l’armée, de la gendarmerie et tous les paramilitaires comme la Police étaient d’accord. Le chef d’État major général des armées devrait être d’accord.»

Le colonel Auguste Denise Barry à l’extrême gauche et le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida en face les bras croisés

Il ajoute qu’un communiqué de l’armée burkinabè a entériné le choix de Monsieur Zida. «Cela a pris du temps jusqu’à ce qu’on nous assure qu’ils étaient tous d’accord. Ceux qui veulent faire l’histoire peuvent taper sur internet et ils verront le communiqué de l’armée daté du 1er novembre 2014 qui fait allégeance au Lieutenant colonel Zida.»

Que faire pour la sécurisation d’un pays qui vient de tomber entre les mains des soldats ? «Nous avons exigé que l’armée, la police, la gendarmerie fassent tout pour assurer la sécurité parce que nous ne voulions pas qu’il y ait des morts, que des Burkinabè se tuent entre eux. Il m’a été dit, Maître, c’est très dangereux, je dis oui, c’est très dangereux mais vous êtes formés pour ça. J’ai ajouté que le pays va brûler. On m’a rétorqué que laissez brûler après on va reconstruire. J’ai dit non. C’est comme ça que nous avons exigé que l’ensemble des forces sécurisent le pays.»

Me Guy Hervé Kam s’indigne: «C’est ce que certains compatriotes appellent aujourd’hui vendre la lutte à Zida. Mais nous, nous sommes fiers aujourd’hui que pendant tout ce temps, il n’ait pas eu d’agression et de mort.

Tous les morts de l’insurrection, sur les 33 répertoriés sont du camp des manifestants. Seule une personne, le gardien du siège du CDP a trouvé la mort au siège du CDP.», raconte l’avocat.
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