Le lion, roi de la savane et le zèbre dans une forme d’armistice pour leur survie face au péril de la sécheresse : boire ensemble à la seule source d’eau. Cette élégante image n’est pas inédite dans le règne animal.
Alors, alors, alors nous Burkinabè ne sommes-nous pas capables d’un sursaut commun pour gagner ensemble cette guerre à nous imposée ? Tenons-le pour dit, à sort commun, la coalition est obligatoire ! Les rhétoriques qui tendent à faire de Pierre le coupable et de Paul la victime, ne nous mènera nulle part que dans le précipice.
Nous ne devons pas faiblir là où les terroristes nous attendent : montrer cette incapacité de faire comme le lion et le zèbre. Mettre pour une fois balle à terre pour tirer sur la même cible. Dans une contrée qui n’avait pas connu le terrorisme, le jour où un fils du village est tombé sur le champ d’honneur, ce jour a changé la donne sur la compréhension du terrorisme.
J’aurai aimé que tout égo mis à part, les Burkinabè se remémorent le nombre de victimes du terrorisme ; des jeunes pour la plupart, fer de lance de la Nation. Qu’ils fassent un tour au cimetière municipal de Gounghin, ils seront ahuris de voir les tombes de nos FDS. Peut-être que les pertes en vies humaines enregistrées pendant seulement une année appelleront au bon sens.
Y a-t-il encore une famille au Burkina qui n’ait pas été touchée par la folie des terroristes, la perte d’un proche, d’un être cher ? Un jour, alors que dans la matinée, les terroristes avaient fait des dégâts avec perte d’hommes, quelque part à Ouagadougou, une manifestation se tenait avec bière, brochettes et bruits qui accompagnent ce genre d’agape.
L’excuse des organisateurs était simplement qu’il faut cela pour montrer aux terroristes qu’on n’a pas peur. Peut-être, mais à coup sûr, ceux qui tenaient ce discours auraient eu un son différent si à la morgue se trouvait un parent directement victime du terrorisme.
Joseph Ki-Zerbo avait dit « A quand l’Afrique ? ». Dans ce contexte de guerre ouverte, nous paraphrasons le vieux sage, fierté nationale, en nous demandant « A quand la prise de conscience du désastre qui se dessine ? ».
La floraison de mouvements politiques, associatifs ne donne pas une perspective heureuse. A moins que chacun accepte qu’il s’agit non pas de son avenir immédiat, mais de celui de nos enfants.
L’histoire va-t-elle se répéter ? Le silence d’octobre 1987 face au coup d’Etat contre Sankara est perçu comme une lâcheté des ainés par la jeunesse de 2022. Si cette même jeunesse ne se réveille pas, dans trente ans, les bébés qu’ils regardent aujourd’hui leur en voudront de n’avoir pas su fédérer pour faire face à l’ennemi.