L’ex Président du Faso Blaise Compaoré a été condamné à la prison à vie pour l’assassinat en octobre 1987 de son « ami et frère » Thomas Sankara. Le 8 juillet 2022, il est revenu au bercail après 8 ans d’exil en Côte d’Ivoire, alors qu’il est recherché par la justice militaire burkinabè. Ce qui avait suscité une vive polémique au sein de l’opinion. Selon le premier ministre Albert Ouédraogo, avant ce retour, des démarches ont été faites auprès des personnes physiques et morales dont la veuve Mariam Sankara.
C’est avec surprise que beaucoup de Burkinabè apprenaient par voie de presse en juillet dernier le retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso, après huit ans d’exil en Côte d’Ivoire. Son retour avait été encadré par les autorités actuelles de la Transition et le pouvoir d’Abidjan, son pays d’accueil.
Blaise Compaoré revenait pour participer le 8 juillet 2022 à une rencontre des anciens chefs de l’Etat burkinabè sur la situation nationale selon la présidence du Faso.
Condamné par contumace à perpétuité dans le procès Thomas Sankara et faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international dans ce même dossier, plusieurs personnes ainsi que des ONG de défense des droits humains et des acteurs de la justice se sont indignés. Pour ceux-ci, c’est une prime à l’impunité que de laisser Blaise Compaoré revenir au pays dans un tel contexte.
S’exprimant le mardi 23 août 2022 à la télévision nationale, le premier ministre Albert Ouédraogo a expliqué que la veuve de Thomas Sankara, a été approchée dans les démarches pour le retour de Blaise Compaoré. Selon Albert Ouédraogo, actuel premier ministre du Burkina Faso, il y a eu des préalables qui ont favorisé cette venue qui entre dans le cadre du processus de la réconciliation nationale. Outre la veuve Mariam Sankara, le Conseil supérieur de la magistrature a aussi été mis au parfum de ce retour.
«Avant que le président Blaise Compaoré ne vienne, il y a eu des démarches préalables qui ont été faites. C’est ce que beaucoup de gens ne savent pas. Nous avons approché la famille de Thomas Sankara notamment, Mariam Sankara, pour l’informer de cette situation, ce que nous comptons faire. Nous avons approché également le Conseil supérieur de la magistrature pour l’informer de la démarche que nous sommes en train de mener et rassurer que nous ne sommes pas dans une logique de tordre le cou à la justice, de consacrer l’impunité », a informé le chef du gouvernement.
Le chef du gouvernement burkinabè de la Transition a aussi justifié la démarche de son équipe : « Notre démarche ne s’inscrit pas dans une logique de retour de Blaise Compaoré. Il ne s’agissait pas de le faire revenir de façon définitive. C’était de montrer que les anciens dirigeants et les dirigeants actuels peuvent faire l’union sacrée pour montrer aux FDS que tout le monde est derrière elles ». Cependant, le premier ministre n ‘a pas expliqué l’avis des personnes physiques et morales contactées.
Depuis la déclaration du premier ministre Albert Ouédraogo, le mardi soir, la veuve Sankara et le Conseil supérieur de la magistrature n’ont pas réagi.
Mariam Sankara s’était indignée du retour de Blaise Compaoré en juillet dernier. Elle a dénoncé ce qu’elle a qualifié d’« impunité ». Elle trouve que l’acte posé vise à tordre le cou à la justice. « C’est quand même faire fi de la justice burkinabè et des sentiments des familles des victimes…En faisant ce geste il a favorisé l’impunité. Blaise doit exécuter la décision de justice. Il doit passer par la prison », avait-elle dit. Et de poursuivre : « Il a été condamné, et bon voilà qu’on le fait rentrer comme cela au Burkina Faso. Ça dépasse tout entendement ».