Le mardi 28 janvier 2020, l’ex-ministre des affaires étrangères sous le Président Blaise Compaoré, Djibril Bassolé a été évacué à Paris en France, pour des soins. Depuis lors, soit deux ans après, il n’a pas remis les pieds dans son pays le Burkina Faso où il est condamné par la justice à 10 ans de prison. Depuis le dimanche 21 août 2022, les burkinabè ont pu voir le général Djibril Bassolé au Tchad avec un large sourire.
Sa santé n’était plus au beau-fixe. Une évacuation sanitaire s’avérait donc nécessaire pour sauver, celui-là même qui a été condamné dans le procès du putsch manqué de septembre 2015 à une peine d’emprisonnement ferme de 10 ans.
Pour que Djibril Bassolé, ancien ministre des affaires étrangères sous Blaise Compaoré soit évacué pour être soigné, il a fallu des réactions de certaines personnalités burkinabè,des partis politiques,des Organisations de la société civile (OSC) et bien des leaders d’opinion.
Dans une note adressée à l’ancien chef de l’État Roch Kaboré, sur, justement, la nécessité de permettre à Djibril Bassolé d’aller se faire soigner à l’extérieur, l’ex chef de l’opposition burkinabè, Zéphirin Diabré disait en ces termes : « Faisant suite à nos échanges sur la question, je viens à nouveau attirer votre haute attention sur la question de la santé du Général Djibril Bassolé, qui a émis le souhait d’être évacué à l’extérieur dans un établissement spécialisé dans le traitement des maux dont il souffre ».
Tahirou Barry, une tête bien connue dans la classe politique burkinabè avait aussi demandé à ce que l’on fasse « preuve de grande diligence et de promptitude », quant à la situation de l’ancien chef de la diplomatie burkinabè. Il déclarait : « Ayant eu des échos persistants sur la dégradation grave de son état de santé, j’ai pris une autorisation pour lui rendre visite, il y a quelques jours dans sa prison à la MACA, en tant qu’acteurs politiques d’une même patrie.
A sa vue, je me suis accroché à mes plus solides fibres masculines pour ne pas couler de larmes. Le général a certes commis des fautes mais pour des raisons humanitaires (…) Nos divergences politiques ne doivent pas triompher sur nos valeurs humanistes».
Sur sa page Facebook, Yasmine Aicha Bassolé, fille de Djibril Bassolé, écrivait : « Chaque jour compte. Sauvez mon père ! ». C’est ainsi que le 28 janvier 2020, en accord avec les autorités politiques du pays, le procureur militaire a autorisé son évacuation.
« Tout cela a été compliqué. Il a fallu depuis de très nombreux mois beaucoup de démarches», laissait entendre Me William Bourdon, l’un des avocats de monsieur Bassolé.
Une fois à Paris, le général Djibril Bassolé devrait se rendre à l’Ambassade du Burkina Faso de temps en temps pour se signaler. Selon certaines informations à Libreinfo.net, il avait trois mois pour revenir au Burkina Faso.
Cependant, ce délai pouvait être prolongé au cas où il en demande au procureur militaire et si celui-ci en accorde. Djibril Bassolé a t-il donc eu une autorisation de prolonger son séjour médical? Officiellement, on ne sait pas. Mais voilà plus de deux ans qu’il n’est plus revenu.
Première apparition publique de Djibril Bassolé au Tchad
Le 4 juillet 2022, Africa Intelligence révélait que depuis la France, Djibril Bassolé a renfilé son costume de diplomate et intervient dans plusieurs pays Ouest-Africains, dans le cadre d’une diplomatie qui pourrait les aider, dans la lutte contre le terrorisme ou le dialogue avec certains groupes rebelles.
Le 21 août 2022, le fondateur du parti politique la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA), Djibril Bassolé, fait sa première apparition publique au Tchad, auprès du Mauritanien Moustapha Chafi, par ailleurs ex-conseiller de l’ancien Président Blaise Compaoré. L’ancien ministre Bassolé fait donc partie de l’équipe de facilitation du Qatar pour le dialogue au Tchad. Un dialogue national inclusif et souverain qui vise à convaincre le président des Transformateurs à prendre part à ces assises.
Pourtant, en juillet 2022, le Mouvement burkinabè des Droits de l’homme et des peuples (MBDHP) disait apprendre que l’autorisation de sortie du territoire national accordée à l’ex ministre Bassolé, pour des soins de santé est expirée. Que va faire maintenant la justice militaire quand on sait que l’intéressé a été condamné à 10 ans de prison ferme ?
C’est la deuxième fois que cette justice militaire est mise à l’épreuve après l’arrivée de Blaise Compaoré le 8 juillet à Ouagadougou sans être inquiété, alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il est même condamné à perpétuité dans le dossier Thomas Sankara.