La carrière de sable de Borodougou est située à quelques 7 km de Bobo-Dioulasso, sur la route nationale n°1. Plusieurs dizaines de camions-bennes y défilent par jour. Venus pour la plupart de Bobo-Dioulasso, ces derniers viennent charger du sable et de la terre pour les chantiers de construction. Pour mieux comprendre le processus d’approvisionnement, nous sommes allés à la rencontre des acteurs sur ledit site à Borodougou, le mercredi 10 août 2022.
Borodougou est un village rattaché à l’arrondissement 4 de la commune de Bobo-Dioulasso. Il dispose d’une carrière d’exploitation de sable de construction de bâtiment et de terre qui s’étend sur plusieurs hectares. Situé à 7 kilomètres environ de Bobo-Dioulasso, cette carrière est la principale source d’approvisionnement des camions-bennes transportant du sable ou de la terre que nous croisons dans la ville de Bobo-Dioulasso. Après quelques minutes de trajet sur la RN1, il nous faut continuer sur une voie non bitumée, difficilement praticable, sur 3 kilomètres, avant d’arriver à destination.
Nous découvrirons plus tard que c’est l’une des nombreuses voies d’accès au site. C’est dans une carrière à ciel ouvert que nous mettons pieds. De notre position, un ballet de camions-bennes nous est donné de voir. Des hommes armés de pelles et de pioches, s’attèlent à faire le plein en sable de ces engins. Ils sont aidés dans cette tâche par des pelleteuses. C’est en ce moment que nous rencontrons Herman Sanou, notre guide du jour qui est lui aussi exploitant de la carrière et par ailleurs propriétaire terrien. «C’était nos champs ici avant que ça ne devienne une carrière. Donc nous sommes des propriétaires terriens, mais également nous avons des parties que nous exploitons», affirme-t-il. Il nous fait visiter les lieux et nous conduit par la même occasion sur sa superficie d’intervention.
A cause des multiples exploitations sur le site, c’est tout le relief qui a totalement été redessiné. Exploitation qui d’ailleurs ne se fait pas sans danger. «Il y a eu plusieurs décès ici du fait des éboulements», nous chuchote Hermann Sanou. Pourtant cela ne semble point décourager les exploitants des lieux, qui ne font que de creuser le sol. Au point de se demander ce qui adviendra de cet endroit quand il n’y aura plus de sable tant prisé pour la construction à exploiter. Cette falaise n’est-elle pas en voie de disparition ? Ceci semble bien être une question rhétorique, au regard du constat sur le terrain.
Il faut débourser au moins 14.000 F CFA pour une benne de sable
Durant notre balade avec notre guide Herman Sanou, il nous confit que «pour qu’une benne soit chargée, il faut au minimum 14.000f CFA. Soit 7000 F CFA pour le prix du sable et cela en fonction du gabarit de la benne, 5.000 F CFA pour les ‘’remplisseurs de bennes’’, cela aussi en fonction de la capacité de la benne et pour finir, 2.000 F CFA comme taxe d’exploitation aux propriétaires terriens», précise-t-il. En ce qui concerne le nombre de bennes que le site peut accueillir par jour, il dit l’ignorer. Mais une chose est sure, le nombre est élevé, selon ses explications.
En poursuivant notre visite, nous apercevons des points d’eau à quelques endroits de la carrière. Vraisemblablement, des restes d’eaux de pluie. Mais la superficie qu’elles occupent est non négligeable. Ces eaux regorgent même de caïmans, nous dit notre guide. Grand fut notre étonnement face à cette affirmation. Automatiquement notre curiosité nous pousse à demander d’où ils viennent et s’ils sont sacrés. Notre guide du jour n’en sait rien. Il sait juste qu’ils sont protégés par les agents des eaux et foret. Nous n’aurons pas l’occasion de les voir avant la fin de notre visite et cela s’explique par l’affluence des hommes et le bruit des moteurs sur le site. Car selon Hermann Sanou, il est difficile de les voir dans la journée surtout s’il y a trop de bruit.
La carrière de sable de Borodougou, un site touristique
Au-delà de l’exploitation qui se fait à la carrière de sable de Borodougou, ce lieu est également devenu un site touristique, nous confie Hermann Sanou. En groupe ou individuellement, il arrive que des populations, par curiosité y fassent un tour. Nous sommes justement tombés sur un groupe d’adolescents venus visiter le site en question. Après le tour d’une partie des lieux et à l’issue de quelques séances photos souvenirs, ces derniers ont rebroussé chemin. Demain encore cette carrière accueillera d’autres curieux, des camions continueront de venir se ravitailler en sable. Pendant que lentement, cette falaise est en train de disparaitre.