Ce que nombre de Maliens et observateurs redoutaient a fini par s’imposer par la force des choses. Le bilan de l’attaque qui a visé un camp des FAMa à Tessit, le dimanche 7 août dernier s’est alourdit et fait froid dans le dos.
Trois jours après cet assaut meurtrier de terroristes, le nouveau bilan fait état de quarante-deux (42) soldats tués contre un précédent décompte de dix-sept (17) soldats et quatre (4) civils tués. Ce nouveau décompte est issu d’un document officiel listant nominativement les militaires décédés, authentifié mercredi 10 août par plusieurs sources sécuritaires du côté de Bamako. De mémoire d’hommes, c’est le plus lourd tribut payé par l’armée malienne depuis les attaques en série de fin de l’année 2019 début 2020 menées par le groupe Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) contre les positions des FAMa dans la région des trois frontières. Un deuil national de 3 jours à compter de ce jeudi 11 août a été décrété.
Pour l’heure, les circonstances de l’attaque restent imprécises, mais de nombreuses sources indiquent que les soldats auraient été pris de court par les assaillants qui ont vite pris le contrôle du camp avant de s’attaquer à tout ce qui se dressait devant eux. Du matériel aurait été emporté après l’assaut. Selon les autorités militaires, il n’y a pas de doute. Les moyens utilisés (drones et artillerie …) lors de cette incursion montrent que les assaillants ont bénéficié d’un appui d’une puissance étrangère. En clair, Bamako accuse une force étrangère d’être d’avoir apporté un soutien logistique aux bourreaux des 42 soldats et civils. Les regards sont certes tournés vers l’EIGS dont 37 combattants ont été neutralisés dans cette attaque, mais l’identité de ses soutiens reste à déterminer. Et pour l’instant, aucun nom n’a été avancé, et on ignore vers qui sera orienté le doigt accusateur des autorités maliennes.
En attendant donc, d’en savoir, c’est un pays de nouveau endeuillé qui pleure ses morts et panse ses plaies. Cette attaque qui est intervenue deux jours avant la réception par l’armée de nouveaux équipements (cinq avions de chasse et un hélicoptère de combat) est un signal fort donné par les groupes armés terroristes aux maîtres de Bamako. Comme ses voisins du Burkina Faso et du Niger qui subissent les assauts répétés de combattants terroristes, la lutte sera longue et douloureuse. Les moyens dont disposent les groupes terroristes qui écument la bande sahélo-saharienne suscitent par moments des suspicions légitimes, mais le plus urgent reste la libération et la sécurisation des zones placées sous coupe réglée par djihadiste depuis plusieurs années. C’est cela même qui avait servi d’argument pour renverser le régime d’IBK jugé incapable face à la menace.