Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Putsch du 4 août 1983 : Comment Sankara arriva au pouvoir

Publié le jeudi 4 aout 2022  |  Netafrique.net
Procès
© Autre presse par DR
Procès Thomas Sankara: la reprise prévue pour le mardi 22 mars 2022
Comment


Le 4 août 1983, 4 août 2022: cela fait exactement 39 ans que le capitaine Thomas Sankara accédait au pouvoir à la suite suite d’un coup d’état qui allait bouleverser politiquement la Haute-Volta qui deviendra un an plus tard le Burkina Faso.

17 mai : Le Premier Ministre Sankara emprisonné
19 mai : Compaoré organise la résistance et crée la République de Pô
30 mai : Sankara et Lingani sont libérés
15 juin : Compaoré quitte Pô pour Ouagadougou afin d’assister à une réunion de réconciliation avec Président Ouédraogo
1er juillet : Appelle à un patriotisme révolutionnaire
4 août 1983 : 5ème coup d’état et Sankara prend le pouvoir
Pendant cette période, Compaoré fit la connaissance de Mouammar Kadhafi lors du symposium sur le Livre vert révolutionnaire, à Tripoli. Kadhafi le présenta à un autre révolutionnaire : Jerry Rawlings alors à la tête du Ghana. Puis, plus tard Compaoré présenta Sankara à ce dernier en tant que prochain chef d’État, s’ils venaient à accéder au pouvoir un jour.
Dans la nuit du 17 mai 1983, des chars d’assaut encerclèrent la maison du premier ministre à Ouagadougou, et Sankara fut emprisonné .

Au même moment, Compaoré se trouvait à Bobo Dioulasso. Lorsque les hommes du Président Ouédraogo débarquèrent à deux reprises – à 2 heures et à 4 heures du matin – à son domicile pour l’arrêter lui aussi, il était déjà en route pour rejoindre le Centre National d’Entraînement Commando (CNEC) à Pô, où 500 hommes étaient sous ses ordres (105). Compaoré envoya une lettre au Président Ouédraogo pour lui signifier qu’étant donné que la Charte du CSP n’autorise pas le président à emprisonner son premier ministre, la rupture est consommée (106).

Compaoré, chef de la Résistance
Il fit ériger un panneau à l’entrée de la ville annonçant : « République de Pô ». Un bon nombre d’étudiants de l’Université de Ouagadougou rejoignirent Pô, qui devint le lieu de prédilection et festif des jeunes révolutionnaires .

Compaoré demanda le soutien de Rawlings. Dans un courrier qu’il lui adressa le 22 mai 1983, il lui annonça que s’il refusait de lui accorder son soutien, le Ghana devrait alors affronter seul le Togo et la Côte d’Ivoire, ses états voisins réactionnaires, ce qui provoquerait, à terme, une fin certaine de la révolution au Ghana. Compaoré put dès lors compter sur le soutien de la Libye et du Ghana pour fournir Pô en armes (108).

Un duel opposa Ouagadougou et Pô entre mai et août 1983. Compaoré obtenu la libération du Capitaine Thomas Sankara et d’un autre compagnon progressiste le Commandant Jean-Baptiste Lingani le 30 mai 1983 ; en outre, le chef d’État-major des Armées le colonel Yorian Gabriel Somé fut remplacé par le colonel Yaoua Marcel Tamini.

blaise compaore- revolution -po
Le capitaine Blaise Compaoré porté en triomphe, Pô, le 15 septembre 1983
Le 15 juin, Capitaine Compaoré quitta Pô pour Ouagadougou dans le but de participer à une réunion de réconciliation avec le Président Ouédraogo. Mais ayant été prévenu qu’un attentat se tramait contre lui dans la capitale, il retourna à Pô, puis repartit pour Ouagadougou, accompagné cette fois-ci par 50 hommes (110). Alors qu’il participait aux discussions de réconciliation, il distribua des tracts révolutionnaires parmi les officiers et les délégués militaires ; de nos jours, nous dirions qu’ils récoltèrent un grand nombre de « Like ». Rawlings lui conseilla de renforcer Pô ce que fit Compaoré. Puis, le 1er juillet 1983, il distribua de nouveau des tracts appelant à un patriotisme révolutionnaire.

Le 4 août 1983, armé par Kadhafi par le biais du Ghana, et avec 50 camions réquisitionnés sur le chantier de la compagnie privée canadienne, Lavalin, située près de Pô, Compaoré entra à nouveau dans la demeure du président, mais cette fois-ci, dans le but d’emmener Jean-Baptiste Ouédraogo avec lui.

La prise du pouvoir
Il est 21 h 30, ce jeudi 4 août 1983, lorsque les premiers tirs d’armes automatiques crépitent à Ouagadougou, dont les rues, d’ordinaire animées à cette heure, se vident aussitôt. La Radio nationale voltaïque interrompt brusquement le cours normal de ses émissions pour faire place à la musique militaire, entrecoupée de communiqués. « Le Conseil national de la révolution assume désormais le pouvoir d’État en même temps qu’il met fin au régime fantoche du président Jean-Baptiste Ouédraogo. »

La voix est reconnaissable entre mille. Il s’agit du capitaine Thomas Sankara, 34 ans, encore Premier ministre quelques mois plus tôt, considéré comme l’un des officiers les plus charismatiques de l’armée voltaïque. Lorsqu’il prononce sa première allocution sur les ondes, les échanges de coups de feu se poursuivent dans la capitale, notamment dans le quartier de la Rotonde, près de la gendarmerie et du palais présidentiel. Il faudra attendre 3 heures du matin pour que les armes se taisent. On relève cinq morts et une quinzaine de blessés.

blaise compaore-president thomas sankaraLe médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo, qui avait lui-même pris le pouvoir par les armes le 7 novembre 1982, vient d’être renversé. Le « Conseil du salut du peuple » qu’il présidait est remplacé par un « Conseil national de la révolution ». Sankara, le nouveau maître de la Haute-Volta, alors considéré comme l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, instaure le couvre-feu et ordonne la fermeture de l’aéroport international de Ouagadougou ainsi que des frontières terrestres.

Le coup d’État du 4 août installe aux commandes un jeune officier à la gueule de crooner, un rien crâneur et ayant un sens inné de la formule et du spectacle. Très vite, Sankara impose dans son pays et alentour un style nouveau et détonnant, mélange de marxisme, de guévarisme, de panafricanisme et d’humanisme chrétien. De façon théâtrale, il prend bien souvent le contre-pied de la vieille garde africaine incarnée par l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Il refuse de « baisser l’échine », de tendre la main, sans doute persuadé que « la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit ». Il invite les siens à consommer « local », n’hésite pas à se transformer en VRP pour vanter les mérites des produits du cru. Il s’égare quelque peu en se faisant le héraut de tous les « damnés de la Terre », des prostituées aux Amérindiens. Puis il décide, un an jour pour jour après son accession au pouvoir, de changer le nom de son pays : la Haute-Volta néocoloniale devient le Burkina Faso, « le Pays des hommes intègres ».

Netafrique
Commentaires