Ses pieds ne sont pas valides, mais cela ne l’empêche pas d’être l’un des soudeurs reconnus de la ville de Fada. Mieux, il fît et est l’enseignant de personnes « valides » dans son domaine. Avec le courage, la force et l’abnégation, il arrive à fournir un travail de qualité à ses clients. Vivant avec un handicap depuis son enfance, TOMPOUDI Diadama Gabriel est un exemple de courage et de volonté et de réussite.
Vivant avec un handicap depuis l’enfance, son destin semblait tout tracé: un éternel assisté qui vivra de mendicité et de la générosité des autres. Mais chaque homme est maître de son destin. Monsieur TOMPOUDI décide de prendre son destin en main. A plusieurs reprises, il voit son rêve d’être éduqué, d’apprendre à lire et à écrire se briser à plusieurs reprises. Il était refusé et chassé de l’école sans être entendu, parce qu’ »une personne vivant avec un handicap n’a de place que dans la rue en train de mendier », pensait ainsi son entourage, nous a-t-il confié. Mais il n’abandonne pas. C’est finalement à 16 ans, qu’il fût enfin accepté en classe de CP1 où il passe son cursus avec ses jeunes frères de 7 ans. Parvenue au collège, il retourne auprès de son père pour la forge et décide de perfectionner le métier. Ainsi débute sa formation pour le métier de la soudure.
Forgeron de castre, Monsieur TOMPOUDI n’a pas voulu se contenter de reproduire ce que son père faisait. Il s’est fait former pour moderniser le métier. De forgeron, il est devenu soudeur. Et aujourd’hui porte la casquette de soudeur professionnel et est le promoteur du Centre de Production et d’Apprentissage de Métier (CPAM) basé à Fada. Ce centre est une école de soudure spécialisé dans la formation et la fabrication de matériel agricole, de construction, etc. Il emploie et forme au moins cinq jeunes actuellement. Une formation qui malgré son handicap, est très suivie par ses stagiaires.
Pour monsieur TOMPOUDI, ne pas avoir des pieds valide ne constitue pas un frein à son épanouissement au sein de son travail. Bien que la soudure soit un métier de « force », il arrive à adapter son état à sa façon de travailler. « Je remercie Dieu d’avoir fait de moi une personne vivant avec un handicapé, car c’est ça qui me motive à aller de l’avant ».
Aujourd’hui monsieur TOMPUDI est fier de voir ses efforts reconnus et récompensés par l’état. En effet, en raison du combat qu’il mène aux côtés de la jeunesse, il a été décoré par l’Etat. Il se réjouit de savoir que même vivant avec un handicap, il est le formateur de plus de la moitié des soudeurs de la ville de Fada installé à leur propre compte. Et pour la petite histoire, il se rappelle encore que le jour de la célébration de sa décoration par il l’Etat, ses élèves et anciens élèves se sont rassemblés pour lui offrir un bœuf. Cette marque de reconnaissance est une histoire qui le touche et qui le pousse à toujours avancer dans ce qu’il fait. Sa plus grande fierté est de voir sa clientèle satisfaite de la qualité du travail qu’il fournit ; « je suis tellement content de voir mes clients satisfaits de la commande qu’il me confie quand je leur rends le travail ». Mais pour parvenir à ce résultat, il a traversé des périodes de turbulences.
Comme toute activité, le CPAM rencontre des difficultés. Si pour lui, les autres difficultés sont surmontables, celui financier se pose tout temps. « Je manque de financement et d’accompagnement » nous a-t-il confié. Il confie avoir beaucoup de difficultés pour se procurer des matériaux adaptés à son physique pour son métier. Une réalité qui ralentit son travail de temps à autre. Mais pour lui, toutes ces difficultés ne changent en rien à sa motivation, car il a pour perspectives dans un futur proche d’implanter des représentations de son centre de formation dans toute la région de l’Est. Sachant son âge bien avancé et n’ayant plus assez de forces ni d’énergies pour son combat, M. TOMPUDI dit préparer sa retraite à travers le recrutement de certains jeunes qu’il forme.
Une information confirmée par M. TOMPOUDI Boama Thiérry, l’actuel gérant du centre. Pour ce jeune que nous avons trouvé dans le centre « Le travail se passe très bien avec lui. Nous oublions parfois que Monsieur TOMPOUDI vit avec un handicap. Cela ne dérange pas l’apprentissage.», a-t-il confié.
Avant de le quitter, Monsieur TOMPOUDI a bien voulu nous prodiguer quelques conseils. Il invite la jeune génération à s’initier aux formations professionnelles. Il conseille de « ne pas se figer sur la bureaucratie ou les grandes études, car il est important d’avoir des bases en éducation, mais dans l’entrepreneuriat, on peut aussi s’en sortir et gérer pleinement sa vie. » Pour lui, pour réussir dans la vie, il faut « avoir l’initiative et des perspectives de développement, et être vigoureux et visionnaire dans le travail ».