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Burkina Faso : quand des étudiants concilient études et métiers

Publié le samedi 23 juillet 2022  |  libre info
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Au Burkina Faso, les étudiants concilient de plus en plus études et métiers. A Ouagadougou, grâce à certaines activités qu’ils exercent, beaucoup d’étudiants arrivent à subvenir à leurs besoins.

Les difficultés de la vie estudiantine poussent bien nombre d’étudiants à abandonner les études. D’autres par contre développent des initiatives qui leur permettent d’affronter les réalités de la vie.

Venue de la Côte d’Ivoire après son baccalauréat, en 2017, Nafissatou Zongo ouvre son salon de coiffure en avril 2022, dans le quartier Karpala de Ouagadougou. Le retard à l’université dû au système Licence-Master-Doctorat (LMD) et le nombre de chômeurs qui s’accroît au fil des ans ainsi que les difficultés financières ont poussé l’étudiante à entreprendre.

« J’arrive à économiser plus de 10000 francs CFA la semaine»
Lorsque nous rentrons dans le salon de Nafissatou, l’étudiante en deuxième année de droit à l’université Thomas Sankara, nous la trouvons en train d’étudier parce qu’elle avait un devoir le lendemain. Elle veut entreprendre et elle veut aussi un diplôme universitaire. La jeune dame a trouvé un moyen pour concilier les études et son activité.

« La vie n’a pas été facile pour moi quand je suis arrivé à Ouagadougou. J’ai validé ma première année sans difficulté. A ma deuxième année, je suis tombé malade. Jusqu’aujourd’hui, je souffre encore de cette maladie. Je n’avais plus d’argent pour me soigner. Je ne voulais plus fatiguer mes parents. Comme je savais un peu tresser j’ai décidé d’aller travailler avec des gens qui ont déjà un salon», explique la jeune entrepreneure.

Pour un début, la coiffeuse s’en sort bien. Car elle arrive à économiser plus de 10000 francs la semaine et à payer le loyer de son local.

Elle confie que sa ration quotidienne et celle de ses trois frères et sœurs sont assurés grâce au gain du salon.

Difficile d’aller aux cours la journée. « Je ne vais plus au cours. Les soirs, je vais chez des amis pour qu’ils m’expliquent les cours de la journée. Mais lorsqu’il y a des travaux dirigés, je vais les suivre pour mieux comprendre», a fait savoir l’étudiante.

«Un jour je n’avais rien sur moi comme argent»
Après Nafissatou Zongo, nous rencontrons Souleymane Konfé. Il est en année de licence en histoire à l’université Pr Joseph Ki Zerbo. L’étudiant a commencé la peinture depuis sa première année à l’université.

« Après le baccalauréat, j’ai passé pratiquement une année à la maison avant de commencer les cours. Un jour, je n’avais rien sur moi comme argent. J’ai vu un peintre qui cherchait quelqu’un pour l’aider à faire des travaux sur un chantier, donc je me suis proposé et nous sommes allés. Le soir, il m’a donné 2000 francs CFA. Le lendemain je suis allé encore il m’a donné de l’argent. J’ai finalement décidé de travailler avec lui vu que je ne faisais rien», relate Souleymane.

Le peintre étudiant gagne sa vie aujourd’hui grâce à son activité. Aussi, il arrive même à envoyer de l’argent à ses parents au village. Il arrive à épargner au moins 20 à 30 mille francs le mois.

Lorsque les cours sont programmés dans l’après-midi, Souleymane fait son possible pour pouvoir y assister. Mais lorsque c’est les matins, il n’y va pas. Il fait des photocopies et bosse les soirs avec des amis.

«J’ai vendu du sable, du citron et beaucoup d’autres choses pour aider ma mère à payer mes études»
Rasmané Belem est un étudiant, il a commencé à aider un monsieur à laver les motos et les voitures. Après quelque temps, sur conseils des aînés, il décide d’apprendre un métier. «J’ai perdu mon père très tôt, c’est ma mère qui faisait tout. Je voyais sa souffrance et je sais qu’elle ne pouvait plus m’aider pour mes études supérieures. J’ai une connaissance qui est un électricien et j’ai constaté que c’est un bon métier donc j’ai décidé d’apprendre avec lui», a fait savoir a Rasmané Belem.

Il dit s’être inscrit dans une école de formation, en cours du soir, pour avoir les diplômes et les connaissances nécessaires dans le domaine de l’électricité. Il travaille jour et nuit pour pouvoir payer sa scolarité.

«Le matin je vais travailler avec ma connaissance. Les dimanches j’aide un ami à laver les véhicules et les motos. Le soir il peut me donner 2000 ou 3000 francs cela dépend du marché. Depuis tout petit, j’ai appris à travailler dur. Je n’ai plus peur des difficultés. Au contraire, elles me rendent fort. J’ai vendu du sable, du citron et beaucoup d’autres choses pour aider ma mère à payer mes études», a laissé entendre notre interlocuteur.

Nombreux sont ces étudiants qui ne croient plus au miracle dans les concours de la fonction publique. Ils sont obligés de se trouver de métiers, question d’assurer leur pitance quotidienne.
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