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Tabaski 2022 sur fond de vie chère au burkina: Une Fête Du Mouton Sans Mouton Pour Le Pauvre

Publié le vendredi 8 juillet 2022  |  Le Pays
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© aOuaga.com par AO
Fête de Tabaski : un tour sur le marché du mouton de ouaga inter
Dimanche 19 Août 2018. Ouagadougou. un tour sur le marché du mouton de ouaga inter
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Demain, 9 juillet 2022, les musulmans du monde entier célèbrent la fête de la Tabaski communément appelée fête du mouton. Une fête qui réunit annuellement la communauté musulmane dans la ferveur religieuse et la dévotion au Dieu Créateur. Ce, en mémoire du geste d’Abraham qui, pour montrer sa foi et sa soumission totale au Tout-Puissant, a consenti d’aller jusqu’au sacrifice de son fils unique, Ismaël. L’enfant sera toutefois épargné par la miséricorde divine qui lui substituera un mouton pour le sacrifice. Depuis lors, les fidèles musulmans répètent ce geste de génération en génération, en signe de foi, à l’occasion de cette fête religieuse qui est aussi une occasion de partage. C’est à ce rituel que s’apprêtent à se soumettre les fidèles musulmans du Burkina, qui ne marchanderont pas, comme d’habitude, leur présence sur les différents lieux de prière, en communion avec leurs frères d’autres confessions religieuses régulièrement présents sur place pour leur témoigner leur solidarité. Mais à la veille de cette fête, ce n’est pas la grande ferveur au Burkina. Et pour cause.

C’est à se demander si les Burkinabè ont vraiment l’esprit à la fête



Le pays traverse l’une des périodes les plus difficiles de son existence, sur fond d’insécurité, de vie chère et de morosité économique. En effet, à la recrudescence des attaques terroristes, qui voit s’allonger chaque jour un peu plus la liste des victimes des forces du mal, vient s’ajouter une inflation jamais égalée des prix des produits de grande consommation sur le marché. Ainsi, de la farine de blé à l’huile alimentaire en passant par le lait, le riz, le sucre, tout a augmenté et de façon exponentielle au Burkina. Même l’Etat y est allé de son augmentation sur les prix des hydrocarbures avec tout ce que cela peut avoir comme effets pervers sur des secteurs d’activités comme le transport, la production industrielle pour ne citer que ceux-là. Et quand ce ne sont pas les effets induits de la crise sanitaire du Covid-19, c’est la guerre en Ukraine et le terrorisme qui justifient le contexte particulièrement difficile dans lequel vivent les Burkinabè aujourd’hui. Le tout, dans un environnement où les salaires de bien des travailleurs n’ont pas connu d’augmentation, s’ils ne sont pas en passe d’être hypothéqués par les difficultés de toutes ces entreprises qui ont de plus en plus de mal à joindre les bouts dans ce contexte de conjoncture économique généralisée. C’est à se demander si les Burkinabè ont vraiment l’esprit à la fête même s’ils font preuve d’une résilience à nulle autre pareille devant une telle adversité. Et même s’ils sont connus pour avoir appris à faire avec les moyens du bord, tout porte à croire qu’entre les produits de première nécessité comme l’huile, les céréales, les légumes, pour faire bouillir la marmite, et le sucre pour donner du goût au zoom koom, au bissap, au gnamakoudji et autres boissons locales, il n’y aura pas de marge dans la bourse du pauvre, pour s’offrir le mouton du sacrifice.



Ce n’est pas tout le monde qui pourra s’offrir cette bête



Car, le produit est devenu insuffisant sur le marché, principalement en raison de la situation sécuritaire qui rend les moutons pratiquement introuvables dans les zones d’approvisionnement quand celles-ci ne sont pas tout simplement inaccessibles aux commerçants. Ainsi en va-t-il dans le Nord et l’Est du pays, connus pour être les plus grandes zones d’élevage et de marchés à bétail mais qui sont sous emprise des terroristes. La conséquence en est que les prix ont connu une hausse vertigineuse sur le marché. Une situation liée non seulement à la loi de l’offre et de la demande, mais aussi au renchérissement des prix des aliments pour bétail dont le sac est passé de 11 000 à 15000 FCFA, à en croire certains acteurs du milieu. En raison de tous ces facteurs et de bien d’autres, le prix du mouton qui varie d’un marché à un autre, oscille entre 65 000 FCFA et 90 000 FCFA pour les plus abordables, pour culminer à 450 000 voire 600 000 FCFA pour les plus chers. Des prix qui ne sont pas à la portée de la bourse du Burkinabè moyen. C’est dire s’il y a de fortes chances que cette fête du mouton se passe sans mouton dans le plat du pauvre. Car, ce n’est pas tout le monde qui pourra s’offrir cette bête. Mais cela ne saurait empêcher la fête. En effet, au-delà de la symbolique du sacrifice de l’ovin, il y a longtemps que de nombreux Burkinabè ont trouvé aux gallinacés et autres animaux marins importés et autrement plus abordables, des palliatifs pour garnir la marmite et agrémenter la fête dans un esprit de partage qui demeure aussi l’un des fondements de cette fête de l’Aid el Kébir. Pour d’autres, la solution sera de prétexter des sorties en famille pour éviter le ballet incessant des visiteurs à la maison que l’on n’est pas sûr de pouvoir satisfaire. En tout état de cause, en ces moments difficiles pour toute la Nation, il faudra aussi savoir faire preuve de solidarité envers les déplacés internes. Car, il est sûr que la paix et la sécurité seront au cœur des prières des Burkinabè.
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