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Retour de Blaise Compaoré : « Il peut se poser un conflit entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire », Simon Pierre Douamba du CGD

Publié le vendredi 8 juillet 2022  |  Sidwaya
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Simon Pierre Douamba est le chargé du suivi et évaluation au Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Dans les lignes qui suivent, il décrypte les enjeux du prochain retour de l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré. Cette interview a été accordée avant que le gouvernement n’annonce officiellement le retour de l’ancien président.

Sidwaya (S) : D’aucuns soutiennent que le président du Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba, serait à la manœuvre pour le retour de Blaise Compaoré …

S. P. D. : Nous pensons que cela peut sembler être en ligne de compte avec les derniers évènements qui sont intervenus, telle la rencontre des anciens présidents Jean-Baptiste Ouédraogo et Roch Marc Christian Kaboré. Aussi ce processus, semblait-il, avait déjà été lancé sous le régime Kaboré, dans la dynamique de la réconciliation nationale.

S : L’ancien chef de l’Etat a été condamné à la perpétuité lors du procès Thomas Sankara et de ses douze compagnons. Ne craint-il pas d’être interpelé lorsqu’il mettra le pied sur le sol burkinabè ?

S. P. D. : C’est là que se trouve toute la complexité de la question. Nous sommes tous informés de la condamnation de Blaise Compaoré dans le procès Thomas Sankara. S’il est reçu par le Président du Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, il peut se poser un conflit entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Toutefois, il est de l’intérêt de l’exécutif de communiquer et donner un contenu sur cette supposée audience accordée à l’ancien président Blaise Compaoré.

S : Certains affirment que le retour de Blaise Compaoré pourra amener une relative accalmie sur le plan sécuritaire. Etes-vous d’avis ?

S. P. D. : Ce sont des opinions que nous respectons. Cependant, nous pensons que la situation sécuritaire que vit le Burkina Faso ne saurait trouver sa solution que dans une stratégie de sécurité inclusive, qui traite les causes profondes de l’insécurité. Dans le processus de la réconciliation et de l’unité des filles et des fils du Burkina pour lutter contre le terrorisme, des mécanismes pourraient être mis en place pour recueillir des contributions y compris celle de Blaise Compaoré.

S : Pensez-vous que l’arrivée de l’ancien chef d’Etat peut accélérer le chantier de la réconciliation nationale ?

S. P. D. : Il y a des pans de la réconciliation nationale, c’est-à-dire ce besoin de justice avant de passer à quoi que ce soit. Si le chemin n’est pas bien expliqué et tracé, certaines personnes sont en droit de penser qu’on veuille sacrifier la justice pour la réconciliation. Par ailleurs, nous disons que si la feuille de route est claire et qu’on a choisi qu’après la justice, il y ait d’autres mécanismes que le président veuille activer pour aller à la réconciliation, qu’il le fasse, mais en associant les citoyens. Il ne faudrait pas qu’on sente une gouvernance « par embuscade ». Pourquoi Blaise Compaoré rentre ? Quelle est la suite à l’issue de cette audience ? De ce fait, nous invitons le gouvernement à rendre son agenda un peu plus clair et que cela puisse permettre aux citoyens d’apporter leurs contributions à notre vivre-ensemble.

Propos recueillis par Karim BADOLO
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