Au Burkina Faso, précisément à Ouagadougou, les coûts de condiments connaissent une flambée importante. Que ce soit la tomate, l’oignon ou le choux, il faut beaucoup d’argent pour pouvoir se les acheter. Selon les jardiniers et les femmes vendeuses de ces produits, cela est dû à l’insécurité et au prix élevé des engrais. Une situation très complexe qui apporte un coup dur à la vie dans les ménages. libreinfo.net a rencontré plusieurs vendeuses et des maraîchers.
Par Nicolas Bazié
Désormais, pouvoir acheter beaucoup de condiments à moindre coût au marché et préparer de la sauce »djabadji’’ (sauce claire) devient compliqué. Les prix des condiments ont augmenté. Les maraîchers ont aussi sans doute décidé de suivre la tendance du moment. Cependant, qu’est-ce qui peut bien expliquer cette augmentation ?
Nous sommes au marché Katr-yaare au quartier Zone 1 dans l’arrondissement 10 de la commune de Ouagadougou. Sous un soleil de plomb, nous rencontrons une jeune dame du nom de Marietta Tiendrebeogo. Elle vend des oignons en gros et en détail. Nous décidons d’échanger avec elle, sur l’augmentation des prix des condiments. « La situation est très complexe », nous confie-t-elle, ajoutant que l’insécurité a fait que les prix des condiments ont grimpé.
Nous l’écoutons, nous expliquer ce qui se passe exactement. « Vous ne pouvez pas imaginer les conditions dans lesquelles nous partons chercher les condiments dans les villages », indique Marietta Tiendrebeogo.
L’insécurité, l’un des facteurs de la cherté des condiments
Selon elle, ce sont dans les zones à haut risque qu’elles se procurent les condiments pour revenir vendre à Ouagadougou. Ces zones sont Bourzanga, certains villages dans le Sourou, Kaya et Dédougou.
Les jardiniers de ces localités ont décidé de faire une augmentation. Pire, le coût du transport a aussi changé. Ce qui fait que « nous n’avons pas d’autres choix que d’augmenter les prix à notre niveau afin de supporter les coûts ». « Lorsque nous partons là-bas, nous mettons une semaine sur la route pour revenir à Ouagadougou. A cause de l’insécurité grandissante, nous avons arrêté d’aller vers ces zones », révèle la jeune dame.
Ces femmes se sont maintenant retournées vers Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays située à 365 km de Ouagadougou la capitale. Là aussi, le transport cause problème. Trouver désormais de la tomate ou de l’oignon relève du parcours de combattant pour ces femmes qui se battent au quotidien, pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Malheureusement, ceux qui font le jardinage à Ouagadougou ne peuvent pas répondre à la demande. En plus, le véritable problème c’est qu’on ne peut rien acheter dans la capitale, affirme Madame Tiendrebeogo. C’est pourquoi les conséquences sont palpables dans les marmites ou casseroles au niveau des ménages.
Des hangars vides au marché
À ‘’Vendredi raaga’’ (marché de vendredi) du quartier Karpala, c’est le même son de cloche : l’insécurité est l’agent causal de cette situation. « Nous prions Dieu pour que la paix revienne dans notre pays », souhaite Alimata Ilboudo qui vend presque tous les condiments. Elle déclare : « Si les choses continuent ainsi, nous aurons du mal à nous en sortir ».
En pleine discussion avec dame Alimata, un homme, la cinquantaine bien sonnée, nous interrompt. « Regardez très bien. Il y a des hangars vides. Toutes ces femmes ont dû abandonner la vente des condiments car ne pouvant plus supporter la situation », nous a-t-il fait observer. La faute est amputée au terrorisme qui fait fuir tout le monde, et qui semble atteindre son paroxysme.
«Le sac d’engrais de 50 Kg est cher»
Nous sommes allés chercher quelques réponses auprès d’un jardinier au barrage de Yamtenga, dans la commune rurale de Saaba. Dans l’anonymat, l’homme avoisinant la quarantaine d’années nous fait remarquer que le jardinage n’est pas aussi simple qu’on le pense.
Cet homme, pour arroser ses condiments, c’est une bouteille de gaz qu’il branche à la motopompe, question de pouvoir s’approvisionner en eau.
Dans nos échanges, il laisse entendre qu’il est obligé d’utiliser l’engrais au risque de ne rien récolter. «Le sac d’engrais de 50 kg est cher. Il coûte maintenant plus de 30 000F CFA. C’est ce qui fait qu’ il y a une cherté dans la vente des condiments», a-t-il confié.
Et de poursuivre : « À notre niveau ici, nous faisons face à une mévente. Nous avons peu de clients. Elles préfèrent aller hors de Ouagadougou pour acheter les condiments, sous prétexte que tout est cher dans la capitale. Mais ce n’est pas de notre faute aussi. Nous sommes obligés d’augmenter les prix pour pouvoir tenir le coût ».
Aline Bassolé est une femme au foyer depuis maintenant 30 ans. Elle nous fait comprendre que la cherté des condiments est telle, que pour faire une bonne sauce pour seulement deux personnes, il va falloir débourser une somme d’argent plus que d’habitude. Or, poursuit-elle, le pouvoir d’achat du citoyen burkinabè est très faible sinon dérisoire.