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Burkina Faso : des producteurs dénoncent le mécanisme de distribution des intrants agricoles à Imasgo

Publié le samedi 2 juillet 2022  |  Libre Info
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© Autre presse par DR
Un groupe de femmes semant de l`arachide dans un champ dans la commune de Imasgo
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A Imasgo, dans la province du Boulkiemdé, région du Centre-Ouest, des producteurs de semenciers estiment que le mécanisme actuel de distribution des intrants et équipements agricoles ne permet pas de toucher les producteurs vulnérables. Ils l’ont fait savoir lors d’une visite d’échanges le mardi 28 juin 2022.

Venus de plusieurs villages, des agriculteurs de la commune de Imasgo dans le Boulkiemdé, nous ont accueilli le 28 juin pour des échanges .Ils se sont prononcés sur les difficultés qu’ils rencontrent, notamment, la non disponibilité des intrants agricoles, qui serait due à l’inefficacité du mécanisme de distribution.

Il est environ 08h le 28 juin lorsque nous quittons la ville de Koudougou, pour nous rendre dans cette bourgade, située à environ 30 km, au Nord-Est de la ville.

Sur la voie rouge reliant Koudougou-Yako, le début de la saison hivernale se fait sentir. De part et d’autre de la voie, on pouvait apercevoir des gens en train de labourer à l’aide de bœufs. Nous avons fait escale à la mairie de Imasgo, après près d’une demi-heure de route, avec notre guide du jour.

Aux environs de 10h nous débarquons au village de Lounga, lieu de rencontre. Après les salutations d’usage, notre guide, Sylvain Yaméogo, animateur à la Confédération paysanne du Faso (CPF), introduit la rencontre, pour laisser la voie libre à des discussions à bâtons rompus, avec les agriculteurs et représentants de coopératives présents.

Sur la question de la disponibilité des semences et des intrants agricoles, certains agriculteurs ne cachent pas leur ras-le-bol. En effet, ils dénoncent l’insuffisance et l’arrivée tardive des semences améliorées, au profit des producteurs vulnérables. Pour certains, qui n’ont toujours pas reçu les semences, la cause viendrait de l’inefficacité du mécanisme de distribution.

Habillé en tenue traditionnelle, Benjamin Ouédraogo, président de la coopérative des producteurs de maïs, s’est prêté à notre à nos questions. « Si dans 14 jours nous n’avons pas les intrants, ce sera trop tard pour certaines spéculations », a-t-il déploré.

Face à cette situation, ces agriculteurs n’ont d’autres choix que de produire des variétés locales, souvent moins prometteuses avec la mauvaise pluviométrie. « Nous avons déjà semé certaines variétés locales, à défaut des semences améliorées », soutient le responsable des producteurs de maïs de Imasgo.

Malgré les efforts du gouvernement, le mécanisme de distribution des intrants semble inapproprié
Pour Gabriel Zongo, chargé à l’organisation à l’Union nationale des producteurs semenciers (UNPS-B) du Centre-Ouest, la distribution des intrants est confiée à des personnes qui ne sont pas capables d’identifier les personnes vulnérables.

« Ce qui nous écœure actuellement, c’est le fait que les semences subventionnées sont données aux commerçants des engrais pour la distribution. Pourtant, ces commerçants ne peuvent pas s’occuper de leurs marchandises et identifier les personnes vulnérables », a-t-il dit.

Le système sms a été mis en place par le gouvernement, pour permettre d’informer les agriculteurs de la disponibilité des intrants. Cependant, des agriculteurs se plaignent du fait que beaucoup des leurs n’ont pas de téléphone, pour recevoir des sms, et ceux qui en ont sont majoritairement illettrés.

« Je propose que les autorités suppriment ce système et attribuent la distribution des semences aux agents d’agriculture qui connaissent mieux les producteurs vulnérables », a proposé M. Zongo.

Un déficit criard des semences et d’engrais subventionnés
Un agent d’agriculture de la localité que nous avons joint au téléphone a affirmé que la priorité, dans la distribution des semences, est donnée aux personnes qui n’ont pas bénéficié des intrants les deux dernières années.

L’agent a ajouté que la convocation des producteurs pour recevoir les intrants se fait toujours par le système sms. « Comme la quantité n’est pas suffisante, on donne à ceux qui n’ont pas eu ces deux dernières années », explique l’agent, qui indique que la distribution des semences est toujours en cours, sans pouvoir nous dire la quantité de semences reçues par la commune.

Selon certains membres de l’UNPS-B de la localité, la commune de Imasgo aurait reçu 52 sacs de 50 kg de semences améliorées. Tenga Amidou Nana est président de l’association Reel-Wendé et vendeur d’engrais dans la commune. Assis sous un tamarinier à même le sol, il est venu représenter son association. Face à l’insuffisance des engrais subventionnés, il joue le rôle de facilitateur dans l’acquisition des intrants au profit des membres de son association.

Tenga Amidou Nana
Tenga Amidou Nana, président de l’association Reel-Wendé de Imasgo
« J’ai même discuté avant hier avec des agents d’agriculture. Ils disent ne pas avoir de nouvelles quant à la disponibilité des engrais », a fait savoir M. Nana, indiquant que, « nous avons dû négocier avec un grand commerçant de Koudougou pour nous approvisionner en engrais à un prix réduit de 22.500 FCFA le sac, compte tenu de la quantité élevée de notre demande ». « J’ai pu approvisionner 159 sacs au profit de notre association », a-t-il ajouté.

Sur le marché, l’engrais chimique non subventionné se négocie à 35.000 FCFA le sac, selon des témoignages recueillis sur place, alors que l’année dernière, le sac ne coûtait qu’environ 18 000 FCFA.

Aux environs de 11h, les échanges finies, nous rebroussons chemin pour regagner la capitale de la région du Centre-Ouest, Koudougou. A 17 km de la ville, au village de Godin précisément, nous tombons sur un groupe de femmes en train de semer de l’arachide dans un champ non labouré.

Par curiosité, nous descendons du véhicule pour échanger avec le propriétaire du champ du nom de Salif Nana, visiblement septuagénaire. Avec une pioche sur les épaules, il dit avoir sollicité des bonnes volontés pour l’aider à semer son champ.

« Le champ a une superficie de 1,5 hectare. Par manque de tracteur et de bœufs de labour, nous semons sans labourer pour ensuite utiliser les herbicides », a laissé entendre Salifou Nana, ajoutant que « si nous semons, au plus tard deux jours nous pulvérisons avant que les semences ne germent ».
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