Le coach Pascal Sawadogo et ses vingt-six joueuses sont arrivées à Rabat au Maroc le 29 juin 2022, avec un seul objectif, mieux défendre les couleurs nationales. Le Burkina Faso, après plusieurs tentatives, a réussi à se doter d’un premier ticket de participation à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Maroc 2022 qui se tient du 2 au 23 juillet 2022.
Le Burkina Faso participe pour la première fois à la Coupe d’Afrique des Nations féminine. Après plus d’une dizaine d’années de tentatives, les étalons dames ont arraché finalement le ticket de qualification pour la CAN féminine Maroc 2022 qui se joue du 2 au 23 juillet entre 8 pays.
Le pays des hommes intègres est logé dans la poule A, composée du pays hôte, le Maroc, du Sénégal et de l’Ouganda. Selon le chronogramme, le Burkina Faso affrontera le Maroc en match d’ouverture le 2 juillet 2022 à 20h 30 GMT, au stade complexe Prince Moulay-Abdallah de Rabat.
« L’ambiance est bonne et notre objectif, c’est de convaincre tous les Burkinabè, que les filles peuvent jouer au ballon », a fait savoir Pascal Sawadogo, ajoutant que pour cela, il faut sortir « premier de notre poule ». Toutefois il dit avoir l’espoir que ça ira. « On a l’espoir que ça va aller».
Un espoir qui semble animer toute l’équipe. Charlotte Millogo, Policière de fonction et Capitaine des étalons dames rassure à travers ce message: « Si nous nous concentrons, nous pouvons faire une bonne présentation ».
Pour elle, le vin de la compétition est déjà tiré, il faut donc le consommer avec ardeur. Elle tente de convaincre le peuple burkinabè en ces termes: « il serait question pour mes camarades et moi de réaliser une victoire ou à défaut un nul, pour ce premier match ».
La jeune dame a également indiqué que l’équipe est à une autre étape de la compétition, donc tout ce qui s’est passé à Ouagadougou est derrière elles. Mme Millogo prête allusion aux propositions de primes faites par le ministère des Sports qu’elles ont jugées indécentes.
Le ping-pong autour des primes des étalons dames
Il faut dire qu’à une semaine du départ pour le Maroc, les étalons dames ignoraient toujours le plat que le ministère des Sports allait leur servir. Il a fallu la sortie médiatique de plusieurs acteurs du domaines, suite aux plaintes des jeunes dames pour que le ministère se décide.
Le 24 juin 2022, le Directeur Général des Sports, Alexandre Yougbaré avait rassuré à l’émission SportBox de la RTB, que les primes des étalons dames allaient être payées demain, et qu’elles auront une prime de sélection, une prime de regroupement et une prime de qualification.
Chose promise, chose due, comme on aime à le dire. Le 25 juin 2022, le ministère des Sports a proposé une somme de 600 000 FCFA à chaque joueuse burkinabè. Cette somme se compose de 300 000 FCFA comme prime de qualification, 200 000 FCFA pour la prime d’un mois de regroupement et 200 000 FCFA pour la prime de sélection pour la CAN.
Les étalons dames, à l’unanimité, avaient rejeté la proposition du ministère et avaient exigé 2 millions de FCFA comme prime de sélection, 400 000 FCFA pour le mois de regroupement et 500 000 FCFA pour la prime de sélection.
Les tractations entre les filles et le ministère ont abouti à une majoration de 500 000 FCFA, pour une sortie de crise. C’est désormais la somme de 1 100 000 FCFA qui sera servie à chaque joueuse burkinabè. Acceptées malgré elles, d’ailleurs après plusieurs concertations, Juliette Nana et ses camarades ont lâché prise pour se concentrer sur l’aspect sportif avec la bénédiction du staff technique.
Un autre regard sur la participation du Burkina Faso à la CAN
Le journaliste sportif, Adama Salamberé de l’Agence d’information du Burkina (AIB) donne son avis sur la qualification des étalons dames et leur chance dans cette compétition. Pour l’expert du sport, la qualification des étalons dames est une bonne chose pour le football burkinabè. Selon lui, c’est le travail acharné de la fédération burkinabè de football qui a abouti à cette qualification.
« Depuis des années, la fédération n’a pas cessé d’organiser des championnats nationaux de football féminin, le championnat senior de première division, qui ont vraiment contribué à rehausser le niveau du football féminin», indique M. Salambéré.
Il a également souligné l’entrée tardive du Burkina Faso à cette compétition internationale. De son avis, c’est au tour des années 2006-2007 que le Burkina Faso a créé une équipe nationale féminine de football conforme aux règles de la CAF.
M. Salambéré s’est aussi prononcé sur les primes des étalons dames. Il pense que c’est tout à fait justifiée pour la part des filles de réclamer leurs primes. « Pour une première qualification, historique, elles méritent mieux que 600 000 FCFA. Pour pouvoir se qualifier, il faut se battre et éliminer des nations. C’est vrai que l’on dit que comparaison n’est pas raison, mais c’est par rapport aux primes de certains pays voisins que cela est arrivé », a déploré le journaliste.
Néanmoins, Adama Salambéré reste convaincu que cela n’affectera pas la qualité de la prestation des filles. « D’abord, c’est un privilège pour elles de jouer à une phase finale pour leur pays pour la première fois. C’est également l’occasion de bien jouer pour être vu par les recruteurs», a fait savoir M. Salambéré. « Quand on veut faire un travail, il faut le faire bien pour soi-même avant de penser aux autres », conseille l’expert.
L’ouverture de la compétition entre les Etalons dames et les Lionnes de l’Atlas n’inquiète pas vraiment l’analyste sportif. Il s’appuie sur le fait que le Maroc n’a pas participé à la CAN, il y a à peu près 22 ans. Pour lui, le Maroc n’est pas aussi un «foot de guerre».
En dépit de tout, l’expert et analyste sportif reste confiant que le Burkina Faso peut aller loin dans cette compétition, car il a les armes nécessaires. Les attaquantes de pointe telles que Juliette Nana qui évolue en Biélorussie, Limata Nikiéma qui joue au Maroc, Balguissa Sawadogo et Charlotte Millogo qui est la capitaine, peuvent vraiment porter le drapeau du Burkina Faso très haut.
M. Salambéré confiant, mais aussi réaliste trouve que c’est très prétentieux pour l’équipe de vouloir remporter la coupe. Pour lui, il ne faut pas se voiler la face. « Il y a des gros calibres notamment le Cameroun, le Ghana et l’Afrique du Sud qui ont des matchs de coupe du monde dans leurs jambes », explique M.Salambéré.
Adama Salambéré pense que l’essentiel c’est d’arriver en demi-finale pour décrocher le ticket de la coupe du monde féminine.
La coupe d’Afrique de Nations, CAN féminine a été organisée en 1991 par la Confédération africaine de football (CAF) . Elle est réservée aux sélections nationales reconnues par celle-ci. Pour cette compétition, le Nigéria, détenteur du trophée, est la plus victorieuse avec onze titres au total sur treize éditions. La phase finale du tournoi rassemble les huit meilleures sélections nationales, réparties en deux groupes. Pour des raisons de Covid-19, la CAN féminine 2020 n’a pas pu se tenir.