La Cour des comptes du Burkina Faso n’est pas contente du Conseil constitutionnel qui bloquerait des questions pratiques à son bon fonctionnement.Quand deux institutions étatiques se règlent les comptes, le Premier ministre est sollicité pour arbitrer ! Mais visiblement, c’est le parlement qui devrait en dernier ressort trancher.
Une synthèse du réquisitoire du président de la Cour des comptes est suffisamment éloquente en termes de difficultés financières, matérielles et administratives qui pénalisent l’institution de contrôle des finances publiques au Burkina Faso.
Une délégation de la Cour des Comptes sous l’égide de son premier président « Grec » Poda, pardon Monsieur Latin Poda, a été reçue en audience le 9 juin 2022 par le Premier ministre de transition Albert Ouédraogo.Les difficultés qui entravent le bon fonctionnement de l’institution de la Cour des Comptes, ont constitué le point focal des discussions. « Nous n’avons pas manqué l’occasion de lui expliquer les difficultés qui empêchent la Cour des comptes d’atteindre les objectifs qui lui sont assignés. Sur les besoins de fonctionnement exprimés, chaque année, nous recevons la moitié de notre dotation annuelle budgétaire. Des véhicules acquis en 2002, date de mise sur pied de l’institution, sont les seuls à être utilisés par le personnel pour des audits et cela n’est pas sans conséquence également.
La loi organique de l’institution date de 2000 et mérite d’être révisée. Elle n’est plus d’actualité et ne répond plus aux réalités auxquelles la Cour des Comptes fait face de nos jours. Cette loi a été révisée à maintes reprises, mais malheureusement retoquée à chaque fois par le Conseil constitutionnel. Nous sommes à trois tentatives et nous avons évoqué la préoccupation avec le Premier ministre ».
Précédemment conseiller à la Cour des comptes, Latin Poda, magistrat de grade exceptionnel est le 4e Premier président de l’histoire de cette juridiction supérieure de contrôle des finances publiques au Burkina Faso.Il a été officiellement installé dans ses fonctions le jeudi 14 avril 2022
La question qui reste posée, est de savoir pourquoi le Conseil constitutionnel ne donne t-il pas une suite favorable à la requête de la Cour des Comptes ? Le Conseil constitutionnel ayant l’art de se déclarer incompétente sur certaines questions pour lesquelles elle est saisie, cela serait –il le cas pour le dossier de la Cour des Comptes ? Le président Poda étant un juriste, ne devrait sans doute pas ignorer les prérogatives du Conseil constitutionnel.Il doit y avoir un problème particulier, qui mérite une solution.Il n’est pas superfétatoire de s’interroger sur la volonté réelle des gouvernants qui se sont succédé dans le pays et qui gardaient le silence sur l’allocation budgétaire annuelle de la Cour des Comptes qui est demeurée chaque fois de moitié.On peut se demander si les autorités dont la plupart n’étaient pas créditées de bonne gestion du dénier public, avaient réellement la volonté de permettre à la Cour des Comptes de mener à bien ses missions.
Monsieur Latin Poda, est confiant quant à une solution pour les doléances de la Cour des Comptes.Car, selon ses révélations, le Premier ministre Albert Ouédraogo est très bien imprégné des difficultés qui minent le bon fonctionnement de l’institution.En effet, par le passé il a été un consultant pour l’élaboration d’un document au profit de l’institution. Il connait les problèmes qui entravent son fonctionnement et pourrait aider à la recherche de solutions appropriées, conclue le président de la Cour des Comptes.
Le gouvernement de transition pourrait contribuer à une résolution de ces goulots d’étranglement de la Cour des Comptes.Cependant, les questions budgétaires relèvent de la compétence du parlement .Bien avant, il faudrait que les dossiers soient bien ficelés au niveau du gouvernement dans le cadre du projet de budget exercice 2023.