Après ses sacres consécutifs, en 2021 et 2022, aux Etats-Unis, Sidwaya a réalisé cette interview avec l’enseignant-chercheur Boukary Sawadogo. Il revient, entre autres, sur le sens de ses deux prix, les circonstances de son arrivée au pays de l’Oncle Sam, ses liens avec le Burkina Faso, son pays d’origine.
Sidwaya (S) : En 2021, vous avez remporté, avec un collègue, le trophée de meilleur professeur dans les 24 universités de New York. En 2022, vous avez encore été désigné meilleur professeur de l’année par le système universitaire de New York. Comment appréciez-vous ces distinctions ?
Boukary Sawadogo (B.S.) : En 2021, j’ai reçu le prix Henry Wasser qui récompense les meilleurs professeurs du City University of New York qui est un système universitaire qui compte 25 campus à travers la ville de New York, 275 000 étudiants et 12 000 professeurs. Moi, je suis à City College of New York, l’un des 25 campus. Cette année, j’ai été distingué meilleur professeur 2022 par le Black Studies Program du City College of New York. Ces deux prix célèbrent chacun une facette de ma vie académique d’enseignant-chercheur, à savoir la recherche à travers les publications pour ce qui est du prix de 2021 et l’excellence dans l’enseignement pour le prix de 2022. C’est évidemment un sentiment de satisfaction qui m’anime, mais aussi une exhortation à persévérer.
S : Quel est votre secret pour être distingué deux fois consécutives parmi tant d’autres collègues ?
B.S. : Au-delà de la discipline dans le travail que je me suis imposée, j’essaie de profiter des opportunités et des conditions de travail qui me permettent de toujours tendre vers l’excellence. En tant qu’immigré, on a aussi l’urgence d’optimiser les ressources à notre disposition pour réussir.
S : Quelle valeur revêtent ces distinctions dans le système académique américain ?
B.S. : Sur le plan personnel, ces prix comptent dans ma promotion, c’est-à-dire le passage de mon grade actuel de maître de conférences à celui de professeur titulaire. Par ricochet, c’est aussi une distinction pour mon campus de City College of New York par rapport à d’autres campus du système universitaire du City University of New York. Généralement, c’est à travers les publications et les prix que les enseignants-chercheur font avancer leurs champs de recherche en contribuant chacun à pousser les limites du savoir et de la pratique.
S : Comment êtes-vous arrivé aux Etats-Unis ?
B.S. : Je suis venu aux Etats-Unis pour faire des études de master et de doctorat. A la fin de mes études, j’ai été recruté comme enseignant-chercheur dans différentes universités américaines. Auparavant, j’avais fait un DEUG II en études anglophones à l’Université de Ouagadougou, une licence et une maîtrise à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar et une formation à l’ancien Institut diplomatique et des relations internationales.
S : Avez-vous toujours des liens avec votre pays d’origine, le Burkina Faso ?
B.S. : J’y séjourne régulièrement dans le cadre d’activités professionnelles et aussi celui familial.
S: Avez-vous des projets pour votre pays d’origine ?
B.S. : Je travaille sur des projets pour le Burkina, mais je préfère ne pas donner plus de détails y afférents à ce stade.
S : Comment vivez-vous la situation sécuritaire au Burkina Faso qui s’est dégradée depuis sept ans ?
B.S. : Je vis l’angoisse de la dégradation sécuritaire au Burkina Faso comme tout le monde parce que j’ai des membres de la famille qui ont dû quitter le village pour se réfugier dans la ville de Ouahigouya. Et aussi, il y a l’image et les nombreuses interrogations concernant le Burkina Faso sur lesquelles je suis souvent interpellé ici dans le cadre social ou professionnel.
S : Quel message avez-vous à l’endroit de la jeunesse burkinabè ?
B.S. : Je souhaite que la jeunesse burkinabè puisse avoir les conditions idoines et les opportunités professionnelles pour exprimer ses pleines potentialités créatives et intellectuelles.