A Ouagadougou, il n’y a plus de gasoil. C’est le constat que l’on peut faire dans les stations de distribution des hydrocarbures. Pourtant, beaucoup d’engins à quatre roues et d’autres machines utilisent cette énergie pour fonctionner. La Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) a informé ses différents marketers le 6 juin 2022, qu’une baisse de 40 % des quantités de gasoil distribuées sera opérée dans les 72 heures à venir. Le 7 juin 2022, Libreinfo.net est allé auprès des gérants de stations d’hydrocarbures et de conducteurs de taxis pour voir comment ceux-ci affrontent la situation.
Par Aminata Ouédraogo, stagiaire
Les taximens sont les premiers utilisateurs du gasoil dans le cadre de leurs activités quotidiennes. A la gare routière de Ouaga Inter, les conducteurs de taxis, censés être dans les rues, soit pour déposer un client, soit pour déposer des marchandises à une destination, sont regroupés sous des hangars. Les visages crispés, chacun pense à son sort. Comment nourrir sa famille le soir, puisqu’il n’y a pas de gasoil pour faire le travail.
Rasmané Guigma a environ 50 ans. Il pratique le métier de conducteur de taxi depuis presque 20 ans maintenant. Il a accepté de nous parler. Il dit être au chômage technique avec cette pénurie de gasoil. « Nous sommes actuellement au chômage, car il est difficile de trouver du gasoil pour se déplacer. Depuis le vendredi 3 juin, nous vivons cette situation”, laisse entendre le quinquagénaire.
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Rasmané Guigma, conducteur de taxi à Ouagadougou
Rasmané Guigma a un souci avec les gérants des stations services. M.Guigma affirme que “dans certaines stations services, il n’y a pas de gasoil, même celles qui en possèdent refusent de nous vendre, sous prétexte que c’est réservé au gros véhicules”. “Nous préférons que l’État augmente les tarifs au lieu de nous tuer de la sorte. Notre activité est en péril et nous sommes même à la porte de l’enfer. Il n’y a pas plus fou que celui qui est affamé », s’indigne ce chauffeur de taxi.
Selon lui, si le gouvernement n’y prend pas garde, « le pays va sombrer. Imaginez 3000 personnes au chômage en plus de la situation sécuritaire délicate que traverse le pays », a renchérit Rasmané Guigma.
De son côté, Alassane Sawadogo, lui aussi taximan, fait savoir qu’il est en manque de gasoil depuis le samedi. « Cette situation nous affecte négativement ainsi que notre secteur”, déplore t-il. “Nous n’avons pas un autre boulot. Nos dirigeants doivent trouver des solutions rapidement pour pallier le problème”, ajoute Monsieur Sawadogo.
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Alassane Sawadogo, conducteur de taxi à Ouagadougou
Dans les stations services d’hydrocarbures, il est difficile d’arracher un mot gérants. Chacun dit avoir reçu des instructions, donc impossible de nous répondre. Une seule station située au quartier Kalgodin, dans l’arrondissement 5 de Ouagadougou a accepté de répondre à nos questions.
L’un des responsables dit avoir du gasoil. » Pour le moment, à notre niveau, nous avons du gasoil ». Néanmoins, il a déploré d’une manière générale, ce manque de gasoil qui pour lui se répercute directement sur le consommateur. « cette baisse va nous conduire forcément à la mévente qui pourrait jouer naturellement sur notre économie », a-t-il signifié.
La SONABHY, structure mère d’approvisionnement du pays en hydrocarbures a tenu à s’expliquer dans un communiqué, publié le lundi 6 juin 2022 soit 3 jours après ces désagréments. Pour justifier cette baisse considérée jusqu’à 40% des quantités du gasoil distribuées, la société des hydrocarbures a indiqué que » l’objectif de cette baisse est d’atténuer les effets de des perturbations sur le consommateur, tout en assurant une continuité des ravitaillements de certaines structures stratégiques du pays ».... suite de l'article sur Autre presse