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Violences obstétricales : la sage-femme, invitée à être un modèle

Publié le jeudi 12 mai 2022  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Dans le centre de santé de Song-Naba, au Burkina Faso, une sage-femme utilise la tablette « IeDA » pour la consultation d’un bébé de 5 mois, le 13 mars 2019. Sophie Douce
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Dans le cadre de la Journée de la sage-femme, l’Association pour la promotion des sages-femmes et maïeuticiens du Burkina Faso (APSAM/BF) a organisé, le jeudi 5 mai 2022, un panel sur les violences en milieu obstétrical.

Comment devenir une sage-femme modèle ? C’est le thème qui a été développé lors du panel organisé, le jeudi 5 mai 2022, par l’Association pour la promotion des sages-femmes et maïeuticiens du Burkina Faso (APSAM/BF) à Ouagadougou. « Cette année, notre association a décidé de parler des violences obstétricales et comment devenir une sage-femme modèle ? », a indiqué la présidente de l’Association pour la promotion des sages-femmes et maïeuticiens du Burkina, Georgette Zerbo Nikiema.

Selon elle, le choix du thème se justifie par l’actualité nationale concernant les sages-femmes. « Ces temps-ci, les sages-femmes sont poursuivies, déportées en justice et jugées pour des crimes », a-t-elle dit. Elle a affirmé que ce panel qui a visé les élèves sages-femmes et maïeuticiens de l’Ecole nationale de santé publique (ENSP) a pour objectif de les outiller pour les bonnes manières de la pratique du métier. « Vaut mieux prévenir que guérir. C’est pourquoi nous avons choisi ces jeunes pour leur inculquer les bonnes manières. Plus on commence tôt, plus on a la chance de réussir », confie-t-elle.

Selon Dr Souleymane Kaboré, premier paneliste, la violence obstétricale se situe dans le domaine plus large des violences faites aux femmes. Cette violence se définit comme un exercice abusif de pouvoir par lequel un individu en position de force cherche à contrôler une autre personne en utilisant des moyens de différents ordres afin de la maintenir dans un état d’infériorité ou de l’obliger à adopter des comportements conformes à ses propres désirs.

Il a révélé que la violence obstétricale au Burkina Faso se manifeste entre autres par des injures, des violences physiques (gifles, coups sur les cuisses pour les faire écarter), de l’hyper médicalisation (synto ou la contraception sans consentement), l’absence de communication sur le diagnostic, le traitement et l’évolution du travail , la non-assistance pendant le travail d’accouchement ou à la phase expulsive, le refus de traitement, la rétention des femmes et des nouveau-nés dans les établissements en raison de l’incapacité de payer (dans les centres de santé privés), des sutures douloureuses sans anesthésie, l’obligation d’accoucher dans certaines positions. Les conséquences des violences obstétricales sont légion et sont ressenties sur les plans individuel, systémique, sociétal et légal.

Il a affirmé que sur le plan individuel, la violence obstétricale blesse la femme et porte atteinte à son intégrité physique, sexuelle, morale et psychologique. Cette violence, selon lui, peut entrainer des symptômes de stress post-traumatique, une fréquence accrue d’attaques de panique, le sentiment d’avoir été abusée et d’avoir été agressée sexuellement. Sur le plan systémique, il a évoqué le cas de perte de confiance au système de santé, la faible utilisation des services et l’augmentation de la morbidité et de la mortalité. Enfin, sur le plan sociétal et légal, il a souligné que la violence obstétricale engendre le silence.

Une obligation de porter assistance à personne en danger
Le deuxième intervenant, le magistrat Harouna Kadio, quant à lui, a traité des responsabilités pénale, disciplinaire, civile et administrative. M. Kadio a précisé que le médecin est tenu à une obligation de moyen. « La jurisprudence retient comme obligations du médecin, le devoir d’humanisme, le respect de la licéité de l’acte médical, l’obligation de soins dans le respect des règles de l’art », a souligné l’homme de droit. S’agissant du devoir d’humanisme du médecin, il a l’obligation de respecter le secret professionnel et de porter assistance à personne en danger.

Pour ce qui est du respect de la licéité de l’acte médical, Harouna Kadio a affirmé qu’un médecin peut porter atteinte à l’intégrité physique d’un patient à condition de le faire dans un but médical et avec le consentement du patient. Ces deux conditions sont nécessaires. Mariam Galbané, sage-femme à la retraite et troisième paneliste, a axé son intervention sur « comment devenir une sage-femme modèle ». Elle a souligné que sur le plan technique, on ne reproche pas aux sages-femmes les capacités techniques qu’elles délivrent, mais leurs mauvais comportements envers les patientes, leur manière de communiquer avec elles et le manque de respect envers elles.

Elle a également confié qu’au fil des années, la qualité des soins offerte par les sages-femmes a baissé. Mais selon elle, cela s’explique par les effectifs pléthoriques dans les salles de formation. Au-delà de ce panel mais toujours dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale de la sage-femme, l’APSAM/BF a organisé, le samedi 7 mai, une séance de préparation à l’accouchement intitulée « A chaque femme enceinte, sa sage-femme », suivie d’une remise de cadeaux aux mères allaitantes modèles.

Wamini Micheline OUEDRAOGO
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