Les populations de Yako dans le Passoré dans le Nord du Burkina Faso, très remontées contre la gendarmerie accusée de faire dans le racket, en appellent à son départ de leur ville. Tout serait parti de l’interpellation du président de l’association des commerçants de Yako, chose qui n’a pas du tout été du goût des membres de sa corporation qui s’en sont pris au poste de contrôle des pandores qu’ils ont saccagé. En attendant que toute la lumière soit faite sur cette brûlante affaire à Yako, l’on se doit, tout de suite, de condamner sans réserve le recours à la violence utilisé par les commerçants pour se rendre justice. Leur comportement est d’autant plus à déplorer qu’il a été dirigé contre l’un des symboles de l’autorité de l’Etat.
C’est donc, il faut le dire sans langue de bois, une défiance de l’autorité de l’Etat et cela est particulièrement inacceptable compte tenu de la situation sécuritaire du pays où l’on appelle au renforcement de la cohésion autour des Forces de défense et de sécurité (FDS) et à la collaboration des populations avec elles dans la lutte contre l’ennemi commun.
Cela dit, il faut analyser froidement cette brusque montée d’adrénaline au sein des populations de Yako. Les populations ont-elles le sentiment qu’elles ne sont plus protégées par les FDS au moment où des parties entières du territoire national réclament leur présence pour desserrer l’étau des groupes armées ou tout simplement, ces FDS empêchent-elles les manifestants de se livrer à leur sport favori qu’est la fraude qu’on connait comme étant la marque déposée de bien des commerçants au Burkina Faso ?
Il est impératif de faire retomber très rapidement la tension
La première hypothèse peut se défendre dans la mesure où le casus belli entre les deux parties, semble être les rackets. Ce n’est, en effet, un secret pour personne que les accusations de racket collent à la peau de beaucoup de nos FDS comment en témoignent les classements successifs du Réseau national de lutte contre la corruption (REN-LAC). Et dans le cas d’espèce, la colère des populations peut se comprendre face à ces FDS qui doivent imposer la force de la loi mais qui, très souvent, préfèrent les règlements en dehors de la loi. Mais cela ne devrait pas pour autant dédouaner les commerçants qui, dans leur grande majorité, sont les partenaires de la corruption. Refusant souvent de payer les taxes, ils sont les premiers à rechercher des raccourcis coupables avec les FDS.
C’est en raison de cette responsabilité partagée, que les manifestants doivent savoir raison garder. L’on peut d’ailleurs se demander, au regard de la revendication maximaliste des manifestants qu’est le départ des FDS de Yako, s’il n’y a pas d’autres intérêts qui couvent sous le feu.
En effet, les commerçants ne sont-ils pas infiltrés par des forces du mal qui souhaitent faire sauter le verrou sécuritaire de Yako pour se frayer un chemin sur Ouagadougou comme l’avait fait la fameuse colonne Voulet et Chanoine à la veille de la prise de la capitale du Moogo pendant la conquête coloniale ?
Au regard de ce danger, il est impératif de faire retomber très rapidement la tension. Et pour éviter le retour des scènes de guérilla urbaine qu’il a été donné de voir à Yako, il faut que les FDS inscrivent leurs actions dans la légalité et le respect des règles. Mais les commerçants doivent aussi bien comprendre que sans la sécurité, ils seraient dans l’impossibilité d’exercer leur métier.