Des bœufs, des taureaux, des vaches et des moutons, tous bien en forme, partagent le même espace sur une parcelle d'habitation. Ici à Saaba, dans la banlieue de la capitale burkinabè Ouagadougou, se situe la ferme de Nébié Atobine Ibrahim connu sous le nom de Tigme Zanma sur les réseaux sociaux au Burkina Faso.
Né dans une famille nombreuse, le jeune Nébié a suivi un parcours scolaire normal, de l'école primaire en passant par le lycée jusqu'à l'université. "Mais pendant tout ce temps je faisais (en famille) de l'élevage de petits animaux tels que des lapins, des pigeons, mais timidement", s'est-il rappelé.
"Généralement dans les familles, on fait un peu d'élevage et la chance que j'ai eue est qu'en famille, on élevait quelques moutons, quelques poulets... Et au fur et à mesure, la passion a pris le dessus : après l'université, j'ai continué à la pratiquer", a ajouté M. Nébié qui a aussi des connaissances en industrie culturelle.
"C'est en 2016 que j'ai décidé de faire cette activité dans toute sa splendeur. Je suis devenu 100% éleveur à partir de cette époque", a-t-il fait savoir. Le jeune éleveur qui aura bientôt 32 ans, dit avoir eu très tôt une image positive de l'élevage car, "j'ai eu le privilège de grandir dans ce milieu".
"J'ai été démystifié très tôt donc j'avais déjà une image positive de l'élevage. Donc on peut dire que c'est ce qui a contribué à faciliter cette activité", a-t-il dit.
Depuis maintenant six ans M. Nébié dit "vivre dignement" de ce travail. Il arrive à écouler facilement ses produits grâce à une stratégie de communication bien élaborée qui prend en compte de l'évolution de la technologie.
"Nous avons une approche particulière avec la clientèle qui fait de nous un partenaire de choix. Nous avons une stratégie de communication et de marketing. On arrive aujourd'hui à s'imposer", a-t-il noté.
"Nous sommes purement 'digital', parce que notre plus grand canal de communication est les réseaux sociaux".
Pour lui, cette stratégie lui permet de répondre aux besoins de la clientèle qui peut rester sur place partout au Burkina Faso et se faire livrer commande.
"Le client ne se déplace pas. En termes d'innovations, nous avons la possibilité de fournir le poids de l'animal avant livraison. Nous cherchons à conquérir le marché international", a-t-il souligné.
"Nous posons fièrement avec les animaux sur les réseaux sociaux, car en plus de l'objectif de vente, c'est la promotion de cette activité jadis réservée aux personnes démunies, aux personnes âgées que nous faisons", a-t-il indiqué.
"Avant, quand tu parlais l'élevage, on voyait une vieille personne. Mais aujourd'hui, nous sommes en train de travailler à démystifier cela. A inviter beaucoup de gens à se dire qu'au-delà, on peut être jeune, ou même être fonctionnaire et mener cette activité et s'en sortir", a-t-il ajouté.
L'élevage est l'une des principales activités agricoles du Burkina Faso. En 2019, le pays comptait 9 millions de bovins, 14 millions de caprins, 9 millions d'ovins et 44 millions de volailles, selon le ministère en charge des Ressources animales.
Le secteur génère actuellement des emplois directs et à plein temps pour plus de 900.000 personnes pour la production et 60.000 à 90.000 autres pour les activités de transformation et de commercialisation. Il représente environ 40% de la valeur ajoutée agricole et environ 30% des recettes d'exportation.
En termes de perspectives, M. Nébié espère avoir les moyens de faire grandir ce projet et surtout de partager ses expériences avec les autres jeunes à travers des séances de formations. "Pourquoi ne pas penser à ouvrir un jour une grande école de formation en élevage pour permettre aux jeunes de se perfectionner et se lancer dans ce domaine ?", s'est-il interrogé.
Des études universitaires en communication, du métier de l'élevage, l'entourage du jeune Nébié n'y voit pas d'inconvénients d'autant plus qu'il est épanoui dans ce métier comme lui-même l'a certifié à Xinhua dans sa ferme.