Le gouvernement a animé un point de presse, le jeudi 28 avril 2022, à Ouagadougou, sur des questions d’actualité nationale. Le débat sur l’augmentation du prix du pain, les relations entre le Burkina Faso et la CEDEAO et la mission des autorités burkinabè au Mali sur les questions sécuritaires ont été les sujets inscrits à l’ordre du jour.
A la suite de la conférence de presse tenue le mercredi dernier par la Fédération burkinabè des patrons de boulangeries et de pâtisseries sur une augmentation du prix de la baguette de 200 grammes de 150 F CFA à 200 FCFA, le gouvernement veut apporter des éclairages. Au cours du traditionnel point de presse de l’exécutif, le ministre du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et moyennes entreprises, Abdoulaye Tall, a indiqué que la fixation du prix du pain tout comme celui de l’huile et du sucre n’est pas une décision unilatérale d’une structure.
Il est le fruit d’une démarche collective et consensuelle, a-t-il précisé. Par conséquent, le ministre a confié qu’il est tôt d’affirmer que le prix du pain va augmenter pour l’heure. « Pour savoir être situé, il faudra attendre les conclusions du cadre de concertation tripartite gouvernement, opérateurs économiques et sociétés civiles institué par décret en 2011 » a-t-il relevé. Pour lui, c’est une représentation significative chargée d’analyser et de proposer une éventuelle révision des prix.
« Le cadre comprend 5 membres du gouvernement, la Chambre du commerce et d’industrie du Burkina, les organisations professionnelles des opérateurs économiques, les syndicats et la société civile », a détaillé le ministre Tall. Pour aider le cadre à la prise de décision, un comité technique a été créé. Il s’agit de l’observatoire sur les prix et le poids des produits de grande consommation composé de 21 membres.
Ce comité est chargé de passer en revue la structure des prix et de voir si l’augmentation demandée est fondée et de formuler une recommandation au cadre tripartite. Aux dires de M. Tall, la crise ukrainienne a conduit à une augmentation du prix de la farine de blé de plus de 47%. La fédération a saisi le ministère en charge du commerce. Le comité technique s’est réuni, du 11 au 25 avril 2022, et toutes les parties prenantes, les boulangers, l’opinion publique, les consommateurs, les syndicats, étaient présentes.
« A l’issue des concertations, divers scénarii ont été envisagés et seront soumis au cadre de concertation », a-t-il précisé. Le ministre Abdoulaye Tall a par ailleurs rappelé que la fédération avait déjà annoncé une hausse des prix, le 30 novembre 2022. Elle a saisi le ministère par demande, l’observatoire s’est réuni et a estimé que la demande n’était pas fondée et elle a été rejetée, a-t-il signifié.
La logique d’accompagnement du Burkina
A la suite de M. Tall, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, Olivia Rouamba, a abordé le deuxième sujet d’actualité. Elle a apporté des précisions sur les relations entre le Burkina et la CEDEAO qui a suspendu le pays des Hommes intègres de ses instances à la suite du coup d’Etat du 24 janvier 2022. Le communiqué de l’institution sous régionale, en date du 27 avril 2022, stipule que le Burkina souhaite disposer d’un délai supplémentaire par rapport au délai du 25 avril 2022.
Madame Rouamba s’est réjouie que le Burkina n’ait pas été sanctionné à l’échéance. Elle a expliqué que les différentes rencontres avec l’institution ont montré la bonne volonté des autorités burkinabè à collaborer. A son avis, ce sont ces aspects qui ont beaucoup pesé dans la balance. Cela montre, a-t-elle poursuivi, que nous devons poursuivre nos démarches de lobbying et de plaidoyer tant visibles que souterraines.
Du 1er au 6 avril 2022, une mission technique de la commission de la CEDEAO a eu lieu au Burkina, au cours de laquelle les techniciens des ministères en charge des affaires étrangères et de la défense ont eu des échanges sur la finalisation d’un chronogramme acceptable de la transition. « Nous avons demandé qu’une équipe technique dans le domaine militaire puisse se rendre sur le terrain pour prendre la mesure de la situation et voir si dans un tel contexte, les élections sont envisageables », a expliqué Olivia Rouamba.
L’autre aspect, a-t-elle précisé, est qu’il a été souhaité qu’une délégation politique puisse venir au Burkina afin qu’ensemble, l’on puisse se pencher sur le chronogramme acceptable et sur la durée. La ministre a, en outre, soutenu que les deux vice-présidents de la CENI reçus par la mission technique ont relevé qu’ils avaient demandé avant l’avènement du régime actuel, un report des élections municipales du fait de la situation sécuritaire.
« Ils ont précisé qu’avec ce niveau d’enlisement de la situation sécuritaire, ils ne pensaient pas revoir le calendrier », a noté la ministre. Dans la même veine, les techniciens de la défense ont souhaité un délai de 24 mois pour recruter, former et rendre opérationnels les soldats sur le terrain. Les chefs d’Etat de la CEDEAO ont apprécié la démarche du Burkina qui accepte coopérer et se sont inscrits dans un processus d’accompagnement, a laissé entendre Olivia Rouamba.
Le dernier point qui a retenu l’attention du gouvernement a porté sur la mission d’une délégation burkinabè au Mali. Selon le ministre porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, il s’est agi d’une visite de travail et d’harmonisation des points de vue des deux pays sur la question sécuritaire. « Le Mali a engagé une politique de sécurisation de son territoire et le Burkina est aussi dans la dynamique. Il s’agit de faire en sorte que les groupes terroristes repoussés au Mali ne se replient au Burkina et vice versa. Il s’agit plutôt de créer une collaboration pour que les deux pays enregistrent des résultats probants dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il indiqué. A l’écouter, la démarche burkinabè a été bien reçue par les autorités maliennes.