Le 13 avril dernier, s’achevait à Cotonou au Bénin, une réunion des chefs des services de renseignements des pays membres de l’Initiative d’Accra, regroupant le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo. A cette réunion de la capitale économique du Bénin, étaient admis comme observateurs, le Niger et le Mali. Mais le pays de Assimi Goïta n’a pu faire le déplacement pour des raisons que l’on imagine liées à l’embargo. En rappel, l’Initiative d’Accra est un mécanisme lancé en septembre 2017 dans la capitale ghanéenne, à l’effet de mieux coordonner les actions de lutte contre le terrorisme dans la sous-région. Une collaboration qui se veut de partage d’informations, de renseignements, mais aussi de mutualisation des forces à travers certaines opérations. Si depuis lors, des opérations conjointes comme « l’opération Koudanlgou » ont effectivement pu se mener entre certains pays avec des résultats probants sur le terrain, le constat est que ces actions sporadiques restent encore largement insuffisantes pour enrayer un mal pernicieux qui est en train de se répandre dangereusement du Sahel jusqu’aux pays du littoral.
L’intérêt de la rencontre de Cotonou n’est plus à démontrer, au moment où l’hydre terroriste frappe indistinctement au-delà des frontières
Pour preuve, le Bénin qui abritait la rencontre, a récemment encore fait les frais du terrorisme par la perte, le 11 avril dernier, de cinq soldats victimes d’une mine artisanale et d’une embuscade dans la zone de la Pendjari, à la frontière avec le Burkina Faso. Le lendemain, c’est le Niger, déjà durement frappé par le terrorisme, qui était victime d’une double attaque, l’une dans la région martyre de Tillaberi déjà objet de plusieurs attaques meurtrières dans la zone dite « des trois frontières » avec le Burkina Faso et le Mali, l’autre dans le Djado dans la région d’Agadez, vers la frontière libyenne, faisant une quinzaine de morts parmi les Forces de défense et de sécurité nigériennes. Ce, au moment où le Burkina portait encore le deuil des douze militaires et quatre supplétifs de l’armée tombés dans l’attaque du détachement militaire de Namissiguima, dans la province du Sanmatenga dans la région du Centre-Nord, le 8 avril dernier. C’est dire si l’intérêt de la rencontre de Cotonou n’est plus à démontrer, au moment où l’hydre terroriste frappe indistinctement au-delà des frontières des différents pays, dans une volonté affichée de faire une percée jusqu’aux plages de l’océan atlantique et de s’y implanter. Mieux, ces rencontres entre sécurocrates de la sous-région se veulent d’autant plus d’intérêt hautement stratégique que l’objectif est d’apporter une réponse commune et coordonnée, à travers une opération d’envergure qui s’inscrira sur une durée d’au moins douze mois.
Il ne fait plus de doute que la victoire sur le terrorisme passe aussi par la maîtrise de nos frontières
Un changement de paradigme qui devrait non seulement permettre de maintenir une pression constante sur les terroristes, mais aussi de les prendre en étau avec pour principal objectif le démantèlement de leurs bases dans les zones frontalières communes d’où ils mènent souvent leurs incursions meurtrières. Au-delà, l’on espère que cette prise de conscience au sommet, de la nécessité de fédérer les énergies dans une action commune contre le terrorisme, produira les effets escomptés. Il faut surtout espérer que la stratégie de harcèlement continu de l’ennemi, permettra de réduire considérablement la voilure des forces du mal, pour le plus grand bonheur des populations marquées au fer rouge dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger et qui ne savent plus à quelle armée se vouer. En un mot comme en mille, les populations n’attendent que des résultats. Et cette initiative qui portera le nom d’opération « Koudanlgou renforcée », est d’autant plus porteuse d’espoirs que des sources annoncent la participation d’au moins sept pays de la sous-région. Car, au regard de la porosité de nos frontières et de la fourberie de l’ennemi, il ne fait plus de doute que la victoire sur le terrorisme passe aussi par la maîtrise de nos frontières. Reste maintenant la finalisation du budget dont l’adoption devrait permettre le démarrage effectif de l’opération. Tout le mal que l’on souhaite à ce prolongement de l’Initiative d’Accra, c’est de réussir là où le G5 Sahel rencontre les plus grandes difficultés à déployer ses grandes ailes, pour casser du terroriste. Il y va de la sécurité et de la vie même des populations ainsi que de la survie de nos Etats.