«Les robinets sont à sec, les puits tarissent. Que ceux qui peuvent nous venir en aide, le fassent. C’est une question d’urgence !»… les voix se lèvent de plus en plus dans la ville de Titao, grossie par l’arrivée massive de déplacés, pour réclamer de l’eau potable, devenue rare avec les difficultés de fonctionnement de l’ONEA et les faibles capacités des puits et forages.
L’eau potable est devenue une denrée rare dans la ville de Titao. Dans cette localité où l’insécurité a engendré un afflux massif des populations des villages environnants, les habitants ne savent plus à quel saint se vouer.
La coupure d’électricité qui dure depuis plus d’un mois et les pannes récurrentes du groupe électrogène de l’ONEA ont aggravé la donne réduisant sensiblement l’offre en eau.
Avoir la moindre goutte d’eau est devenu un parcours du combattant en cette période de canicule et de jeûne.
Nous sommes allés toucher du doigt les réalités le lundi 11 avril 2022.
Le brouhaha des cris des femmes mêlé aux bruits des bidons vides rend quelque peu audible la voix de Moustapha (nom d’emprunt) gestionnaire d’une borne fontaine.
L’infrastructure équipée de panneaux solaires a été réalisée, il y a trois ans par un organisme humanitaire dans un quartier spontané majoritairement occupé par des populations déplacées internes.
Après quelques hésitations, il finit par se résoudre à parler. »Notre plus grand problème en cette période c’est le manque d’eau potable. Des humanitaires nous avaient aidé avec quelques forages. » souligne Moustapha.
L’air désespéré, il émet un cri de coeur : « Mais avec la coupure d’électricité, la pression s’est renforcé sur ces forages. Mêmes les quelques puits à grand diamètre sont pris d’assaut. Le problème d’eau est vraiment criard. S’il n’y a pas de solution d’ici là, huum! » Il termine sa phrase par un soupir qui en dit long.
»A cause du manque d’eau, les puits et forages encore fonctionnels sont devenus des lieux de bousculade, les femmes en viennent même souvent aux mains. » regrette notre interlocuteur.
Un autre point d’eau, un même spectacle de bousculade, de défiance, de vive tension.
Les effets combinés de la coupure d’électricité et de la canicule ont aggravé la situation. Salimata (nom d’emprunt) est déplacée d’un village de la commune de Titao.
Elle passe le clair de son temps en ce lieu, pour souvent repartir avec un seul bidon d’eau.
L’attente est longue mais c’est le prix à payer pour avoir le liquide précieux sans laquelle rien ne peut être fait.
« Sans eau, on ne peut pas faire la cuisine. Les enfants n’ont pas à manger. On va préparer avec quoi? » s’interroge-t-elle.
De loin, Zalia, une autre femme visiblement peinée par la situation. Elle se débat au milieu des siens pour se frayer un passage dans la foule et se prêter à notre micro.
Zalia tient à lancer un appel aux décideurs et aux bonnes volontés.
» Les robinets sont à sec, les puits tarissent. Que ceux qui peuvent nous venir en aide, le fassent. C’est une question d’urgence. A cette allure ce forage risque aussi de nous lâcher ». Elle poursuit : « Les gens ne peuvent pas ne pas se bousculer. C’est souvent une question de survie. La situation est très tendue. Aidez-nous ! »
Les installations de l’ONEA ne sont désormais que de simple décor dans la ville. Aucune goutte d’eau ne coule dans les robinets. Les quelques points d’eau encore fonctionnels de la ville sont débordés. Les scènes de bousculades sont quotidiennes. En cette période de jeûne et de canicule, il faut faire le pied de grue pour espérer avoir ne serait-ce qu’un bidon d’eau à Titao.