La 21e session ordinaire du conseil exécutif de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) s’est tenue, du 28 au 30 mars 2022, à Rabat au Maroc où les participants ont examiné et adopté des textes essentiels pour la survie de l’organisation.
Le conseil exécutif de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) renait de ses cendres. Depuis 2013, la CEN-SAD est dans un long processus de réforme. La dernière réunion statutaire date de 2019. A la 21e session tenue à Rabat au Maroc, les experts, ambassadeurs et ministres des Affaires étrangères des pays membres du conseil exécutif de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) se sont réunis pour relancer ladite organisation. L’objectif « consiste en l’examen des textes essentiels pour la survie de notre institution, la CEN-SAD », a lancé le président du conseil de la CEN-SAD, Apollinaire Mogomtaye à l’ouverture des travaux.
Ainsi, les enjeux c’est de relancer l’institution, la faire fonctionner en vue de lui permettre d’atteindre ses objectifs qui sont liés à la sécurité, à la santé, à l’économie et au développement durable. A Rabat, sur 25 pays membres, 24 ont répondu présents, d’où la satisfaction exprimée par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita. Pour lui, la CEN-SAD est véritablement l’Afrique en miniature dans sa richesse, sa diversité, ses défis, et dispose d’un potentiel important pour s’affirmer en tant que région dynamique, pleine de complémentarité, productrice de valeur ajoutée et à même de mutualiser les défis socio-économiques de ses membres.
Cependant, il a déploré que malgré son potentiel, la CEN-SAD peine à atteindre sa vitesse de croisière et à être ce catalyseur de stabilité et de prospérité partagées auxquelles aspirent ses populations. « Nos efforts doivent tendre à faire émerger notre communauté comme un creuset de nos efforts collectifs, en faisant avancer notre groupement vers une intégration régionale réelle », a insisté M. Bourita. Pour y arriver, l’action de la CEN-SAD devrait, dans les prochaines années, tendre vers la mise en place des différentes structures institutionnelles prévues par le traité révisé de la CEN-SAD, notamment le conseil permanent chargé du développement durable ; l’élaboration d’une stratégie dédiée au développement humain dans l’espace sahélo-saharien et de programmes destinés à l’insertion des jeunes et l’opérationnalisation de la stratégie de sécurité et de développement de la CEN-SAD (2015-2050).
Plus d’union et de solidarité
Le souhait du secrétaire exécutif de la CEN-SAD, le Nigérien Brigi Rafini, est que cette session puisse parachever le processus de réforme de l’institution et la faire sortir de la fragilité. « Que les échos de cette rencontre puissent retentir dans chacun des 25 Etats membres par un nouvel espoir d’une CEN-SAD désormais revigorée, plus visible », a conclu M Rafani. Ce sont aussi les vœux de la délégation burkinabè conduite par le ministre délégué chargé de la Coopération régionale, Karamoko Jean Marie Traoré.
« Nous ne pouvons pas être absents à cette session de la renaissance, nous avons tenu à y participer en tant que membre, mais aussi pour témoigner la reconnaissance du Burkina du geste de la CEN-SAD en faveur des victimes du drame de Solhan ayant fait plus de 100 morts. Il est de bon ton que nous puissions manifester notre reconnaissance et aussi solliciter davantage de solidarité et d’union autour de la question de l’insécurité au Sahel », a déclaré M. Traoré.
Création d’un forum économique de la CEN-SAD
Dans la nouvelle vision de redynamiser la CEN –SAD, le Maroc propose la création d’un forum économique des pays de la CEN-SAD. « Le forum économique des pays de la CEN-SAD, viendrait compléter l’architecture de notre organisation en matière de développement et servirait de plateforme d’échange et de coopération entre les opérateurs économiques dans notre espace », a affirmé le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita. Mieux, le royaume se propose d’abriter la 1re édition. Puisque, poursuit-il, cela entre dans le cadre de la vision tracée par Sa Majesté le roi Mohammed VI, qui est d’œuvrer pour la co-construction de partenariats favorisant la prospérité et la stabilité partagée avec ses pays frères sahéliens. « Le Maroc croit à un co-développement fondé sur la coopération intra-africaine et la complémentarité économique, sur la solidarité active et la mutualisation des moyens et des efforts », a précisé M. Bourita. Le Maroc, a-t-il insisté, poursuivra son engagement à œuvrer pour l’édification de l’espace sahélo-saharien, en entretenant avec l’ensemble des pays membres des relations fraternelles, basées sur la coopération, la solidarité et le respect de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale.
Un plan quinquennal pour plus d’efficacité
Dans le communiqué final sanctionnant les travaux, lu par le Secrétaire exécutif, Brigi Rafani, le conseil a adopté le plan quinquennal 2022-2026 et le budget- programme de la CEN-SAD au titre de l’année 2022. Et, il a été décidé de mettre en place un mécanisme de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de ce plan et du budget pour un éventuel ajustement. « La CEN-SAD doit se doter d’outils et de moyens d’intervention pour relever un ensemble de défis dont le phénomène de terrorisme », a affirmé M. Rafani.
Et le budget-programme, pour lui, a pour ambition de réaffirmer l’engagement de la CEN-SAD à être plus présente aux côtés des populations. La session a noté les évolutions positives de la situation politique dans la plupart des pays membres. Cependant, les participants ont déploré la persistance du phénomène du terrorisme. Ils souhaitent que la mise en place du centre communautaire de lutte contre le terrorisme puisse constituer l’une des réponses de la communauté, qu’il faut compléter par une coopération étroite entre les services nationaux de lutte contre ce fléau.
Le conseil a salué l’engagement du président égyptien, Abdel Fatah Al Sissi, en faveur du démarrage effectif des activités de ce centre et demandé au secrétariat exécutif de la CEN-SAD d’œuvrer à la finalisation urgente des textes devant encadrer le fonctionnement dudit centre. Les participants à cette session ont salué le transfert provisoire du siège du secrétariat exécutif de la CEN-SAD en République du Tchad. Car cela a permis la relance des activités notamment l’élaboration d’un plan d’action et d’un budget pour l’exercice 2022. Le retour progressif à la normalité de la CEN-SAD est dû à l’implication personnelle de feu le Maréchal du Tchad, Idriss Deby Itno d’où l’hommage qui lui a été rendu à titre posthume.
L’engagement de Sa Majesté le roi Mohammed VI reconnu
Selon le président du conseil de la CEN -SAD, Apollinaire Mogomtaye, la 21e session a été un test de confirmation de la volonté commune et de l’engagement pour faire renaitre la CEN-SAD en lui accordant les moyens de sa mission. « La rencontre de Rabat permet sans doute d’envisager le futur de notre organisation sous l’angle de l’action et de l’efficacité. Après l’adoption d’un plan quinquennal, le secrétariat exécutif a la lourde mission de mobiliser des ressources nécessaires et de définir des projets à impact visible sur la vie de nos populations.
La CEN-SAD doit marquer son terrain et bien définir ses priorités en évitant des doublons avec des actions d’autres organismes dans son espace », a-t-il précisé. Pour la coopération et la solidarité africaines dont il a fait montre, le conseil exécutif de la CEN-SAD a rendu hommage à l’engagement constant de Sa Majesté le roi Mohammed VI. Le Niger abritera la prochaine session de la CEN-SAD en 2023 marquant les festivités du 25e anniversaire.