Ceci est une déclaration de l’Unité d’Action Syndicale (UAS) sur la situation sécuritaire au Burkina Faso qui interpelle le Président Paul-Henri Sandaogo DAMIBA et son équipe à tout mettre en œuvre pour freiner l’avancée des groupes armés et soulager les populations.
L’Unité d’Action Syndicale (UAS) constate avec regret la dégradation continue de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Le week-end des 19 et 20 mars 2022 a été particulièrement douloureux, tout comme les jours qui ont suivi.
En effet, le 19 mars 2022, des hommes armés ont attaqué le village de Nindangou, dans la province de la Gnagna, incendiant des tables-bancs et des manuels scolaires de l’école du village, selon le média en ligne «minute.bf».
Le 20 mars 2022, des terroristes ont fait irruption à Bourgou, un autre village de la province de la Gnagna, où des objets de culte ont été incendiés à l’église catholique du village, selon la même source «minute.bf». Le même 20 mars 2022, selon un communiqué de l’Armée en date du 22 mars 2022, « un accrochage à 20 kilomètres de Natiaboani a coûté la vie à 13 soldats et causé 09 blessés, et une attaque complexe dans les environs de Napadé au cours de laquelle 11 soldats sont tombés ».
Le 24 mars 2022, une attaque à Barsalogho a causé la mort de 5 VDP. Le même jour à la Gnagna, la commune de Bilanga a été attaquée, provoquant des dégâts matériels importants à la gendarmerie, au commissariat et à la Mairie.
Les Burkinabè ont été particulièrement éprouvés durant ce mois de mars 2022. Sans être exhaustif, il vous souviendra que :
dans la nuit du 17 au 18 mars 2022, le Collège d’Enseignement Général (CEG) de Bouloulou dans la commune de Léba a été visité par des individus armés qui ont incendié une partie des locaux, selon l’Agence d’Information du Burkina (AIB) ;
le 17 mars 2022, Namsiguia dans la province du Bam, est tombé entre les mains des groupes terroristes, après des années de résistance et des cris de détresse ;
le 13 mars 2022, 13 gendarmes qui venaient de porter assistance aux passagers d’un car ayant sauté sur une mine vers Tougouri sur l’axe Kaya-Dori, ont été l’objet d’une embuscade sur la RN3. Suite à ces 2 incidents, les transports sur le tronçon Kaya-Dori ont été suspendus par les compagnies de transport ;
la ville de Djibo est assiégée par les groupes terroristes et les populations manquent de nourriture. Depuis le 17 février 2022, la ville est coupée du reste du pays.
En lien avec ces attaques, le nombre de déplacés internes, d’écoles fermées s’accroit continuellement. Selon la dernière publication du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR), le nombre de Personnes déplacées internes (PDI) au 28 février 2022 s’élève à 1 814 283 individus, en hausse d’environ 4,17% par rapport à la situation de janvier 2022.
La gravité de la situation est illustrée par les nombreuses conférences de presse organisées par les ressortissants de différentes localités pour alerter et interpeller les autorités sur la détresse que vivent les populations de ces localités.
Pendant ce temps, l’on assiste à une bataille de chiffonniers éhontée pour l’occupation de sièges à l’Assemblée Législative de la Transition (ALT), ainsi qu’à des repositionnements dans la perspective du « retour à une vie constitutionnelle normale ».
L’UAS salue la mémoire des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), et des citoyens tombés sous les balles assassines des forces du mal. Elle présente ses sincères condoléances aux familles éplorées, souhaite prompt rétablissement aux blessés et témoigne sa solidarité aux personnes déplacées internes (PDI).
Deux mois après le putsch du 24 janvier 2022, l’UAS constate avec beaucoup d’amertume que la situation sécuritaire ne s’est guère améliorée au contraire elle s’est davantage dégradée. Et pourtant, c’est cette situation sécuritaire qui a servi de prétexte au putsch du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) le 24 janvier 2022, selon les propos tenus à l’UAS par le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo DAMIBA le 27 janvier 2022. Le constat est donc amer et c’est un euphémisme que de le dire. La détresse des populations ne fait que croître avec de nombreuses nouvelles PDI, l’augmentation continue des prix des produits de première nécessité faisant profiler à l’horizon une nouvelle étape de la crise humanitaire.
Face à cette aggravation de la situation sécuritaire, le nouveau gouvernement affiche une confiance quant au renversement de la tendance sur le terrain.
Ainsi :
dans un communiqué en date du 22 mars 2022, l’Armée annonce la neutralisation d’ «au moins 36 terroristes par des interventions terrestres et aériennes» ;
à l’issue d’un conseil de cabinet tenu par le Premier ministre Albert OUEDRAOGO sur la situation sécuritaire le 21 mars 2022, la Primature annonce que « les membres du conseil ont décidé de passer à la vitesse supérieure, avec une batterie d’actions à mener et cela, de façon transversale, en vue d’apporter des réponses diligentes aux préoccupations des populations » ;
lors du point de presse du gouvernement le 18 mars 2022, le porte-parole du gouvernement Lionel BILGO a indiqué qu’ « il y a des stratégies militaires mises en œuvre qu’on ne peut pas expliquer de façon publique…».
Ces annonces sont loin de rassurer les populations qui sont habituées aux communications sur des dizaines de terroristes neutralisés mais qui n’observent pas un recul des attaques, ni la réinstauration de l’autorité de l’Etat dans les localités occupées par les terroristes.
Ce que les Burkinabè attendent, ce ne sont pas les explications de stratégies militaires, ou les menaces contre les citoyens qui font état de leurs inquiétudes notamment sur les réseaux sociaux et interpellent les nouvelles autorités. Ce ne sont pas non plus les détentions ou arrestations arbitraires du genre de celles dont ont été victimes l’ex-président Roch Marc Christian KABORE depuis le coup d’Etat du 24 janvier 2022 et l’ex-président de l’Assemblée Nationale le dimanche 27 mars 2022.
Ce que les Burkinabè attendent des nouvelles autorités, c’est plutôt l’arrêt de la progression des groupes terroristes, la récupération des zones sous contrôle des groupes armés, le secours aux populations confrontées à la faim et à la soif dans les localités comme Kelbo, Baraboulé, Koutougou, Arbinda, Pama, etc., le retour et la sécurisation des millions de PDI dans leurs villages et localités.
C’est pourquoi l’UAS interpelle le Président Paul-Henri Sandaogo DAMIBA et son équipe à tout mettre en œuvre pour freiner l’avancée des groupes armés et soulager les populations. Il s’agit là d’une attente forte des populations qui justifie qu’elles aient tout simplement toléré le coup d’Etat du 24 janvier 2022.