Les producteurs maraîchers du Loroum rencontrent des difficultés du fait de l’insécurité, pour le transport et l’écoulement de leurs produits récoltés dans la localité, a constaté l’AIB auprès des intéressés.
Le visage triste, NK, binette en main, tente de ramener quelques mottes de terre au pied des plants. Sur son périmètre, la pomme de terre est déjà prête et une bonne partie déjà récoltée.
« J’ai investi l’ensemble de mes fonds dans la production. Malgré les difficultés liées à l’eau, ma famille et moi avons tenu le pari de produire. Nous nous sommes dit que c’est la seule voie de salut car on n’avait rien eu de la campagne pluviale. »
Et de poursuivre en remuant la tête : « Malheureusement avec l’aggravation de la situation sécuritaire, nous n’avons pas de marché. Toutes les voies d’accès sont bloqués. Nous ne savons que faire de la production, surtout la pomme de terre qui est difficile à conserver. »
A un pas de là, Zourata, une dame, la quarantaine sonnée, un plat d’oignons sur la tête, s’affaire à récolter sa production. Elle exprime son inquiétude : » C’est une obligation pour nous de récolter. Si non, il n’y a pas de marché. Les différentes voix d’accès à la ville sont très risquées. »
PM est un grand producteur bien connu de la localité. Bon an, mal an, il produit au moins 10 tonnes de pomme de terre et deux fois plus d’oignons et de tomate. Son économie est fondamentalement basée sur la production maraîchère.
Comme tous les producteurs de la localité, cette année semble particulière pour lui. » Nous avons produit et il n’y a pas de possibilité d’écoulement. La production de tomate est totalement partie. La pomme de terre et l’oignon également continuent de pourrir » a-t-il souligné.
La source poursuit en disant que beaucoup d’autres producteurs sont dans la même situation car il y’a encore assez de pomme de terre et d’oignons dans les périmètres de Tansaliga et de Titao. Il enfonce le clou, en disant que les grands plats de tomates (un peu plus de 2 tines) ont été bradés entre 750 et 1000 francs.
Les convois de ravitaillement organisés par l’armée sont les seules occasions pour certains. Dans cet espace transformé en lieu de stationnement de circonstance, plusieurs camions du convoi de ravitaillement ont chargé leur cargaison depuis douze jours et attendent la date de retour. A côté de ces bolides, des tas de pomme de terre déversés dégagent une odeur de putréfaction.
Arrêté à côté d’un camion bien chargé, TZ, producteur, explique son amertume. « J’ai produit de la tomate et tout est pourri dans le bas-fond. Je pensais qu’avec la pomme de terre, j’allais avoir quelque chose. Dans ce camion, j’ai chargé 170 sacs (un peu plus de 10 tonnes). Mais ça fait 10 jours que le convoi n’arrive pas à se mettre en route. Je suis sûr qu’une bonne quantité est déjà gâtée. » TZ note qu’il dispose encore d’une grande quantité d’oignons récoltés sur son périmètre. »Si rien n’est fait, les produits risquent de pourrir. » a t- il alerté.
FG est conducteur d’un gros camion, il a embarqué 133 cartons de pomme de terre et une grosse quantité de tomate. « La tomate est complètement irrécupérable. Il faut la déverser. On peut encore compter sur la pomme de terre mais une bonne partie doit être également gâtée car ça fait plus de 10 jours qu’on a chargé le camion. »
A Titao, le salut des producteurs réside dans la libération de la zone et la sécurisation des axes routiers. Mais en attendant, l’urgence réside dans l’organisation des convois sécurisés par les forces armées nationales afin de ravitailler la localité mais également d’enlever ces milliers de tonnes de productions maraîchères qui pourrissent.