Le Conseil d’information et de suivi des actions du gouvernement (CISAG) a animé une conférence de presse, le jeudi 17 mars 2022, à Ouagadougou, pour donner sa lecture sur la situation nationale.
Restés jusque-là silencieux depuis l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), les membres du Conseil d’information et de suivi des actions du gouvernement (CISAG) ont décidé enfin de briser le silence pour donner leur avis sur le coup d’Etat du 24 janvier 2022 et la gestion du pouvoir par les militaires depuis cette date. Ils l’ont fait au cours d’une conférence de presse, le jeudi 17 mars 2022, à Ouagadougou.
Face aux journalistes, le président du CISAG, Issiaka Ouédraogo, a indiqué que ce changement de régime par une voie non légale compromet les chances du Burkina Faso de se doter d’institutions fortes et stables. Même si, a-t-il reconnu, le coup d’Etat peut se « justifier » par la gestion contestable des affaires par l’ancien chef d’Etat Roch Marc Christian Kaboré et son incapacité à enrayer la corruption et le terrorisme. Mais qu’à cela ne tienne !
Un coup d’Etat n’était pas la solution, selon M. Ouédraogo qui a d’ailleurs déploré le fait que certains citoyens aient soutenu ce coup de force. Par ailleurs, la formation du gouvernement de Transition, selon le CISAG, n’a pas été inclusive. Et ce, dans la mesure où les partis politiques n’ont pas été associés, a-t-il dit. Pour Issiaka Ouédraogo, les politiques sont le socle de la vie d’un pays et il serait difficile de les mettre à l’écart de toute gestion au risque d’échouer. Il en veut pour preuve le blocage constaté dans la mise en œuvre des délégations spéciales qui est imputable, à l’entendre, à la mise en quarantaine des partis politiques.
M. Ouédraogo et ses camarades ont donc invité les nouvelles autorités à penser sérieusement à l’avenir des exécutifs locaux et en particulier des mairies dont l’importance dans le contexte actuel n’est plus à démontrer. Par ailleurs, la priorité absolue accordée par le président Paul-Henri Sandaogo Damiba aux questions politiques et institutionnelles à travers des nominations donne l’impression, aux dires de Issiaka Ouédraogo, qu’il se cherche un cap précis. Pourtant, le plus urgent, de l’avis des conférenciers, devait être la reconquête du territoire et le retour à brève échéance des déplacés internes dans leurs localités respectives.
Et ce, d’autant plus que « l’actualité sécuritaire actuelle montre que les groupes armés entendent profiter de la situation nationale pour accroître leur capacité de nuisance », a-t-il affirmé. Il importe donc, à écouter le président du CISAG, que des actions d’envergure soient entreprises pour les contrer de manière vigoureuse. Issiaka Ouédraogo et ses camarades ont, par ailleurs, exigé que le cas de l’activiste Ibrahim Maïga soit éclairci par les autorités.
Au regard du rôle « trouble » joué par ce dernier dans certaines actualités sur le plan national, M. Ouédraogo et ses camarades se sont interrogés sur la manière dont il s’est soustrait à la justice en quittant le pays sur la pointe des pieds alors qu’une procédure judiciaire le concernait. Aurait-il bénéficié de complicité ? Les conférenciers ont demandé que toutes ces questions soient clarifiées par les autorités. Ne pensez-vous pas qu’il soit trop tôt pour juger le MPSR?
Répondant à cette question des journalistes, Issiaka Ouédraogo a indiqué que les militaires ont brandi la question sécuritaire comme motif pour prendre le pouvoir. Pour lui, il était logique qu’après leur prise de pouvoir, les choses évoluent immédiatement dans le bon sens.