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Diébédo Francis Kéré: «Mon travail est un service à l’humanité pour les pauvres comme les riches»

Publié le jeudi 17 mars 2022  |  RFI
L’architecte
© Autre presse par DR
L’architecte burkinabè Diébédo Francis Kéré
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Pour la première fois de son histoire, le prix Pritzker, la plus haute distinction du monde de l'architecture, a été décernée à un Africain. Le Burkinabè Diébédo Francis Kéré s’est toujours engagé pour son pays natal, le Burkina, avec une architecture durable et respectueuse de son environnement. Entretien.

RFI: Quelle a été votre première réaction ?

Diébédo Francis Kéré : Quand j’ai eu le coup de fil m’annonçant que je suis le prix lauréat du prix Pritzker 2022, je ne l’ai pas cru. Je n’y ai pas cru parce que, tout simplement, ça n’arrivait pas à rentrer dans ma tête. Plus tard, quand j’ai finalement compris, il y a eu un sentiment d’honneur et de gratitude. Et du coup aussi, un sens de responsabilité, de grande responsabilité. En tout cas, vous pouvez vous imaginer quelle joie, quel honneur de recevoir ce coup de fil.

Vous parlez de « responsabilité ». Dans quel sens ?

Simplement, parce que pour moi, quand j’ai commencé à faire de l’architecture, j’ai fait le tour pour collecter des idées, des informations dans l’ère pré-industrielle en Allemagne et les combiner avec ce qui se fait au Burkina Faso pour créer une école moderne. J’ai toujours considéré ce que je faisais comme quelque chose qui est personnel. Et du coup, ce travail a commencé à faire le tour, parce que beaucoup de gens ont trouvé mes idées très intéressantes et ont voulu avoir pareil. J’avais toujours utilisé des matériaux qui étaient locaux, qui étaient abondants, qui ne causaient pas de problèmes à l’environnement. Et du coup, voir ce travail être considéré par cette fondation et ce prestigieux prix, je me dis : « Wouah ! Tu as bien fait sans le savoir, donc il faut continuer ». C’est pourquoi je dis sens des responsabilités et de continuer à œuvrer dans ce sens.

Justement, c’est ce que dit le jury. Dans son compte rendu, il dit que votre travail « est lié aux gens, aux personnes, aux communautés, car il est fait par et pour elles ». Concrètement, comment cela se traduit en pratique ?

En fait, j’ai toujours tout fait pour faire un transfert de savoir, que ce soit chez moi au Burkina, ou même aux États-Unis, j’ai essayé de mettre de la valeur aux matériaux que j’ai trouvés et de placer l’être humain au centre de l’intérêt. Vous comprenez ? Finalement, mon travail ou le travail de l’architecte, si vous voulez bien, c’est un service à l’humanité, c’est de créer de l’espace pour les gens, pour les pauvres aussi bien que pour les riches. C’est tout. C’est simple.

En ce sens, beaucoup de personnes à qui j’ai parlé de votre travail depuis que cette annonce a été faite, m’ont dit qu'il était tourné vers l’avenir, mais tourné vers l’avenir depuis 20 ans. Beaucoup m’ont dit que vous aviez toujours été en avance à ce niveau-là. Ce prix Pritzker marque un tournant par rapport à certaines visions de l’architecture que vous avez toujours défendues ?

C’est ça. Je suis vraiment honoré de voir que ce qui, pour moi, était toujours dans mon ADN, c’est-à-dire de dire que ce n’est pas parce qu'on est riche qu’il faut gâcher du matériel, qu’il faut causer un gâchis. Et ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’il faut se contenter avec ce qui est médiocre, qu’aussi bien les pauvres que les riches ont droit à la beauté, à la qualité. Et il est possible de réaliser tout cela en ne causant pas trop de problèmes à l’environnement. Puis, on est tous liés, on a un monde. Et je suis heureux de voir que ce travail a été reconnu par le prix Pritzker. Pour moi, c’est un rêve jamais rêvé. Je ne pouvais jamais imaginer que ce travail, que je considère toujours comme quelque chose de cœur, de personnel, puisse être lié au prix Pritzker.
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