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Le Quotidien N° 878 du 27/9/2013

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Grogne des syndicats d’enseignants a la rentrée : le pouvoir était pourtant prévenu
Publié le vendredi 27 septembre 2013   |  Le Quotidien




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Dans ce monde en pleine mutation où les exigences sociales des peuples sont grandes, il est difficile pour un dirigeant d’ânonner des politiques pour soi-disant exécuter son programme de société, du reste, livresque. Les temps des présidents fondateurs, où les laborieuses populations étaient obligées d’applaudir des cancres congénitaux, sont largement révolus. Il faut désormais des actions orientées vers les résultats et vers le bonheur de ces populations qui ont suffisamment pris conscience.

Le respect des dispositions constitutionnelles et la reconnaissance de l’expression populaire sont dorénavant les seules valeurs essentielles qui tiennent lieu de soubassement pour un Etat qui se veut moderne. Tant pis donc pour les dictateurs drapés de démocratie. Les temps ont changé. Que chacun tâche d’opérer sa propre mue. Une réalité, malheureusement, que certains dirigeants refusent d’accepter quand bien même leur marge de manœuvre est très infime. Ils refusent de voir le vent du changement et d’écouter le chant du cygne.

Cela ne pouvait être autrement, car comme le disait l’autre, « quand l’homme a longtemps tété la mamelle de la misère, deux attitudes s’offrent à lui devant le pouvoir: la folie des grandeurs ou la froideur de la sagesse ». « Et dès lors que vous gérez le destin des autres, votre propre destin finit par vous échapper», a ajouté Norbert Zongo. Ces propos tenus il y a plus d’une décennie expliquent toujours le comportement d’une certaine classe dirigeante sous nos cieux. Le pouvoir de la 4e République n’est pas exempt de ces reproches.

En effet, des Etats-Unis où il séjourne depuis le 19 septembre dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU, le président Blaise Compaoré est rentré dans une opération médiatique sans précédent, touchant aux sujets sensibles qui animent le débat national. De sa tentative de vouloir modifier l’article 37 de la Constitution pour briguer un autre mandat, le président du Faso semble dire que sa candidature dépenderait de lui seul. Faisant ainsi fi de toutes les dispositions constitutionnelles actuelles que tout citoyen de ce pays est tenu de respecter.

Du Sénat qui passe difficilement au sein de la population, le locataire du palais de Kosyam, lui, s’évertue à vanter les mérites de l’institution dont l’illégitimité ne souffre d’aucun doute. Alors, combien de temps et quelle force d’argument faudra-t-il pour que certains comprennent que le Sénat, sincèrement, n’ajoutera aucune plus-value à la valeur législative actuelle, elle-même, qui mérite une amélioration démocratique. Concentrons donc nos forces à donner à notre Assemblée nationale, d’abord, toute sa légitimité populaire. D’ailleurs, la sagesse africaine nous enseigne que « mieux vaut une chèvre qui met bas, qu’une vache stérile ». Halte donc aux railleries pour ne pas ajouter, au regard de certaines déclarations hasardeuses, une couche supplémentaire aux controverses sociales que, du reste, nous avons toutes les peines à contenir.

La fâcheuse impression qui se dégage est que le pouvoir de la 4e République minimise, on ne sait pourquoi, la fronde sociale qui pourrait ébranler dangereusement l’unité nationale et la paix dont on se gargarise souvent d’être les chantres en Afrique. N’étouffons pas la société dans le carcan d’un débat porteur d’un terrible fardeau du chaos. Bien entendu, le pire dans cette histoire étant l’effondrement total de l’Etat. Ce sera donc la faute à ceux à qui on montre la lune par le doigt et qui se contentent seulement de regarder le doigt au lieu de la direction de celui-ci. Autant que faire donc, le réveil risque d’être fatal. Car, au-delà des questions purement politiques pour lesquelles se vouent aux gémonies les hommes politiques, il y a des préoccupations sociales plus urgentes qui se dessinent à l’horizon. En effet, à la rentrée scolaire prochaine, et dès la première semaine de celle-ci, une bonne brochette de syndicats coalisent leurs plate-formes pour aller en grève.

Pour qui connaît la fragilité du tissu scolaire, dira qu’il était mieux de tout faire pour éviter d’en arriver là. Sans être prêcheur de l’apocalypse, cette grève annoncée pour le 4 octobre est symptomatique d’un malaise social général. Car, il n’est pas exclu de voir les autres corporations professionnelles s’inscrire dans la même dynamique revendicatrice. Et, étant donné que la crispation sociale a atteint un certain paroxysme, l’inquiétude de voir la moindre étincelle occasionner l’enlisement est grande. Gageons donc que chacun descendra de son piédestal pour éviter l’ouragan qui souffle de si près. De toute façon, on en était prévenu .

La Rédaction

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