« Années 90, les universités africaines sont des foyers de contestations, annonciateurs des grandes luttes contre les régimes dictatoriaux qui ont abouti au fameux sommet de la Baule consacrant la grande foire des démocraties africaines.
Albert Ouédraogo était alors un membre actif de l’ANEB à l’ESSEC, actuelle UFR SEG(membre du bureau exécutif national de l’ANEB, membre du bureau sectoriel de l’Ecole Supérieure d’Economie er de Gestion où il était étudiant). Le régime militaire Compaoré ne voulait pas de contestataires. Albert Ouedraogo est tout de suite identifié comme un des meneurs au même titre que Dabo Boukary, Sanou bakari, Alexandre Sankara et Dorethée dit Dothée. Les forces de l’ordre font une descente musclée sur le campus en Mai 90 avec pour mission de les arrêter tous. Beaucoup sont arrêtés et torturés violemment. Dabo Boukary, étudiant en médecine trouvera malheureusement la mort. Son dossier attend toujours en justice. Certains sont enrôlés de force dans l’armée. Albert Ouédraogo et d’autres camarades entrent dans la clandestinité. Il passera « deux ans caché dans une villa à Zogona » nous rapporte un de ses promotionnaires. L’ANEB est dissoute, tous les meneurs sont exclus de l’Université de Ouagadougou ; ils sont interdits d’inscription dans toute université et institut supérieur du Burkina. Pire, ils n’ont pas le droit de quitter le pays. Dans la clandestinité, ils organisent l’association qui fonctionne à minima avec 4 membres.
1992, l’ANEB renait de la volonté des autorités de rouvrir le débat démocratique, Albert Ouédraogo revient s’inscrire en Gestion à l’université de Ouagadougou. Il s’impose à la classe en brillant par ses notes, forçant l’admiration de ses professeurs et « est classé major de sa promotion » nous confie un de ses promotionnaires qui dit du nouveau premier ministre burkinabè « qu’il est un gros travailleur ». Une autre promotionnaire d’Albert Ouedraogo explique qu’ « en classe, il s’asseyait toujours devant et n’aimait pas bavarder ». Sa courtoisie, les gens en parlent, « Albert est très respectueux et il est d’une courtoisie à vous gêner», explique encore une de ses connaissances, confirmant tout le bien qu’on dit de lui.
Ce tempérament contraste avec son caractère de lutteur; « sur le campus quand on voit Albert avec ses camarades de l’Aneb, nous savions automatiquement qu’ils avaient un coup en préparation », confie sa promotionnaire de 2eme année.
Albert Ouédraogo n’a pas voulu travailler à la fonction publique « c’est un homme très droit, c’est un homme de conviction » révèle un de ses camarades «il aime les défis et s’il a toutes les cartes en main, il peut exécuter toutes les réformes de la charte » ajoute-t-il. ».