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Burkina Faso : la ville de Thiou vidée à plus de 90 % de sa population. (Djibril Diallo, chef de Thiou)

Publié le samedi 26 fevrier 2022  |  netafrique.net
Burkina
© Autre presse par DR
Burkina Faso : la ville de Thiou vidée à plus de 90 % de sa population. (Djibril Diallo, chef de Thiou)
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Thiou se vide. Face aux nombreuses menaces et attaques terroristes, cette commune située dans le Yatenga, région du Nord a vu partir plus de 90 % de sa population. C’est ce que relate Djibril Diallo, chef de Thiou au micro de Brigitte Yoda.

Radio Oméga : Vous faites parti des notables, chefs religieux, personnes ressources qui ont été approchés par les nouvelles autorités. Quel a été l’objectif de la rencontre avec le Chef de l’Etat?

Djibril Diallo : Je n’ai pas été à la rencontre mais j’ai envoyé des gens pour me représenter. La rencontre avait pour but de trouver une solution contre l’insécurité, les problèmes économiques et sanitaires.

Radio Oméga: Parlez-nous de votre commune Thiou, dans le Yatenga, région du Nord. Quelle est la situation au plan social, sanitaire, économique et surtout sécuritaire ?

Djibril Diallo : Je n’ai pas peur de vous dire aujourd’hui, que les deux communes les plus souffrantes au Burkina sont Thiou et Djibo. Je viens de recevoir plus de 10 appels, tout le village est devenu vide. Dans ma cour il y avait une trentaine de personnes mais aujourd’hui il ne reste plus que 5 personnes et c’est la même chose à Djibo. Les rebelles [ groupes armés terroristes] ont demandé de quitter la commune, la pluviométrie n’as pas été bonne et tout le monde est orpailleurs. Un autre problème est que notre voie, qui était une voie nationale 2 ne marche plus.

Radio Oméga : Vous avez parlé de gens qui vous ont intimés l’ordre de quitter le village, connaissez-vous leur identité ? D’aucun parle d’hommes armés non identifiés, d’autres disent qu’il s’agit de Burkinabè qui attaquent leurs frères. Quel est votre avis sur la question ?

Djibril Diallo: Forcément il y a des gens non identifiés mais il y a certaines personnes que nous connaissons. Moi personnellement j’ai eu à conduire une délégation dans la commune de Thiou trois (03) fois pour rencontrer des responsables rebelles [ groupes armés terroristes], on avait discuté et tout allait bien. Mais depuis un certains temps, je suis malade et je suis installé à Ouaga, donc les démarches ont reculé.

Radio Oméga: Mais combien de personnes il y avait dans votre commune avant tous ces problèmes?

Djibril Diallo : Dans notre commune il y avait 48 000 habitants composés de Mossi, Peulhs, Dogons et de Kalinsés, une ethnie qui n’existe que dans la région. Certaines personnes composent des castes comme les forgerons et les griots. Tout le monde s’entendait bien.

Radio Oméga: Et combien il en reste aujourd’hui ?

Djibril Diallo : Il doit y avoir au moins 2/3 de la population qui est partie. Mais la ville la plus touchée c’est la ville de Thiou. Les autres villes sont touchées mais pas autant que Thiou où 90 ou 95% de la population est partie.

Radio Oméga: Où sont-elles allées ?

Djibril Diallo : Certains sont allés en brousse et cela veut dire que ce n’est pas toutes les personnes qui sont en brousse qui sont des rebelles [ groupes armés terroristes]. D’autres n’ont pas de solutions parce que entre Thiou et Ouahigouya, il y a pas de véhicule. Il y a quand même certains à Ouahigouya.

Radio Oméga : Quel rapport votre représentant vous a fait de la rencontre avec le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba?

Djibril Diallo: Chacun a donné son point de vue et quant à moi, il faut utiliser 3 stratégies. Il faut frapper les rebelles, chez nous les peulhs un proverbe dit que lorsque tu danses avec un aveugle il faut le piétiner pour qu’il sache qu’il est avec quelqu’un. Il faut aussi discuter avec eux et faire en sorte que les populations reviennent dans leur localité d’origine.

Radio Oméga : Comment faire pour les frapper quand on sait que certaines personnes sont avec eux par contrainte ou qu’on a du mal à connaitre les identités ?

Djibril Diallo: C’est pourquoi on parle de discussions. Essayer de dire à ceux qui ne sont pas rebelles [ groupes armés terroristes] de revenir, là on pourra frapper.

Radio Oméga: C’est peut-être très tôt mais est-ce que vous pensez qu’avec l’arrivée des nouvelles autorités, les populations peuvent garder espoir que la situation va s’améliorer ?

Djibril Diallo : Il y a espoir par rapport à ce qu’ils ont dit depuis qu’ils sont arrivés. Il y a espoir parce que se sont des militaires. Peut-être qu’ils pourront donner à leurs collègues les moyens de faire la guerre. En conclusion il y a espoir et il y aura une solution à ce problème.
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