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L’Express du Faso N° 3605 du 11/9/2013

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Association des Burkinabè de Nice : « il faut éviter de faire l’exil zéro » dixit Nazaire Ouédraogo
Publié le jeudi 26 septembre 2013   |  L’Express du Faso


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© Autre presse par DR
Association des Burkinabè de Nice : « il faut éviter de faire l’exil zéro » dixit Nazaire Ouédraogo


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A Nice sur la Côte d’Azur, les Burkinabè sont regroupés en association. Porté à la tête de l’Association depuis septembre 2012, Nazaire Ouédraogo conduit la destinée des compatriotes au sein d’un bureau de 5 membres. Arrivé sur la Côte d’Azur dans les années 99, il est depuis 2007 le chef adjoint mécanique des dameuses sur la station de ski de Isola 2000, localité située à 120 km de Nice ville. « Je suis le seul Burkinabè qui y travaille », nous a-t-il confié, à l’occasion des Jeux de la Francophonie.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, dites-nous, qu’est-ce une station de sky ?
Une station Ski pour faire plus simple, c’est une sorte de village où l’on vient pratiquer le ski qui lui-même est un sport d’hiver qui n’est pas adapté à notre culture africaine, mais est très pratiqué en Europe. Je fais partie de ce système qui compte beaucoup d’avantages. Par contre, ce qui se passe à GESKIVA (c’est le lieu exact où se situent les pistes pour skier) ne m’intéresse pas. Mes enfants s’appliquent très bien en la matière, et mon premier a eu la coupe de meilleur Skieur d’Isola 2000.

Comment les Burkinabès se débrouillent-ils à Nice, quand on sait que c’est l’une des villes les plus chères de France ?

Je dirai même que Nice, c’est la ville la plus chère et la plus belle de la France. Mais je remercie tous les compatriotes qui vivent ici à Nice car ce sont les meilleurs tant au niveau de la discipline, du dévouement que du comportement au quotidien. En tant que président qui assume et qui respecte nos valeurs traditionnelles, on n’a pas de problèmes avec qui que se soit, même pas de reproches sur le comportement d’un compatriote. Et ceci est vraiment à l’honneur de nous, Burkinabè, vivant à Nice. C’est vrai que c’est dur mais on s’accroche, un bon burkinabè s’adapte à tout et sur tous les plans.

Comment vous organisez-vous dans la communauté ? D’où tirez-vous vos ressources ?

L’association vit sur les cotisations mensuelles de ses membres fixées à 5 euros (environ 3275 frs CFA) par mois, soit 72 euros (47200 CFA) par an. Ce qui pose de sérieux problèmes, c’est que les Burkinabés ne cotisent pas, et cela dénote de l’incapacité du président et de son bureau. On aimerait qu’ils s’investissent davantage, car les autres nationalités font plus que nous ; pourtant ils ne sont pas aussi bien organisés que nous. Nous arrivons à nous rencontrer régulièrement, mais nos compatriotes sont réticents aux cotisations.

Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés ?

Le problème majeur auquel nous sommes confrontés actuellement à Nice, c’est le cas de nos compatriotes vivant en Italie qui quittent leur région tout en pensant que nous pouvons les aider, pour leur intégration. Je ne vais pas vous mentir : l’association des ressortissants burkinabè à Nice n’a pas les compétences de le faire. Nous ne pouvons pas venir en aide à des gens en difficultés. Nous sommes une association reconnue sous la loi 1901 de la loi française. Notre association, connue sous cette loi, a été agréée par la préfecture de Nice. Donc, on ne peut se permettre de vouloir aider un burkinabè en difficulté dans un autre pays parce qu’on n’a pas les capacités et les textes ne nous le permettent pas. Sinon, les Burkinabès sont bien intégrés, que se soit ici ou ailleurs. Je veux qu’au pays, l’on sache que les fils et filles qui sont là s’adaptent bien malgré la cherté de la vie. Et nous comptons beaucoup sur leurs bénédictions, puisque c’est grâce à ces bénédictions que nous arrivons à nous en sortir.

Avez-vous régulièrement des nouvelles du pays ?

Grâce à vous nous parvenons à avoir les informations sur tout ce qui se passe au pays. Franchement, nous sommes toujours au diapason des réalités du pays. Et en plus, le président que je suis est même fréquent au Burkina. Je rentre deux fois par an car j’aime bien ma patrie. Au lieu de passer mes congés dans un autre pays, je préfère le faire chez moi. Parce que quoi qu’on fasse, le Burkina reste et demeure notre patrie et la pierre que j’ai portée dans ma poche reste là-bas. C’est donc notre fierté et beaucoup de compatriotes en font autant.

Pendant le séjour de la délégation burkinabè pour les jeux de la Francophonie, avez-vous constaté quelque chose qui ne vous a pas plus? Que pensez-vous du comportement d’ensemble de la délégation?

C’est une très bonne question qui me donne des frissons. Je suis fier et ravi de recevoir une délégation aussi forte de Burkinabè sur le territoire français et spécifiquement à Nice. C’est une grande fierté pour moi et pour toute la communauté burkinabè de Nice. Ceci dit, nous n’avons rien constaté d’anormal. Pendant tout le séjour, l’intégration des burkinabè s’est faite toute seul et c’est une grande fierté pour nous Burkinabè, de dire demain avec grandeur, que nous avons été exemplaire. Une fois encore, je dirai merci à notre gouvernement qui a œuvré à ce que ce séjour soit effectif.

Pour ceux qui sont tentés par l’aventure et en plus sans des papiers en règles, je me permets de leur dire que ce n’est pas la bonne solution car le Burkina Faso est vraiment un havre de paix et un modèle de stabilité dans le monde. Il faut être fier d’être burkinabè et ne pas tenter une aventure dans l’illégalité. Ici à Nice nous sommes un exemple et le consul, avec qui nous entretenons de très bonnes relations, pourra témoigner. Sortir du pays sans raisons valables et en plus sans papiers, ce n’est pas vraiment le fort d’un burkinabè.

Les Burkinabè repartent presqu’au complet. Un commentaire ?

Je suis un président comblé qui peut marcher fièrement dans les rues de Nice sans qu’on ne m’interpelle pour me dire que « nous avons interpellé un de tes compatriotes » ou recevoir un coup de fil me convoquant à la police parce qu’un compatriote a disparu. J’ai beaucoup déploré la fuite des athlètes qu’ont connu les autres nationalités. (NDLR : l’interview a été réalisée avant la fuite du deuxième gardien de but des Etalons juniors et d’un athlète).

J’ai toujours demandé aux compatriotes d’éviter de montrer un visage peu reluisant du Burkina à l’extérieur car ici, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, ce n’est pas l’« Eldorado » car une fois que tu prends tes perdiemes, tu payes ton loyer, tes assurances etc. il ne te reste plus rien. Il faut éviter de faire l’exil zéro.

Donc, on ne veut pas que nos frères et nos enfants fassent de faux pas. Que des études les amènent oui, et qu’ils s’en sortent oui, mais il ne faut pas qu’ils fassent l’aventure forcée.


Réalisée à Nice par

Ibrahim BAYILI

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