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France- Russie -Wagner: Les africains, véritables dindons d’une farce géostratégique

Publié le jeudi 24 fevrier 2022  |  Lebanco.net
Burkina
© Autre presse par DR
Burkina Faso: intervention du Groupe Wagner
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Comme ça, quatre soldats de la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA), Français comme par hasard, commis à la sécurité de leur chef d’état-major, le général Stéphane Marchenoir, lui aussi Français, auraient voulu assassiner le président Faustin Archange Touadéra qui rentrait de voyage ! . Alpagués le lundi 21 février à l’aéroport de Bangui où ils venaient de déposer leur patron, les comploteurs présumés ont été présentés au juge qui a décidé l’ouverture d’une enquête. Sous réserve de preuves tangibles et irréfutables, ça sent l’entourloupe. Alors, question à un million de roubles : que peut-il bien y avoir de commun entre la RCA, le Mali et l’Ukraine ? Autrement dit, entre un pays en plein cœur de l’Afrique de 623 000 km2 pour une population de 5 millions d’âmes au sous-sol réputé riche ; un Etat sahélien de 1,2 million de kilomètres carrés dont les 20 millions d’hommes et de femmes sont en plein tourbillon terroriste dans le Sahel et l’une des ex-républiques soviétiques indépendante depuis 1991 suite à l’effondrement du Glacis, 603 000 kilomètres carrés pour 44 millions d’habitants à la frontière orientale de l’Europe ? Apparemment aucune similitude entre les trois sauf que, ici comme là, ce sont les nouveaux théâtres où se joue la pièce mélodramatique des rêves de grandeur de la Russie depuis que Vladimir Poutine s’est installé au Kremlin voilà maintenant 22 ans.

C’est bien connu, cet ancien colonel du KGB, les services secrets russes, qui n’a jamais digéré la dislocation de l’URSS est tenaillé par une obsession : rendre à l’Empire sa gloire et sa puissance perdues. Et pour cela, le nouveau tsar ne lésine sur aucun moyen : de la mise au pas de certains Etats croupions trop indépendants à son goût voire, comble de l’infamie, trop proches du Satan occidental comme c’est le cas de l’Ukraine en ce moment à une diplomatie particulièrement agressive sur des terres réputées jusque-là être le pré carré de quelque puissance moyenne comme la France à l’érection de la désinformation, de la manipulation à l’échelle industrielle comme nouvelle arme de guerre jusqu’à l’assassinat de ses propres compatriotes, tout y passe. A la guerre comme à la guerre et contrairement à ses adversaires qui ne se donnent pas toujours les moyens de défendre leurs valeurs quand ils ne sont pas piégés par leur système démocratique, Poutine, qui n’a de comptes à rendre à personne, est d’une froideur implacable. Et s’affirme en véritable maître du jeu dans cette nouvelle guerre froide qu’il impose à l’Occident.

Quelque part, on n’est pas forcément mécontent de voir l’Ours jouer avec ses grosses pattes sur des platebandes considérées comme acquises il n’y a pas si longtemps et être ainsi le poil à gratter d’un Occident qui peut se permettre tout et son contraire depuis que le plantigrade a perdu de sa superbe, s’enlisant l’âme en paix dans des relations internationales à géométrie variable, à la tête du client. Ce rééquilibrage n’est donc pas forcément mauvais.

Qu’à cela ne tienne, les Africains devraient se garder de prendre les vessies russes pour des lanternes malgré le désamour de plus en plus prononcé entre nous et l’ancienne puissance tutélaire française qui, convenons-en, n’a jamais rien fait pour se faire aimer, bien au contraire. N’est-ce pas cette « douce et généreuse France » qui, malgré les indépendances formelles des années 60, s’est bien assurée de tenir ses anciennes colonies en laisse comme des caniches incapables de faire autre chose si ce n’est suivre leur maître ? N’est-ce pas la même qui, sous couvert de partenariat et de coopération, a scrupuleusement mis nos économies sous tutelle et exploité honteusement nos ressources naturelles ? N’est-ce pas cette patrie des droits de l’homme qui a souvent soutenu des régimes dictatoriaux et perpétré des coups d’Etat pour installer au pouvoir ses valets locaux dès lors que ses intérêts étaient menacés ? N’est-ce pas…? On pourrait multiplier à l’infini ces exemples qui ont, au fil du temps, contribué à écorner l’image du coq gaulois dans sa basse-cour africaine tant et si bien qu’aujourd’hui, les poussins du dernier hivernage ne veulent plus le voir, pas même en peinture.

Mais de là à ce que, à cause de ce dépit, on se jette dans les bras du premier hâbleur venu, les Africains gagneraient à ne pas être les dindons d’une farce géostratégique qui, de Bangui à Bamako en passant par Kiev, les dépasse. Un dicton bien de chez nous ne dit-il pas que lorsque les éléphants se battent, c’est l’herbe qui en souffre le plus ? Certes, quand on se noie, comme c’est le cas du Mali depuis une bonne décennie, du Burkina, du Niger ou de la Centrafrique, on est prêt à s’accrocher à tout, même au serpent le plus venimeux qu’on prend pour une liane salvatrice, mais il y a comme beaucoup de naïveté dans cette posture quasi puérile. Pourquoi, du reste, devrions-nous nous défaire des chaînes d’un exploiteur si c’est pour nous enchaîner ensuite, en toute souveraineté, à un autre maître présumé plus humaniste, désintéressé et désincarné ? Pauvres de nous !

Quand on voit certains brandir sur les bords du Djoliba ou du Kadiogo la bannière tricolore russe lors des manifestations, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit assurément là des « idiots utiles » dont parlait justement un certain Lénine et que les plus cyniques utilisent comme marchepieds pour parvenir à leurs fins. Comme Poutine et ses barbouzes de Wagner qui se fichent en réalité du sort des pauvres négrillons mais du moment qu’ils peuvent servir leur impératif de puissance en les cadeautant généreusement au passage à coup de concessions minières, pourquoi se priveraient-ils de les manipuler à leur guise à grand renfort de fake news, lesquelles, de nos jours, font sans doute plus de ravages que les armes conventionnelles ?
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