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Utilisation du gaz dans le taxi : même s’il faut utilisé le solaire…

Publié le mercredi 23 fevrier 2022  |  Sidwaya
Gaz:
© Autre presse par DR
Gaz: le ministère du Commerce soupçonne des distributeurs de créer une pénurie
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L’utilisation du gaz butane comme combustible par les véhicules n’est jusque-là pas homologuée au Burkina Faso. Pourtant, elle est devenue une pratique presque normale dans le domaine des taxis à Bobo-Dioulasso. Cette violation flagrante de la loi se fait au vu et au su de tous, malgré les efforts d’une police municipale « impuissante ». A cette pratique illégale, vient se greffer la vétusté du parc, constitué pour la plupart, de taxis dénués de tout confort. Focus sur ces difficultés qui minent le secteur du taxi dans la capitale économique burkinabè.

Il est midi (12h) passé de quelques minutes, ce mardi 1er février 2022. Assis à l’ombre d’un manguier, devant son domicile situé à quelques encablures du stade Sangoulé Lamizana, Arouna Drabo, le président des chauffeurs de taxi du Houet est désemparé sur la question de l’utilisation du gaz butane comme combustible par les taxis. « Nous avons conscience du danger, mais nous allons faire comment ? Le carburant de 300 F CFA ne permet pas de prendre une personne au stade et la déposer au grand marché », lâche-t-il. Pour lui, la situation est telle que les taximen sont obligés de suivre la tendance du gaz. Et de poursuivre qu’en faisant une comparaison entre le gaz et le gasoil ou l’essence, le choix est vite fait. « Le gaz est moyennement plus économique que l’essence ou le gasoil. Même si nous pouvions rouler avec le solaire, nous le ferons, pourvu que cela nous permettent d’économiser », avoue sans hésitation M. Drabo le premier responsable des chauffeurs de taxi. Il ne comprend d’ailleurs pas pourquoi l’on crie au scandale quand les taxis utilisent le gaz comme combustible. « Ce sont les taxis qui ont une mauvaise renommée seulement. Sinon beaucoup de véhicules personnels de la ville fonctionnent actuellement avec du gaz », avance t-li avant de renchérir que le gaz représente un danger permanent dans les ménages, mais cela n’empêche pas qu’on l’utilise.

Le gaz désormais autorisé
Tous les taxis utilisant actuellement le gaz comme combustible ne peuvent pas passer leur visite technique au Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA). D’où l’espoir de M. Drabo, de voir les autorités compétentes régulariser définitivement la pratique du gaz. « Sous le régime passé, ils avaient décidé de former des gens dans la transformation sécurisée des taxis en système à gaz pour que nous puissions désormais rouler paisible-ment », se réjouit Arouna Drabo, tout en espérant que les nouveaux dirigeants s’inscriront dans la même dynamique. Le même espoir est affiché par le président du Syndicat des taxis du Houet, Moussa Bamba.

« La Direction des transports a envoyé des techniciens qui sont venus nous signifier que le gaz est autorisé mais pas n’importe quel gaz », informe le taximan. Dans ce sens, précise le Directeur régional des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Dramane Gamané, la question de l’utilisation du gaz par les taxis constitue une priorité pour le ministère en charge des transports. « La pratique a longtemps été interdite mais au vu de l’ampleur qu’elle prend, le ministère s’est dit qu’il y a lieu de l’encadrer », fait-il savoir. A l’en croire, le processus d’homologation de l’utilisation du gaz butane dans les véhicules est bien avancé, avec à l’appui une relecture des textes. « Selon les textes, l’utilisation du gaz comme combustible dans les véhicules est désormais possible au Burkina Faso », annonce-t-il. M. Gamané souligne toutefois que toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour l’entrée en vigueur de ces textes.

Conséquences « minimes » du gaz
Le processus, dit le directeur régional en charge des transports, se poursuit toujours. Et sur la question, un comité a même été mis en place au niveau de la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM). Ledit comité, chargé de faire une tournée dans les différentes régions pour échanger avec les structures des taximen, a même séjourné dans la ville de Bobo-Dioulasso, aux dires du directeur régional. « Ils ont pu rencontrer les structures de taximen et également les transforma-teurs pour échanger sur le sujet. Le projet a été bien accueilli par les taximen », se rappelle-t-il. Au sortir de cette rencontre de Bobo-Dioulasso qui a porté surtout sur les techniques de transformation des véhicules, le comité s’est rendu compte que les conséquences liées à l’utilisation du gaz étaient minimes, foi de Dramane Gamané.

Le comité, relève-t-il, présentera un rapport à la fin de sa tournée et ce rapport devrait permettre au ministère de décider. Et d’ajouter que le Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA), la seule structure habilitée à autoriser la transformation des véhicules au Burkina Faso, est chargé d’édicter une norme spécifique pour la transformation des taxis à gaz. Dramane Gamané indique que quand le véhicule est transformé, il lui faut une nouvelle carte grise parce que le combustible d’origine a changé. Ce qui justifie logiquement jusqu’à ce jour, à ses yeux, l’interdiction du gaz dans sa pratique. « Malheureusement aujour-d’hui, beaucoup de taximen roulent avec le gaz sans actualiser leur carte grise parce que la transformation n’est pas homologuée par le CCVA », fait-il remarquer. Pour le Directeur de la police municipale de Bobo-Dioulasso, l’inspecteur Seydou Coulibaly, l’interdic-tion de l’utilisation du gaz comme combustible par les véhicules, à ce jour, ne souffre donc pas de débat. « Pour le moment, le gaz est interdit par la loi. Le butane ne doit pas servir de carburant. La source d’énergie est mentionnée sur la carte grise », confie brièvement le premier responsable de la police municipale de Bobo-Dioulasso.

Le renouvellement du parc, une alternative

Estimant que la pratique a la peau dure dans la cité de Sya, Seydou Coulibaly raconte que lorsque qu’il a « sommé » les conducteurs de taxi contre l’usage du gaz, les conducteurs de tricycles se sont ralliés à eux contre lui. Pour Seydou Coulibaly, le renouvellement du parc de taxis serait une alternative à l’utilisation criante du gaz dans le secteur du taxi dans la ville de Bobo-Dioulasso. « Les taxis ont besoin d’un renouvellement du parc pour redonner confiance aux citoyens à les emprunter sans courir de risques. Une enquête au sein de la population l’a révélé », relève-t-il. Parlant de renouvellement du parc, le second vice-président de la fédération provinciale des chauffeurs de taxis du Houet qui regroupe trois associations et deux syndicats, Amadou Traoré, est unanime sur sa nécessité. Plus de 2 000 taxis sont à ce jour recensés au niveau de la faitière et la majorité de ces taxis, reconnait-il, sont « fatigués ». « Ceux qui sont en bon état sont très peu », regrette ce responsable du secteur du taxi bobolais. Et d’ajouter que la faîtière a déjà eu une rencontre avec le ministère en charge des transports sur un éventuel renouvellement du parc des taximen qui le désirent. Le renouvellement, pour Amadou Traoré, permettra d’avoir des taxis répondant aux goûts des clients, car le confort de la majorité des taxis bobolais ne convient pas aux clients d’un certain ‘’standing’’. « Aujourd’hui, quand vous vous rendez à l’aéroport de Bobo-Dioulasso, vous remarquez que les taxis n’y sont pas, car ils savent qu’ils ne conviennent pas à la clientèle qui s’y trouve », prend-il en exemple. Sur la question du renouvellement du parc, le Directeur régional en charge des transports des Hauts-Bassins précise que l’initiative s’inscrit dans le cadre du Projet d’appui à la modernisation du secteur des transports et à la Facilitation du commerce (PAMOSET-FC), un programme financé par la Banque mondiale et suivi par le Programme sectoriel des transports (PST). Ce projet dont la première phase a été déroulée, à écouter le directeur Gamané, concerne surtout les véhicules de transport de marchandises et met l’accent sur les micros, les petites et moyennes entreprises.

Pour la seconde, annonce Dramane Gamané, il est envisagé la relecture du manuel de procédures pour tenir compte des petits transporteurs. Le renouvellement du parc des taxis, à l’entendre, devrait attendre. « Nous verrons dans quelle mesure nous pourrons étendre le renouvellement du parc aux taxis », avance le premier responsable de la direction des transports de la région. Il exhorte néanmoins les transporteurs de façon générale et les taximen en particulier, à mieux s’organiser pour en bénéficier. « Il faut obligatoirement que les transporteurs puissent se constituer en groupes d’entreprise », suggère-t-il.

Alpha Sékou BARRY
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