Alors que le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba sera investi demain 17 février 2022 président du Faso, les réactions se poursuivent sur sa manière « non démocratique » de prendre le pouvoir. La déclaration suivante est l’Association des étudiants burkinabè en France (AEBF).
Le 24 janvier 2022, l’un des clans putschistes de l’armée néocoloniale burkinabè a perpétré un coup d’État réactionnaire, en mettant aux arrêts le Président Roch Marc Christian Kaboré. Réuni au sein du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), les putschistes avec à leur tête un des anciens éléments du défunt tristement célèbre Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP), Paul-Henri Sandaogo Damiba, ont décidé des premières mesures suivantes :
· la suspension de la constitution ;
· la dissolution du gouvernement ;
· la dissolution de l’Assemblée nationale ;
· la fermeture des frontières ;
· l’instauration d’un couvre-feu.
Conformément à son orientation patriotique et révolutionnaire, l’AEBF a toujours affiché son opposition de principe vis-à-vis des coups d’État puisqu’ils sont toujours d’essence réactionnaire. De ce fait l’AEBF dénonce le coup d’État du MPSR du 24 janvier 2022.
Ce putsch intervient dans un contexte marqué par la faillite de l’État néocolonial et de toutes les institutions (armée néocoloniale, justice bourgeoise, Assemblée nationale passoire, gouvernement incapable, école et système de santé en totale déconfiture, etc.).
En effet, l’exacerbation de la crise sécuritaire a créé une véritable crise sociale, politique et humanitaire ces derniers mois, confirmant une fois de plus nos analyses à savoir que le pouvoir MPP et alliés est congénitalement incapable de répondre aux aspirations des populations en ville comme en campagne.
La déconfiture totale du régime MPP et alliés, qui a méprisé le peuple et sa jeunesse, ainsi que son refus manifeste de former et équiper conséquemment les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et les VDP a livré les populations et les soldats en première ligne et sans moyens et vivres aux attaques des groupes armés terroristes.
Les FDS sont de véritables victimes de la corruption et de l’affairisme de la hiérarchie militaire, alliée du pouvoir fascisant du MPP. A titre illustratif, pendant que notre peuple comptait plus de 2000 victimes civiles et militaires et plus de 1 300 000 personnes déplacées internes majoritairement des femmes et des enfants du fait des attaques terroristes, 53 gendarmes étaient assassinés par les groupes terroristes le 14 novembre 2021 à Inata parce qu’affamés et abandonnés durant deux semaines sans soutien aucun malgré leurs multiples appels au secours.
Cette situation a clairement montré à l’opinion les dysfonctionnements criants et la gestion chaotique au sein de l’armée néocoloniale en décomposition avancée. Ce drame qui est survenu quelques mois seulement après le massacre de Solhan a conduit l’impopularité du régime MPP et alliés à son sommet, et ravivé la colère au sein du peuple et de la jeunesse populaire.
Cela s’est traduit par des manifestations dans diverses régions du pays (Fada, Dori, Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Titao, Ouahigouya, Kaya, Tougan, etc.). C’est dans cette vague d’indignation que les vaillantes populations de Kaya ont bloqué le convoi militaire de l’armée d’occupation française dans notre pays, témoignant du combat de notre peuple contre la domination militaire étrangère et pour son aspiration à la souveraineté.
Ainsi, profitant de la colère des populations et des soldats, les clans putschistes au sein de l’armée néocoloniale vont se mettre en branle pour opérer un coup d’État défensif et réactionnaire dans le but ultime de sauver le système néocolonial, menacé par l’impopularité de Roch Marc Christian Kaboré dont le maintien à terme pouvait générer des mouvements populaires, voire un approfondissement de la crise révolutionnaire qui secoue le pays.
Pour l’AEBF, l’un des objectifs importants de ce coup d’État est d’étouffer l’élan des luttes populaires par la répression et la restauration de « l’autorité de l’État néocolonial ». Cette répression a été annoncée dans le premier discours du président du MPSR Henri-Paul Sandaogo Damiba en ces termes « Je serai intraitable face aux actes de trahison des aspirations de notre peuple ». Evidemment, ces propos sont à prendre comme une menace à l’endroit des démocrates, patriotes et révolutionnaires sincères de notre pays qui oseraient dénoncer les agissements des putschistes.
Par ailleurs, ce coup d’État de plus dans l’histoire politique du Burkina Faso veut encore amener le peuple burkinabè à croire à l’avènement d’un « messie » qui le conduira vers sa souveraineté et l’amorce de son progrès. Or, ce messie, s’il existe, n’est autre que le peuple lui-même et sa jeunesse dans une unité d’action populaire pour le changement véritable tel qu’elle est en train de se forger sous nos yeux à travers les différentes coalitions et luttes qui se développent au Burkina Faso.
Au regard de ce qui précède, l’AEBF ne saurait cautionner le coup d’État du 24 janvier 2022. Par conséquent elle :
· dénonce le coup d’État défensif d’essence réactionnaire du MPSR ;
· exige le respect des libertés démocratiques et syndicales chèrement acquis dans le sang par notre peuple ;
· appelle les étudiants burkinabè en France à rester vigilants, à se démarquer des illusions putschistes, et à soutenir les luttes de notre peuple et de sa jeunesse pour un changement véritable.