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Art et Culture

Rituel coutumier au palais de Manéga : le « Soug-piili », une fête traditionnelle triennale

Publié le mardi 15 fevrier 2022  |  Sidwaya
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Le rituel de la reconfection et restauration des toits des chefs de Manéga a eu lieu, le dimanche 13 février 2022, au palais royal de la localité, située à une soixantaine de km au Nord de Ouagadougou. La cérémonie s’est déroulée en présence du chef de Manéga, Naaba Panantugri, plus connu sous le nom de Me Titinga Frédéric Pacéré.

La tradition s’est perpétuée au palais des chefs de Manéga. En effet, le « Soug-piili » ou le rituel de la reconfection et restauration des toits du palais des chefs de Manéga, qui se tient tous les trois ans, a réuni du monde, le dimanche 13 février 2022 dans l’enceinte de la cour royale. « C’est un rituel culturellement et historiquement de très haute portée parce que la première date du XIIe siècle », a indiqué le chef de Manéga, Naaba Panantugri (aigle royal huppé d’Afrique), à l’état civil Me Titinga Frédéric Pacéré. A cause des pluies ou des vents, à en croire le 32e chef de Manéga, les pailles ne peuvent durer que trois ans. Donc, a-t-il fait savoir, il faut refaire le palais sous l’angle des toits, appelé le « Soug-piili ». « Sougri » qui veut dire toit et « Piili » ou « Pilbou) qui signifie couvrir. Ce qui est important dans ce rituel, a-t-il justifié, toutes les communautés des 26 villages de Manéga se retrouvent pour partager le vivre-ensemble.

« Nous mangeons, nous travaillons ensemble, ce qui contribue à promouvoir la cohésion sociale », a-t-il souligné. La reconfection des toits a concerné les villages dont les chefs ont été intronisés par le Naaaba Panentugri. Pour ce rituel, a laissé entendre Me Pacéré, au moins une vingtaine de toits ont été construits. « Si la reconfection et la restauration sont faites, les membres de chaque village soulèvent son toit et à travers des danses rythmées de tam-tams, de castagnettes et de flûtes, ils font trois tours du palais avant d’aller le déposer sur la case », a-t-il expliqué. Il a précisé que cette phase du rite se passe à son absence . Lors du rituel, tous les groupes ethniques sont conviés mais, a-t-il soutenu, les Nionionssé ne participent pas au « Soug-piili ». Certaines personnes, a-t-il signifié, disent que s’ils contribuent, comme c’est la période des vents et des tempêtes, ils vont revenir emporter les toits. A écouter Naaba Panantugri, ils viennent quand même en soutien avec de la cola. Les Peulhs apportent du lait et les Yarcé qui sont des commerçants d’origine mandingue font des boules d’akassa qu’ils donnent à boire aux invités.

Pas de sacrifice le jour

Me Titinga Frédéric Pacéré a assuré que le « Soug-piili » est un rituel ouvert au cours duquel aucun poulet n’est tué pour un sacrifice. S’il y a lieu de consulter les ancêtres, a-t-il détaillé, c’est la veille que cela se fait. En ce moment, a-t-il dit, on peut tuer les poulets à tous les lieux sacrés de Manéga. « Mais c’est uniquement la famille du chef qui peut assister aux rites parce que c’est très confidentiel », a-t-il averti. Parmi les toits, celui appelé le « Poug-kiem-dogo » (la case de la première épouse en langue mooré) est le premier à être déposé sur la case. Pour l’habitant du village de Tambogo situé à 4 km de Manéga, Tambi Kabré, il s’agit de la case où se font les rites. Sa particularité, a-t-il poursuivi, à son sommet, on aperçoit une boule semblable à un œuf. Mais, de nos jours, a-t-il déclaré, le principal souci du rituel de la reconfection des toits est l’insuffisance des pluies qui rend l’accès de la paille difficile.

Le rituel coutumier de Manéga qui date du XIIe siècle avait été présidé par Oubri, en tant que conquérant de terre en présence du mythique Zida de Naaba Zidwemdé ou Dieu de Naaba Zida, a souligné l’actuel occupant du trône de Manéga. Dans son récit, la dernière citée est le « Saint des Saints du Mogho » de toutes les traditions ancestrales confondues. Ainsi, à l’occasion de la cérémonie de « Soug-piili » du chef de Manéga, une visite guidée des lieux a permis de se rendre sur la tombe de Naaba Zida, située à quelques encablures du musée de Manéga. « La tombe est reconstruite tous les trois ans avec du dolo pour marquer son caractère sacré », a-t-il fait savoir. D’autres monuments ont pu être également visités par les journalistes comme la stèle, située en face de l’école de Manéga, symbolisant la culture des Nionionssé. D’une hauteur de plus d’une vingtaine de mètres, le monument a été réalisé en 1979. Sur ce patrimoine culturel, on peut lire : « si la termitière vit, elle ajoute de la terre à la terre ». C’est pour dire, selon Me Pacéré, que les élèves qui vont sortir de ce centre, sachent qu’ils doivent ajouter quelque chose à ce qui est fait.

Aly SAWADOGO
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