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Le Quotidien N° 877 du 26/9/2013

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Recherche au Burkina: Passer du virtuel au concret
Publié le jeudi 26 septembre 2013   |  Le Quotidien




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« Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Des chercheurs qui trouvent, on en cherche. » Cette boutade du Général De Gaulle, à l’endroit du CNRS français, en son temps, est d’actualité au Burkina. Elle est emblématique des difficultés de la recherche scientifique au « Pays des hommes intègres ». Elle peut traduire deux réalités : soit la recherche est véritablement en panne et ne produit rien, soit elle est féconde mais manque d’appuis pour valoriser ses résultats. Le Burkina est en proie à tous les deux problèmes. La recherche n’est pas très visible tant du point de vue des trouvailles que de leur mise en valeur pratique. Tout semble nous venir de l’extérieur, même les technologies les plus simplistes. Est-ce la conséquence d’un manque de volonté politique ? Sans aucun doute. Car quoi qu’on dise, c’est l’Etat qui doit impulser la recherche, quitte à se faire accompagner par le privé. Or, que constatons-nous ? Nous avons affaire à des chercheurs qui se cherchent eux-mêmes. Ils sont mal payés, n’ont pas d’équipements, ni de financements. Cette précarité est en elle-même un frein à l’expansion de la recherche. Le CNRST (Centre national de la recherche scientifique et technologique), qui devait être le porte-drapeau et le fleuron de l’innovation et de la recherche, en est à végéter et à s’étouffer dans sa « forêt ».

Quand il fait parler de lui au grand public, c’est pour des revendications salariales des agents. Ce n’est pas glorieux. Et pourtant, le Burkina regorge d’hommes et de femmes compétents. Beaucoup d’entre eux -les plus courageux qui ne prennent pas le chemin de l’expatriation -parviennent, dans des conditions extrêmement difficiles, à faire mettre au point des technologies. Mais où sont les fruits de leur travail ? En quoi sont-ils bénéfiques à un pays qui en a pourtant énormément besoin ? Dans tous les secteurs, la recherche devrait avoir son mot à dire : agriculture, élevage, énergie, santé, TIC, etc. Le Burkina, classé parmi les pays les plus pauvres au monde, devait pouvoir compter sur ses hommes et femmes de sciences pour s’en sortir. Mais il en est toujours à l’étape où il doit subir la loi du sous-développement.

Mais l’espoir est là, aussi mince soit-il. Il a le visage de grandes écoles comme l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2IE). Né sur les décombres de l’ex-EIER-ETSHER, le 2IE est implanté tout à côté de l’université de Ouagadougou. Mais, pendant que cette dernière connaît des difficultés pour émerger, le 2IE s’impose de par le monde. Deux de ses pensionnaires, un Burkinabè et un Burundais, étudiants en master I, viennent d’ailleurs de réussir l’exploit de remporter le premier prix du jury et le prix du public à la Global social venture competition (GSVC) à Berkeley, en Californie, le 12 avril 2013, avec leur savon Faso soap. Ce savon, conçu à partir des ressources naturelles locales, permet de se protéger contre les piqures de moustiques. Voilà un exemple de trouvaille simple, pratique et adaptée aux besoins des populations. Toute chose que le Premier ministre burkinabè, Luc Adolphe Tiao, souhaite voir au niveau de nos chercheurs, quand il a déclaré, à l’ouverture d’un symposium sur la recherche, qui se tient à Ouagadougou : « Nous pensons qu’en Afrique, les chercheurs doivent se tourner vers les préoccupations des populations, de Telle sorte que les recherches soient liées au processus de développement ». Mais une fois de plus, tout n’est pas d’avoir des idées. Les deux jeunes étudiants de 2IE ont pu travailler à leur projet grâce à un cadre approprié et sérieux. Ce qui leur a valu une reconnaissance internationale. A défaut donc de pouvoir développer à l’échelle nationale des centres de formation et recherche performants, nos Etats ont intérêt à mutualiser leurs efforts dans des projets comme le 2IE. L’avenir du Burkina et du continent se trouve dans des initiatives inter- étatiques. Surtout, il est dans le développement de sa matière grise. Pour cela, les aventures solitaires ne semblent plus tout à fait de mise. Le cas du Burkina avec son CNRST sans équipements performants et aux résultats mitigés est à cet égard très parlant. Il montre bien qu’une Silicon Valley à la burkinabè n’est pas pour demain, dans ces conditions.

La Rédaction

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