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Procès Sankara : Pourquoi le parquet militaire a requis 30 ans contre Blaise Compaoré ?

Publié le jeudi 10 fevrier 2022  |  Minute.bf
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© Autre presse par DR
Procès Thomas Sankara: 30 ans de prison requis contre Blaise Compaoré et 20 ans pour le général Gilbert Diendéré
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Le procès Thomas Sankara et 12 autres suit son cours. Le mardi 8 février 2022, c’était au tour du parquet de formuler des réquisitions à l’encontre des accusés dont l’ancien président Blaise Compaoré, le Général Gilbert Diendéré, Jean-Pierre Palm, Hyacinthe Kafando…

Après les plaidoiries de la partie civile, place au réquisitoire du parquet militaire. Ce dernier a d’abord salué l’esprit de « transparence totale » qui a régné depuis l’ouverture du procès qui a facilité « le contraductoire. »

Revenant sur les faits et considérant que le véhicule du commando qui a assassiné Sankara est parti du domicile de Blaise Compaoré, le parquet a expliqué qu’il s’est agi d’un « complot » dont ce dernier était au courant. De même, en relatant que le commando était composé essentiellement des éléments de la sécurité de M. Compaoré, le parquet militaire a noté que ces éléments étaient armés de « kalachnikovs avec 3 chargeurs ; de pistolets automatiques et de mitrailleuses…», pour dire que « l’objectif principal du complot était de tuer Sankara. » Chose qui rendait le poste de président du Faso vacant profitant du même coup à Blaise Compaoré. Pour cela, a déclaré le parquet : « j’accuse Blaise Compaoré ! Oui ! Je l’accuse en le pointant de mon doigt accusateur de l’un des crimes les plus graves reconnus par nos lois. »
Ph : DR

En ce qui concerne l’accusation de recel de cadavre qui pèse sur l’ancien président, le parquet a argumenté qu’il a donné « instructions » pour que « l’inhumation (de Sankara et ses 12 compagnons d’infortune) soit faite pour empêcher toute tentative d’identification. » Pour preuve, il a rappelé que les tests ADN après exhumation n’ont pas pu aboutir parce que les tombes ayant été creusées entre « 22 et 47 cm de sorte que les corps subissent une dégradation accélérée. » Pour cela aussi, le parquet militaire a proposé qu’il soit reconnu « coupable de recel de cadavre. »

Le parquet a donc requis 30 ans de prison ferme contre Blaise Compaoré pour attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavre. Il a également demandé au tribunal de maintenir le mandat d’arrêt contre l’ancien président.
Hyacinthe Kafando (Ph : DR)

La même peine a été requise contre Hyacinthe Kafando, considéré comme le chef du commando qui a assassiné Sankara et ses 12 compagnons. Et ce, pour le chef d’accusation d’assassinat, l’accusé s’étant lui-même « vanté », selon le parquet militaire, d’avoir « tué le président Sankara pour remettre le pouvoir à Blaise Compaoré ». Le parquet le reconnaît également coupable « d’attentat à la sûreté de l’Etat », pour avoir conduit le commando qui a tué Sankara. Il a ainsi demandé que le mandat d’arrêt en cours contre ce dernier soit maintenu.
Le Général Gilbert Diendéré (Ph: DR)

Quant au général Gilbert Diendéré, le parquet a démontré qu’il est coupable d’attentat à la sûreté de l’État et de complicité d’assassinat car n’ayant entre autres, pas entrepris une quelconque action pour empêcher les événements du 15 octobre, alors qu’il était le responsable de la sécurité des lieux, et le second de Blaise Compaoré à la tête du Centre d’Entrainement Commando (CENEC) de Pô. Aussi, le parquet militaire le veut coupable de subornation de témoin notamment sur la personne de Abdramane Zetiyenga par le biais de son chauffeur Ninda Tondé dit Pascal alias Manga-Naaba. Pour tous ces faits, le parquet militaire a proposé la peine d’emprisonnement ferme de 20 ans contre Diendéré, tout en souhaitant qu’il soit maintenu en mandat de dépôt.

Parlant de subornation du témoin Zetiyinga, le sieur Ninda Tondé, présumé envoyé par Diendéré pour convaincre le témoin de ne pas l’enfoncer est reconnu coupable par le parquet militaire, qui a formulé la peine d’emprisonnement de 3 ans ferme et le payement d’une amende de 900 000 F CFA contre lui. Le parquet a souhaité qu’il soit maintenu en mandat de dépôt.
Jean-Pierre Palm (Ph : DR)

La surprise, notamment pour les avocats de la partie civile, est venue de la réquisition des 11 ans d’emprisonnement avec sursis pour Jean-Pierre Palm. « J’accuse Jean-Pierre Palm de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat » : a pourtant déclaré le parquet militaire, arguant que ce dernier a joué un rôle dans la réalisation du coup d’Etat et dans la destruction des preuves avec la destruction de la table d’écoute du service de renseignement.

En ce qui concerne l’accusé Bossobè Traoré, garde rapprochée de Thomas Sankara, considéré comme « la taupe » qui a donné le signal du mouvement du convoi présidentiel au commando, le parquet a requis 20 ans d’emprisonnement ferme contre lui. Il pèse sur lui les chefs d’accusation de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et de complicité d’assassinat.

Le parquet militaire a formulé la même peine de 20 ans d’emprisonnement ferme contre Nabonswendé Ouedraogo et Idrissa Sawadogo.

En outre, le parquet militaire a également formulé des acquittements pour certains accusés. Il s’agit notamment de Hamado Kafando et Jean-Christophe Alidou Diébré, les médecins militaires qui ont écrit « mort naturelle » sur le certificat de décès du président Sankara et certains de ses compagnons d’infortune. En effet, aucune poursuite n’ayant été engagée contre ces derniers depuis les évènements du 15 octobre jusqu’à récemment et conformément aux dispositions légales, le parquet militaire a évoqué l’argument de la prescription.

Après le réquisitoire du parquet, le tribunal a accordé 3 semaines à la défense pour se préparer à défendre ses clients. Le procès est donc suspendu pour reprendre le 1er mars prochain.

Franck Michaël KOLA
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