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Procès Thomas-Sankara et 12 autres : Gilbert Diendéré coupable, selon Me Prosper Farama

Publié le mardi 8 fevrier 2022  |  Sidwaya
Bobo
© Autre presse par DR
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Le procès du dossier Thomas-Sankara s’est poursuivi, le lundi 7 février 2022, au Tribunal militaire de Ouagadougou avec les plaidoiries de Me Prosper Farama et Anta Guissé, tous avocats de la partie civile.

Après 4 mois de débat pendant les audiences du Tribunal militaire dans le cadre du dossier Thomas-Sankara et 12 autres victimes, Me Prosper Farama est convaincu que le général Gilbert Diendéré, l’un des douze accusés à la barre, est coupable des faits de complicité d’assassinat et d’attentat à la sureté de l’Etat. L’avocat des ayants droit des victimes en a fait la démonstration hier de 9 heures à 12 heures devant le Tribunal délocalisé à Ouaga 2000. Et par voie de conséquence, Me Farama a invité le Tribunal militaire à déclarer le général Gilbert Diendéré coupable des deux chefs d’accusation. Concernant la complicité d’assassinats de Thomas Sankara et de ses compagnons, l’avocat de la partie civile a indiqué que plusieurs faits montrent l’implication du général Diendéré dans les évènements tragiques du 15 octobre 1987 même si le prévenu tente de se disculper et prétend qu’au moment des faits, il n’était pas au Conseil de l’entente. Pour Me Farama, l’accusé dit des contrevérités car plusieurs témoins, à commencer par son adjoint, disent clairement le contraire. Celui-ci affirme qu’ils se sont rencontrés aux moments des tirs dans les escaliers pendant que le général Diendéré montait, a noté Me Farama.

Ces faits, à l’entendre, sont corroborés par d’autres soldats comme Moussa Congo qui a déclaré les mêmes propos. Les témoins disent qu’au moment des coups de feu, le général Diendéré a expliqué aux gens que le conseil était attaqué par l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR). Selon Me Farama, il s’agit pour M. Diendéré de justifier le renforcement et l’intervention du camp qui a commandité l’assassinat. L’accusé même se condamne Pendant l’attaque, lorsque le militaire infirmier Somda K. Eugène a entendu les coups de feu, selon ses témoignages, il s’est déporté sur les lieux avec son kit de soins. Contre toute attente, son matériel lui sera retiré par des soldats et le général Diendéré lui dira par la suite qu’il n’y a pas eu de blessés, a expliqué Prosper Farama. Le général Diendéré a aussi demandé l’alerte de toutes les casernes sauf l’ETIR, fidèle à Thomas Sankara. En plus, d’autres témoignages montrent que le général Diendéré a été celui-là qui a instruit l’assassinat. Il en veut pour preuve celui de Zitenga Abdrammane qu’il a envoyé en mission au poste, pour fermer la route du conseil après le passage du convoi du président du Faso. « Celui-ci a clairement dit qu’il y a eu une réunion dans un petit groupe où Diendéré a soutenu qu’il fallait arrêter Sankara parce qu’il projetait d’assassiner les autres à 20 heures », a signifié Prosper Sankara. La complicité de Diendéré a été confortée par Blaise Compaoré et par l’accusé lui-même lors d’une interview donnée au journaliste Ludo Martins qui l’a relayée dans son livre « Blaise, Sankara et la révolution ». Diendéré n’a jamais contesté sauf dans ce procès, a précisé l’avocat. Aussi, le fait qu’il ait fait appel à un renfort des soldats de Pô, procédé à l’arrestation de certaines personnes et organisé la sécurisation des entrées de la ville de Ouaga, montre à souhait qu’il est bel et bien complice de l’assassinat et auteur d’attentat à la sureté de l’Etat, a conclu Me Farama. Un complot à ciel ouvert Par conséquent, a justifié Me Farama, nous lui reprochons d’avoir été complice pour 3 aspects essentiels, à savoir avoir instruit, aidé ou assisté et ne rien faire en tant que chef pour empêcher l’assassinat du capitaine Thomas Sankara. Sur la complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, Me Farama a relevé que le fait que le général Diendéré ait contribué à l’assassinat de Thomas Sankara, le rend coupable des faits de complicité à la sureté de l’Etat. Pour lui, c’est un complot à ciel ouvert. A ce sujet, les témoignages d’Ousséni Compaoré (ancien patron de la gendarmerie nationale) et les propos du président ivoirien Felix Houphouët-Boigny sont de parfaites illustrations.

« Le président ivoirien a dit à Kamboulé de laisser tomber leur opération car Blaise Compaoré va se charger de régler le compte de Thomas Sankara », a soutenu Me Farama. Le coup était tellement éventé que des vendeuses de soupe, la copine de l’accusé Bossobè Traoré, était informée deux jours avant l’assassinat du président Sankara. A la suite de Me Farama, une autre avocate Anta Guissé de la partie civile a pris le relais pour relever un aspect du dossier. Selon elle, ce procès a permis de connaitre un pan de la vérité des évènements d’octobre 1987. Cependant, une autre partie de la vérité reste à élucider. Il s’agit, a-t-elle confié Me Anta Guissé, de la vérité à l’international. Nous n’avons pas toute la vérité par faute de désignation d’un juge d’instruction en remplacement du juge François Yaméogo, a-t-elle regretté. A son avis, il y a des personnalités françaises que la partie civile souhaite entendre dans cette affaire notamment Jack Lang et Jean Christophe Mitterrand. « Malheureusement, nous n’avons pas de juge devant lequel, déposer notre requête », a-t-elle argumenté. Puis de manifester son souhait de les entendre par commission rogatoire pour une manifestation totale de la vérité.
Des préjudices causés à l’Etat

A la suite des avocats de la partie civile qui ont épuisé leurs plaidoiries, l’audience s’est poursuivie avec l’intervention de l’Agent judiciaire de l’Etat(AJE), Karfa Gnanou. Selon lui, la réaction de l’AJE vise à assurer la défense de l’Etat. A sa prise de parole, il a salué la mémoire du président Thomas Sankara et celle des 12 autres victimes du coup d’Etat du 15 octobre 1987. Car, a-t-il indiqué, l’Etat est peiné par les pertes de ses agents. A l’en croire, Thomas Sankara incarnait des valeurs morales, d’intégrité, de probité, de loyauté … Après ces préliminaires, Soumaila Nyamba, chef de département du contentieux, est revenu sur les circonstances des faits et de procédure dans le cadre du dossier. A l’entendre, l’image du Burkina Faso et celle de la justice ont été ternies après les évènements. Parce que, a-t-il expliqué, il a fallu l’insurrection populaire de 2014 pour que le procès Sankara et de ses compagnons puisse se tenir.

S’agissant de la caractérisation des différentes infractions, le 2e adjoint à l’AJE, Charlemagne Kambou, a précisé que ce qui ressort des éléments du dossier et des débats, les faits matériels et moraux sont constitués. « Pour ce fait, l’AJE autorise à dire que la culpabilité des accusés est établie », a-t-il laissé entendre. Les infractions reprochées aux accusés, entre autres, d’attentat à la sureté de l’Etat, de la complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, d’assassinat, de complicité d’assassinat, de recel de cadavre… sont constitués, a-t-il précisé. L’AJE, Karfa Gnanou a relevé que l’Etat a été victime des évènements du 15 octobre 1987 au niveau matériel, financier et moral. Il a cependant refusé d’apporter des détails sur les préjudices causés à l’Etat. Mais il a tenu à préciser que pour le moment, la primeur de ces informations appartient au Tribunal. M. Karfa a rappelé que l’un des accusés (NDLR Blaise Compaoré) était le président du Faso, par ailleurs président du conseil supérieur de la magistrature avec un certain nombre de prérogatives. Pour lui, les différents accusés doivent être déclarés coupables des infractions qui leurs sont reprochées en tenant compte de chacun dans le dossier et les débats. Il a indiqué que lorsque la culpabilité des accusés sera établie, la juridiction va analyser leur constitution de partie civile et prononcer des condamnations pécuniaires au profit de l’Etat burkinabè. Le procès reprend aujourd’hui mardi à 9h avec les réquisitions du parquet militaire.
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