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Rapport de l’ONG Oxfam : la COVID-19 a engendré des inégalités économiques

Publié le jeudi 20 janvier 2022  |  Sidwaya
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L’ONG Oxfam a rendu public son dernier rapport sur les inégalités dans le monde intitulé les inégalités tuent, le lundi 17 janvier 2022. Il ressort que, du fait de la COVID-19 mais aussi des choix politiques, les inégalités se sont accentuées au détriment des plus pauvres, pendant que les plus riches se frottent les mains et voient leur fortune se doubler.

La COVID-19 n’a pas fait que ralentir la croissance économique mondiale. Elle a aussi et surtout engendré les inégalités économiques, de race, de genre et entre et au sein des Etats. Ces inégalités contribuent à la mort d’au moins une personne toutes les quatre secondes. Pire, cette montée des injustices n’est pas un fait du hasard, mais la résultante de décisions politiques délibérées.

Car une « violence économique » s’opère lorsque les choix de politiques structurelles sont faits pour les personnes les plus riches et les plus puissantes. Ces conclusions ressortent du dernier rapport de l’ONG Oxfam intitulé les inégalités tuent, rendu public le lundi 17 janvier 2022. Le moins que l’on puisse dire est que cette photographie de l’état des inégalités dans le monde est troublante et accablante. Sur le plan économique, la rançon de la COVID-19 a davantage coûté aux pauvres et plus profité aux plus nantis. La fortune actuelle des personnes riches et le rythme auquel elles l’accumulent est sans précédent dans l’histoire de l’humanité, indique le rapport.

« Depuis le début de la pandémie, le monde compte un nouveau milliardaire toutes les 26 heures. Les 10 hommes les plus riches du monde ont vu leur fortune doubler, alors que 99% de l’humanité a des revenus moins importants que prévu à cause de la COVID-19 », peut-on lire dans le document. Depuis 1995, les 1 % les plus fortuné(es) ont accaparé près de 20 fois plus de richesses mondiales que les 50 % les plus pauvres de l’humanité ; et mieux qu’au cours des quatorze dernières années, les quelques 2 755 milliardaires dans le monde ont vu leur fortune augmenter davantage lors de la pandémie de la COVID-19.

Selon les auteurs du rapport, il s’agit de la plus forte augmentation annuelle de la fortune des milliardaires depuis que ce type de données est recensé, et cela concerne tous les continents. « Cette augmentation est due à la montée en flèche des cours des actions, à l’essor des entités non réglementées, à la montée en puissance des monopoles et des privatisations, ainsi qu’à l’érosion des réglementations et des taux d’imposition sur les sociétés, à la réduction des droits et des salaires des travailleurs et des travailleuses, le tout sur fond d’instrumentalisation du racisme », précisent-ils.

Un surcoût humain et social
Du fait de la crise sanitaire, poursuivent-ils, les fonds publics colossaux déversés dans les économies ont gonflé les prix des actions de façon spectaculaire, engraissé plus que jamais les comptes bancaires des milliardaires, majoré de plusieurs dizaines de milliards de dollars les profits des sociétés pharmaceutiques. Et le fait qu’au moins 73 pays soient confrontés à la perspective d’une austérité risque d’aggraver les inégalités entre les pays, et tous les types d’inégalités au sein des pays. Selon le rapport, le coût social et humain de la COVID-19 aggravé par ces inégalités économiques est alarmant. Le rapport les inégalités tuent prend ici tout son sens. En effet, pendant que les plus nantis continuent d’amasser fortune, parallèlement, quelque 17 millions de personnes sont mortes de la COVID-19, un bilan humain sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, déplorent les rapporteurs. Loin d’être déconnectées, ces problématiques participent toutes d’un même malaise plus profond.

En ne vaccinant pas le monde, poursuivent-ils, les gouvernements ont créé les conditions pour que le virus de la COVID-19 mute dangereusement, et ont dans le même temps permis l’émergence d’un tout nouveau variant : celui de la richesse des milliardaires. Ce variant milliardaire expose notre monde à un grand danger, relèvent-ils. « Les inégalités ont rendu cette pandémie de coronavirus plus mortelle, plus longue et encore plus dommageable pour les moyens de subsistance. Au final, les inégalités de revenus sont plus déterminantes que l’âge comme facteur de risque de mourir de la COVID-19.
Des millions de personnes seraient encore en vie aujourd’hui si elles avaient été vaccinées. Pendant ce temps, les grandes sociétés pharmaceutiques s’accrochent à leur monopole sur ces technologies. Cet apartheid vaccinal sème la mort et aggrave les inégalités dans le monde entier. Les décès imputables à la pandémie sont plus nombreux parmi les personnes racisées et les plus pauvres au monde. Dans certains pays, les personnes les plus pauvres sont presque quatre fois plus susceptibles de mourir de la covid-19 que les plus riches. En Angleterre, pendant la deuxième vague, les personnes d’origine bangladaise étaient cinq fois plus susceptibles de mourir de la covid-19 que la population britannique blanche », soulignent-ils.

Un « scandaleux apartheid vaccinal »
Autre illustration, 3,4 millions d’Afro-Américain(es) seraient toujours vivant(es) si leur espérance de vie était la même que celle de la population blanche ; avant la COVID-19, ce chiffre alarmant était déjà de 2,1 millions. Partout dans le monde, la gent féminine paye le plus lourd tribut de cette flambée des inégalités causée par la pandémie de la maladie à coronavirus. Leurs droits et les progrès en matière d’égalité de genre vont fortement pâtir de ces mesures d’austérité dans un contexte de crise qui a déjà fait reculer d’une génération entière l’objectif d’atteindre la parité (135 ans, contre 99 ans auparavant).

« Cette situation est d’autant plus difficile que, dans de nombreux pays, les femmes sont confrontées à un regain de violences basées sur le genre. Et comme lors de chaque crise, elles doivent également absorber une somme considérable de travail de soin non rémunéré qui les maintient au bas de l’échelle de l’économie mondiale », précise l’étude. Le rapport d’Oxfam a également souligné l’inégalité d’accès au vaccin contre la COVID-19 entre pays riches et pauvres. « Pourtant, au lieu de devenir un bien public mondial comme l’avaient promis nos dirigeant(es), ces vaccins miraculeux qui donnaient tant d’espoir à la population mondiale ont été dès le premier jour emmurés pour servir des profits privés et des monopoles. Au lieu de vacciner des milliards de personnes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, nous avons créé des milliardaires du vaccin en laissant aux sociétés pharmaceutiques le choix de qui vit et qui meurt.

L’année 2021 a surtout été marquée par ce scandaleux apartheid vaccinal qui entachera à jamais l’histoire de notre espèce. Dans les pays où l’accès aux vaccins est limité, cette catastrophe d’origine humaine a coûté la vie à des millions de personnes qui auraient pu être sauvées », s’alarment les rapporteurs. Sur le plan environnemental, l’impact des inégalités est également manifeste. « Nous sommes tous(tes) impacté(es) par la surconsommation des plus riches à l’origine de la crise climatique actuelle, les émissions des 1% les plus riches étant deux fois plus importantes que celles des 50% les plus pauvres de l’humanité », soulignent-ils. Et la crise climatique pourrait faire 231 000 victimes par an dans les pays pauvres d’ici 2030. Mais malgré ces injustices criantes, tout n’est pourtant pas perdu. Face à cette inflation des inégalités, des solutions et des alternatives durables existent.

L’égalité, une priorité !
Pour peu qu’il y ait une volonté prononcée et assumée, de la part des pouvoirs publics, de la communauté internationale. Ils ont une marge de manœuvre énorme pour changer radicalement de cap, arrêter la spirale inégalitaire. Pour l’ONG Oxfam, l’argent ne manque pas, ce qui fait défaut, c’est plutôt le courage de s’attaquer aux inégalités, à la fortune et au pouvoir des personnes riches et puissantes, et au manque d’imagination pour se libérer du carcan étroit et défaillant du néolibéralisme extrême. Par conséquent, elle invite les gouvernements à revoir leur copie et à refuser de s’enfoncer davantage sur cette voie dangereuse, fatale et autodestructrice avec des niveaux d’inégalités extrêmes jamais enregistrés dans l’histoire humaine. Ce nécessaire interventionnisme passe par une approche systémique pour s’attaquer aux sources de la violence économique et poser les bases d’un monde plus égalitaire, plus juste. Modifier de manière ambitieuse les règles de l’économie à l’origine de ces fractures colossales, agir pour mieux distribuer en amont les revenus, taxer les profits réalisés par les grandes fortunes pendant cette pandémie, récupérer ces ressources et les déployer pour panser le monde, créer des impôts progressifs permanents sur le capital et la fortune, financer entièrement l’adaptation au changement climatique font partie des réponses holistiques à opérationnaliser, insiste le rapport.

Il y a aussi lieu d’investir dans des politiques publiques fortes et éprouvées pour sauver des vies et pour mettre fin aux violences basées sur le genre, changer les lois et redistribuer le pouvoir décisionnel, s’attaquer aux monopoles, limiter la concentration du marché, tout en levant les obstacles à la représentation des groupes racisés, de la classe ouvrière et des femmes, qui ne représentent toujours que 25,5% des parlementaires dans le monde, préconise Oxfam. En tout état de cause, le monde aborde 2022 avec une inquiétude sans précédent et le temps n’est pas à la tergiversation ; l’heure des choix audacieux et des actions structurelles a sonné. Car, les inégalités ont un impact négatif sur quasiment tous les aspects de la vie et sur tout espoir de progrès pour l’humanité. Elles engendrent plus de criminalité, de malheur, de méfiance et de violences, rendant inatteignable l’objectif d’éradiquer la pauvreté dans le monde. « Les inégalités entre les pays et au sein des pays sont également fatales pour l’avenir de notre monde », prévient Oxfam. En un mot, l’égalité doit être une priorité !

Synthèse de Mahamadi SEBOGO
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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