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INVITE DU MOIS / Pierre de Gaétan Njikam (Maire adjoint Bordeaux-Fondateur JNDA): "Les JNDA 2022 au cœur des défis et des challenges du continent africain"

Publié le lundi 17 janvier 2022  |  Diaspora News
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© Autre presse par DR
Pierre de Gaétan Njikam (Maire adjoint Bordeaux-Fondateur JNDA)
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Maire adjoint de Bordeaux, chargé des partenariats avec l’Afrique et la Francophonie et fondateur des Journées nationales des diasporas africaines, Pierre de Gaetan Njikam Mouliom est comme un poisson dans l’eau dans la capitale du vin. Dans les salons du Café français qui nous reçoit au centre de Bordeaux (3 Place Pey Berland), en face de la Cathédrale St André, en cette veille de Noël, il est d’humeur joviale. Pour lui, l’Afrique s’invente partout où elle se trouve. Le natif de Kribi qui prépare à feux doux la 9è édition des JNDA annonce la couleur: il s’agira surtout de la mobilisation de partenariats innovants pour le continent africain. Mieux, Pierre Castel, Alain Juppé et Lionel Zinsou, les trois parrains annoncés, (dé)montrent l’orientation donnée à l’événement.


"Les JNDA 2022 au cœur des défis et des challenges du continent africain"

Diasporas-News : Comment est née l’idée des Journées nationales des diasporas africaines (JNDA)?

Pierre de Gaétan Njikam : Les JNDA existent depuis le 25 mai 2013, date symbolique, significative pour la diaspora africaine puisqu’elle correspond à un moment bien précis de l’histoire de l’Afrique. Au fond, le projet est né de la volonté qui était la mienne, au-delà de mes fonctions municipales auprès d’Alain Juppé (ndlr; ex-Maire de Bordeaux et ex-Premier ministre français), de mobiliser des énergies franco-africaines de notre agglomération bordelaise, notamment les compétences diasporiques.

D-N : Pour quelles raisons?

P.D.G.N: Pour installer à Bordeaux, ville non moins significative pour l’Afrique, un évènement qui serait comme une sorte de rendez-vous annuel visant à rassembler tous ceux qui avaient le souci de l’Afrique. C’est comme ça que l’idée est née.

D-N : Quel bilan faites-vous des JNDA après huit éditions?

P.D.G.N: C’est toujours difficile de faire soi-même de faire le bilan de quelque chose qu’on a fondé. Avec le temps et au fil des éditions qui se sont succédé, on peut faire un bilan à la fois qualitatif et quantitatif. D’un point de vue quantitatif, il faut dire que nous nous étions réunis à environ 200 personnes en 2013, dans un cadre plutôt convivial. Aujourd’hui, nous sommes à des milliers de personnes qui participent ou qui suivent l’évènement. D’un point de vue qualitatif, nous avons d’abord jeté les bases philosophico-politiques en réunissant les intellectuels, les musiciens, les artistes pour donner un socle plutôt culturel. Au fil des éditions, les choses se sont élargies aux autres volets, politiques notamment, qui correspondaient plus ou moins avec les échéances électorales de 2017 par exemple. Le volet économique aussi où avec la communauté des entrepreneurs bordelais, invités un certain nombre d’acteurs et d’entrepreneurs africains. Qualitativement donc, la manifestation s’est considérablement améliorée.

D-N : Le 16 décembre 2021, s’est tenue à la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux, le lancement officiel de la 9è édition des JNDA. Satisfait de l’engouement et confiant pour la réussite de cette nouvelle édition?

P.D.G.N: Le 16 décembre était une date importante car le cadre dans lequel a eu lieu le lancement était significatif de la tonalité de la prochaine édition des JNDA. Faire le lancement dans les salons de la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux signifiait que nous entendions marquer la dimension économique et entrepreneuriale de l’édition. Et qui plus est, en présence du président de la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux et du président du Club entreprise Bordeaux-Afrique et le lien avec le continent a été fait par le président du Club des bâtisseurs.

D-N : Prévus les 24, 25 et 26 mars 2022 à Bordeaux, les JNDA sont très attendues. Quelle sera la spécificité de l’édition à venir et quel sera le thème?

P.D.G.N: Plusieurs spécificités, au-delà de la vision que je viens d’esquisser. D’abord, la première spécificité sera le volet économique déjà amorcé lors des éditions précédentes. Il sera cette fois puissant, à travers les thématiques au cœur des défis et des challenges du continent africain. Deuxième spécificité, la mobilisation de partenariats innovants pour le continent africain. Autrement dit, la thématique est claire: vers des partenariats innovants avec l’Afrique et pas pour l’Afrique.

D-N : Que voulez-vous dire?

P.D.G.N: Cela signifie que cette édition verra la présence d’acteurs économiques et de décideurs publics qui viendront d’Afrique pour rencontrer, rechercher, nouer des partenariats à impact, d’où la dimension innovation qui sera assez transversale dans cette édition. Autre élément de spécificité, c’est que cette dimension économique ne doit pas être perçue de manière déconnectée par rapport aux autres enjeux qui sont des enjeux de transition écologique et de mobilisation pour donner un horizon à la jeunesse africaine, d’où des questions d’employabilité, d’éducation , de formation qui seront abordées puisque la finalité de cette édition est de créer les conditions pour que la jeunesse africaine puisse espérer dans son continent.

D-N : Parlant de jeunesse, que peuvent apporter véritablement les JNDA à la jeunesse africaine vivant en diaspora ?

P.D.G.N: Cette édition consolidera ce que nous avions organisé il y a deux ans: le campus des jeunes. Nous avons innové lors de la 7è édition des JNDA en organisant avec les réseaux d’étudiants africains de Bordeaux, avec plusieurs associations d’étudiants et de jeunes de la diaspora venus de Paris, de Marseille, de Lyon etc, un campus jeune et dans des lieux alternatifs. C’était déjà une manière d’ouvrir les JNDA à la jeunesse de la diaspora. Ce qui est un vrai chantier en soi pour l’avenir. Et la thématique de la jeunesse de l’entreprenariat qui sera au cœur du sommet économique est là pour ouvrir également la place à la jeunesse et de la diaspora, et du continent.

D-N : Les JNDA ont toujours un parrain. Qui sera l’heureux élu?

P.D.G.N: Le parrainage de cette édition est complexe car nous aurons plusieurs parrains symboliques, symbolisant l’histoire des JNDA et la particularité de la thématique. Nous aurons la présence de Pierre Castel (entrepreneur français), d’Alain Juppé (ex-Premier ministre français) et de Lionel Zinsou (ex-Premier ministre béninois). C’est quelqu’un d’emblématique justement pour le volet économique. Nous sommes donc dans le pluralisme du parrainage. Ces trois figures sont significatives, à la fois de l’histoire des JNDA et de l’orientation que nous voulons donner à l’événement. Castel, grand entrepreneur et visionnaire, Lionel Zinsou qui a su faire le pont entre la France et l’Afrique et bien sûr Alain Juppé qui accompagne cette manifestation depuis le début.

D-N : N’avez-vous pas de craintes par rapport à la propagation du variant Omicron et par ricochet le Covid-19?

P.D.G.N: Nous n’avons aucune boule de cristal (rires). En revanche, nous sommes convaincus que les choses vont s’améliorer au début du premier trimestre 2022, sous réserve d’une flambée pandémique, les dates des 24,25 et 26 mars 2022 seront retenus. Je rappelle que la Coupe d’Europe a eu lieu en pleine pandémie...

D-N : Pensez-vous que l’avenir de l’Afrique se jouera avec les africains de la diaspora?

P.D.G.N: Je suis fortement convaincu que plus qu’un autre continent, l’Afrique a un lien tellement ombilical avec sa diaspora que son destin ne peut se forger qu’avec sa diaspora. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les dirigeants africains ont fait de cette diaspora, la sixième région du continent. C’est un projet qui n’a pas besoin d’être abouti pour qu’on y croie. Nous devons tous nous mobiliser car il y va du destin de notre Afrique. C’est en la diaspora que la question de l’émancipation, du progrès et du destin de l’Afrique a été pensée par les noirs américains et tous les anciens étudiants africains à Paris ou à Londres comme les Kwamé Krumah, Léopold Sedar Senghor... Il y a un lien ombilical entre le continent et sa diaspora. Ce lien là, il faut à présent lui donner une structuration mais surtout un impact.

D-N : Les JNDA ont-elles une résonance en Afrique?

P.D.G.N: Absolument. Cette résonance peut s’effectuer grâce aux nouvelles technologies par le fait que même une édition qui a lieu à Bordeaux à suivi et retentit sur le continent. C’est la vision que nous avions depuis 2018. Nous voulons faire en sorte que pendant que nous sommes à Bordeaux, à Dakar, à Yaoundé, à Addis Abeba, à Ouagadougou, les gens puissent participer aux JNDA. L’autre dimension sera de faire en sorte qu’une édition se déroule à Bordeaux et une autre en Afrique, tout en ne la délocalisant pas. La particularité de Bordeaux est d’être, après Paris et Marseille, l’un des lieux où l’Afrique se réinvente à travers le métissage qui la caractérise.

D-N : Peut-on considérer Bordeaux comme la place forte de la diaspora africaine en France?

P.D.G.N: J’en suis convaincu. Les JNDA ne sont pas nées à Bordeaux par hasard. Elles sont dans la continuité, dans l’historicité d’une présence africaine qui n’a cessé de prendre des formes significatives qui s’inscrit dans toute la relation que le fleuve de la Garonne a eu avec l’Afrique, tout l’accueil et la présence des tirailleurs sénégalais, toute la présence des étudiants car comme vous le savez, l’Académie de Bordeaux était l’Académie de l’Afrique et des Antilles. Toute l’émergence des élites africaines s’est donc faite prioritairement après Paris, à Bordeaux. Bordeaux a cette vocation africaine dans son histoire. Il s’agit de réinventer cette relation. Les JNDA, parmi d’autres initiatives, sont là pour réinventer cette histoire déjà là.

D-N : Vous êtes le 1er élu africain noir à Bordeaux. Que fait concrètement Bordeaux pour l’Afrique?

P.D.G.N: Concrètement, ce qu’on a essayé de faire et qu’on continue à suivre, c’est plusieurs formes de coopération. D’abord l’engagement des coopérations dites décentralisées avec un certain nombre de municipalités africaines, Casablanca, Douala, Bamako, Oran. Mais au-delà de la coopération, Bordeaux accompagne les autres formes de coopérations universitaires. L’Université de Bordeaux a plusieurs conventions soutenues par les pouvoirs publics et la Métropole. C’est également des coopérations hospitalières, entre les grandes écoles... Il y a aussi les sociétés civiles. Bordeaux cofinance les projets solidaires portés par les ONG ou des étudiants. Retenons que Bordeaux reste la ville où les étudiants africains sont très nombreux. Nous avons la responsabilité de les accompagner.

D-N : 1er élu noir à Bordeaux, fondateur des JNDA, Directeur général du Fonds Pierre Castel... Jusqu’où ira Pierre de Gaetan Njikam?

P.D.G.N : (Rires) Joker!

D-N : C’est la nouvelle année. Quels sont les vœux du Maire adjoint de Bordeaux à la diaspora africaine?

P.D.G.N: Je souhaite des vœux de santé, avec le contexte difficile où les diasporas africaines ont été affectées. La diaspora doit garder toutes ses ressources humaines. Je souhaite aussi une relation Afrique-France plus responsable. Les diasporas ont jusque-là apporté leur contribution dans ce contexte sanitaire et devront prendre encore des initiatives, garder une conscience aiguë du destin du continent africain parce qu’il n’y a pas de diaspora africaine sans une Afrique debout. Et la responsabilité passe par une mobilisation collective pour qu’il y ait davantage de synergie. Pour me résumer, je souhaite une solidarité dans l’action et une disponibilité pour servir de façon vertueuse cette relation entre la France et l’Afrique.


Interview réalisée à Bordeaux par Guy-Florentin Yameogo
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