L’implantation supposée ou réelle du groupe de mercenaires chez le voisin malien inquiète plus que jamais le Burkina Faso.
Et le quotidien burkinabé Le Pays craint un accroissement mécanique du terrorisme dans le pays. Surtout, l’éditorial pose la question qui fâche : et si Ouagadougou faisait aussi appel à la société de sécurité russe ?
Depuis quelque temps, j’assiste, comme bien d’autres observateurs, à une polémique sur la présence supposée ou réelle de mercenaires russes au Mali. Certes, les autorités de Bamako ne le confirment pas. Mais tout porte à croire qu’il s’agit d’une réalité.
D’autant qu’en milieu de semaine en cours, il a été rapporté un cas d’accrochage entre des terroristes et les forces armées maliennes appuyées par lesdits mercenaires du groupe Wagner. Je ne souhaite pas personnellement me prononcer sur l’opportunité ou non de la présence de mercenaires russes au Mali. Non, tel n’est pas mon objectif parce que le Mali est un pays souverain, qui a le choix de coopérer avec qui il veut dans l’intérêt de son peuple.
Ce qui m’intéresse personnellement, ce sont les conséquences que la présence des mercenaires de Wagner pourrait avoir sur notre pays, le Burkina Faso, qui, depuis près de six ans, fait face à une crise sécuritaire sans précédent. Je le dis parce que j’ai vu le cas en Syrie où les combattants de Wagner ont tapé dans le tas au point que les terroristes ont dû aller voir ailleurs. Il en est de même en Libye où, traqués jusque dans leurs chiottes, des terroristes ont déferlé sur le sud du Sahara.
Qu’en sera-t-il donc si les mercenaires russes, dont on dit qu’ils sont redoutables, secouent le cocotier au Mali ? Il faudra craindre que les terroristes ne redescendent en masse vers le Burkina, qui partage une très longue frontière avec le Mali. Je ne le dis pas pour semer la psychose chez nos braves populations qui souffrent déjà le martyre, au point qu’elles ne savent plus à quel groupe armé se vouer.
Diversifier les partenaires
Je le dis tout simplement pour attirer l’attention des plus hautes autorités sur la nécessité de prendre des dispositions idoines pour que notre pays ne se laisse pas surprendre. Cela est d’autant plus nécessaire que la plupart de nos frontières sont permissives ou poreuses. C’est ce qui rend d’ailleurs la lutte contre le terrorisme plus complexe dans la mesure où les combattants des groupes armés qui troublent notre sommeil arrivent à traverser facilement les frontières.
Ils ont compris qu’ils peuvent frapper d’un côté et se replier sans être inquiétés, de l’autre. Voyez-vous ? Il nous faut ouvrir l’œil et le bon si l’on ne veut pas aggraver notre sort. Même s’il faut rappeler nos contingents en mission de maintien de la paix pour sauver notre patrie en danger, je pense qu’il faudrait le faire. Ainsi, on pourra renforcer le contrôle au niveau de nos frontières, de façon à limiter les mouvements des différents groupes armés.
Dans le même temps, je souhaite que soient renforcés les moyens de surveillance de notre territoire. Certes, je sais que cela nécessite beaucoup de ressources financières, mais étant donné que notre pays est menacé dans son existence, aucun sacrifice, à mon avis, n’est de trop. La lutte contre l’insécurité s’est imposée à nous comme la priorité des priorités. Nous devons donc consentir des efforts, pour ne pas dire des sacrifices.
C’est pourquoi je souhaite que le Burkina aussi travaille à diversifier ses partenaires en matière de lutte contre le terrorisme. J’étais d’ailleurs heureux lorsque, en fin d’année écoulée, j’ai appris que le Burkina a signé des accords avec la Turquie qui, quoi qu’on dise, est une puissance militaire. Pourquoi ne pas en faire autant avec la Russie si Wagner réussit au Mali ?