Les routes et les pistes de Titao (Nord) sont toujours aux mains d’hommes armés qui pillent au quotidien et tuent les personnes essayant de ravitailler une ville en manque maintenant de tout.
La détresse des populations de Titao est de plus en plus alarmante. Plusieurs stations de distribution de carburant sont fermées. Le carburant qui se négociait il y a une semaine entre mille et mille cinq cent francs le litre, se fait très rare.
A.T., un habitant de la ville qui a requis l’anonymat parle d’une ville « en agonie« .
« Il n’y a plus de provisions dans la ville. Les maintes tentatives individuelles de ravitailler la ville se sont soldés par des arrestations et des tueries sur les axes de contournement jusque-là empruntés par quelques personnes’’, a-t-il déclaré.
Dans les boutiques, rien ne retient encore les vendeurs. Plusieurs d’entre eux ont tout simplement mis leurs portes sous verrou. « Nous n’avons plus rien à vendre dans les boutiques » s’exclame Moctar, un boutiquier, apeuré par la présence des hommes armés dans les environnants.
Cette femme d’une soixantaine d’années qui venait pour des soins à Ouagadougou a dû son salut en empruntant une charrette de fortune pour ravaler la quinzaine de kilomètres qui sépare Titao de Rambo, un des 40 villages de la commune.
« C’est à bord d’une charrette que j’ai pu atteindre Rambo. La route est très risquée, ils arrêtent tous ceux qui tentent de sortir de la ville. C’est le fait que je suis femme et que je suis d’un certain âge qui m’a sauvé la vie. »
Le jeudi 06 janvier 2022, un jeune bien connu dans la ville a été enlevé sur l’axe Titao-Rambo. Son corps et celui des cinq autres camarades ont été retrouvés sans vie, le lendemain, à quelques encablures de la ville.
«Chaque jour est un véritable périple pour les populations. Chaque jour, on compte nos morts. Les populations sont prises dans l’étau des hommes armés» note la sexagénaire.
Malgré la présence d’une unité de forces de défense et de sécurité dans la ville appuyée par des volontaires pour la défense de la patrie, sortir dans les environs de Titao est un exercice très risqué.
Le rapt de bétail par les hommes armés se poursuit sur le terrain. Les pistes et route d’accès à la ville sont sous le contrôle des individus armés.
A Ouindigui, 17 kilomètres à l’est de Titao, les hommes armés font leur loi. Selon des témoins, les ravisseurs y viennent régulièrement, qui à moto, qui à charrette pour ramasser du matériel abandonné par les populations en fuite. Des corps de personnes tombées dans l’attaque perpétrée le 12 décembre 2021 y seraient toujours au sol.
Sur place, l’accès aux services sociaux est inexistant car tous les services déconcentrés restent jusque-là fermés. Les femmes sont obligées de donner la vie à domicile sans aucune assistance technique.
Face à la dégradation sécuritaire dans la localité, des milliers de personnes ont trouvé refuge à Ouahigouya et à Séguénéga. Ceux qui restent dans la localité sont en proie à une pénurie de produits de première nécessité. Depuis l’attaque qui a fait le 23 décembre 2021, près de 42 morts dont le célèbre VDP Ladji Yoro, aucune action de ravitaillement n’a été organisée au profit des populations.