La rentrée scolaire risque d’être assez mouvementée cette année dans la Kossi, particulièrement à Nouna. En tout cas, ce n’est pas l’Inspecteur Brahima Sanou de la Circonscription d’éducation de base (CEB) de Nouna 1 qui dira le contraire, lui qui a vu des institutrices et des instituteurs prendre d’assaut son bureau, dans la matinée du vendredi 20 septembre 2013, pour protester contre une décision concernant des affections du personnel éducatif.
« Nous sommes assis devant les bureaux de l’Inspection de Nouna 1 pour prostester contre les mauvaises décisions de l’inspecteur Brahima Sanou. Des inspecteurs dictateurs, nous n’en voulons plus. Nous vous avions contacté pour que vous puissiez venir constater ce qui se passe afin d’en rendre compte ». C’est la substance du coup de fil que nous avons reçu le 20 septembre 2013. A notre arrivée à 11h 10, c’est un monde composé d’institutrices et d’instituteurs que nous avons trouvé devant les locaux de l’inspecteur Brahima Sanou. A notre vue, quelqu’un murmura : « Le journal Le Pays est là. La presse est là. Nous aurons la possibilité de nous faire entendre plus loin ». Nous avons d’abord voulu entendre la version de l’inspecteur d’autant plus qu’on avait notre petite idée sur le rassemblement. Mais là, un membre du groupe nous a fait comprendre qu’une délégation composée de responsables syndicaux était en pourparlers avec l’inspecteur et tout son staff. Nous avons donc insisté pour participer à la rencontre. Ce qui fut fait.
Un entretien avec les partenaires sociaux
Dans son bureau, l’inspecteur Brahima Sanou était entouré de ses conseillers pédagogiques itinérants, Zémapi Télesphore Bicaba et Pascal Goungounga. En face de lui, les partenaires sociaux, en l’occurrence Maurille Bénon, Ernest Simboro du SYNATEB et Patrice Lamou Dieudonné Yélémou du SNEAB et chef du personnel de ladite CEB. « Nous avons demandé à vous rencontrer pour avoir votre version des faits sur le rassemblement de ce matin devant votre service », avons-nous introduit. « C’est un rassemblement inutile et qui me surprend d’ailleurs », a répondu l’inspecteur Sanou. Selon lui, ce rassemblement qu’il a qualifié d’inutile résulterait des affectations opérées dans le cadre de la rentrée scolaire. Poursuivant son propos, il a rappelé que les affectations pouvaient être opérées pour nécessité de service ou par convenance personnelle. « Les nécessités de service, c’est pour répondre au besoin de la cause et les convenances personnelles, ce sont des affectations faites sur la base des différentes demandes à nous adressées », a expliqué l’inspecteur. « Après avoir siégé et délibéré avec les autorités municipales, j’ai été saisi pour huit plaintes relatives à ces affectations. A l’analyse, je me rends compte que beaucoup de ces plaintes ne tiennent pas la route », a-t-il précisé. Pour lui, il y a eu un cas de défaillance qui leur a échappé et qui a été vite rattrapé. A part cet aspect, il y a aussi le cas d’une dame « que nous allons entendre avant de prendre une décision définitive », a-t-il relevé. Pendant trente minutes, l’inspecteur Sanou a révisité tous les points de discorde avant de conclure : « comme vous le constatez vous-même, nous sommes en entretien avec les syndicats et certainement, nous allons aboutir à des conclusions probantes ». A la question de savoir s’il y a eu une concertation avant les affectations, l’inspecteur a répondu sans ambages : « Nous avons siégé avant de décider ». Et de poursuivre : « Chacun a écrit pour demander à être intégré dans la Fonction publique et servir le pays tout entier et non une école particulière. Si chacun devait rester pour servir là où il veut, il y aurait des zones sans agent de l’Etat. C’est parce que l’autorité s’est inclinée dans ce pays, sinon chacun ne peut pas se lever pour faire ce qu’il veut ». Il finira par se lasser : « Mais dans quel pays sommes-nous ? » « Au Burkina Faso », a ironisé le conseiller pédagogique itinérant, Pascal Goungounga, en guise de réponse. « Comptez-vous revenir sur les autres cas d’affectations ou peut-on d’ores et déjà dire que le vin est tiré ? », avons-nous demandé. A ce niveau, l’inspecteur Brahima Sanou a fait savoir qu’il n’était pas l’autorité signataire des décisions d’affectations et qu’il lui était très difficile, voire impossible d’aller convaincre une quelconque autorité de revenir sur cette décision rien que sur la base des plaintes ». Il faut signaler qu’au cours des échanges, les partenaires sociaux n’ont pas trouvé à redire. « Si on me traite de dictateur, c’est parce qu’on ne m’a pas compris. Sinon, toutes les décisions qui ont été prises, l’ont été pour le bien de notre école », a-t-il conclu. Pour Clément Bationo, c’est encore plus. « Je suis du SYNATEB. Je suis concerné par ces affectations arbitraires et je ne comprends rien. Toutes les affectations ont été estampillées « nécessité de service ». Il va falloir tout revoir. Pourquoi affecter quelqu’un contre son gré ? Nous sommes là et nous attendons une décision ferme visant à revoir ces actes de dictature », a-t-il relevé. Wahab Djibo, quant à lui, est encore plus amer. « Soit l’inspecteur Sanou revient sur ces affectations arbitraires, soit nous organisons son départ ce lundi 23 septembre 2013. Le temps du dialogue est maintenant révolu avec lui et nous attendons de voir ce qui sortira comme résultat de cet entretien qui ne finit toujours pas », a-t-il confié, avant d’ajouter, très remonté, la célèbre phrase du célèbre Pr Joseph Ki-Zerbo : « N’nan an laara, an saara ».
Une rentrée scolaire explosive
Après plusieurs tractations, des positions conciliantes ont été adoptées, dès le lendemain 21 septembre, selon Maurille Bénon du SYNATEB. « Pour moi, cette histoire ne vaut pas la peine d’être médiatisée. Je me suis rendu compte que c’est quelqu’un qui est en train d’instrumentaliser tous les autres. Après notre rencontre d’hier soir (NDLR : vendredi 20 septembre 2013), nous avons pu convaincre beaucoup, sauf quelques éléments subversifs qui continuent de protester pour des intérêts égoïstes », a-t-il confié le 21 septembre 2013. Joint au téléphone, Wahab Djibo, l’un des manifestants de la veille, affirme le contraire. « Pour le moment, nous n’avons trouvé aucun consensus et nous sommes toujours là-dessus », a-t-il affirmé. Explosive, cette rentrée scolaire risque de l’être dans la Kossi. En effet, après un découpage assez enchevêtré des CEB de Nouna, découpage qui n’a pas fini de faire des gorges chaudes, voilà une autre histoire qui vient se greffer rajoutant ainsi à la galère du Directeur provincial de l’enseignement de base et de l’alphabétisation (DPEBA) de la Kossi, Sénimi Coulibaly, qui sera certainement appelé à la rescousse.