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Lutte antiterroriste : Do Pascal Sessouma propose l’institution d’une « taxe volontaire d’efforts de guerre »

Publié le lundi 3 janvier 2022  |  minute.bf
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© Autre presse par DR
Do Pascal Sessouma
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Le président de Vision Burkina, Kiemdoro Dô Pascal Sessouma, dans ses vœux de nouvel an aux Burkinabè, en plus de souhaiter une bonne année à tous les Burkinabè, les a invités à contribuer à la lutte contre le terrorisme, et sur le plan financier, et sur le plan moral et physique. Nous vous proposons l’intégralité de sa note parvenue à la rédaction de www.minute.bf.

« Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour

Mes chers compatriotes

Une année est morte, engluée dans le sang des martyrs et dans les larmes des veuves et des orphelins, pour faire place à une autre qui ne sera peut-être pas, hélas, si différente. Nous les survivants de cette tragédie, pouvons nous estimer chanceux d’avoir pu « fêter » la naissance de la nouvelle année sans avoir été frappés par un nouveau deuil national.

Nous avons pu boire, danser, chanter par endroits, pour magnifier la vie en tentant de vaincre nos peurs et nos angoisses, comme pour faire un doigt d’honneur à ceux qui voudraient nous empêcher de penser et de vivre pour nous-mêmes et par nous-mêmes. Pendant que nous festoyions, d’autres étaient aux avants postes pour empêcher l’irréparable. C’est pour tous ces braves soldats, gendarmes, policiers et VDP que nous devons avoir une pensée, et leur rendre hommage pour tous les sacrifices consentis.

Dans ce concert d’hommages et de gratitude qui leur sont rendus à chaque cérémonie d’inhumation, j’ose rappeler la célèbre formule du poète Pierre Reverdy : « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Oui, qu’elle est belle et noble cette initiative de déclaration d’amour qui inonde les médias et les réseaux sociaux. Oui, comme il est réconfortant pour les soldats au front de se savoir aimés par leurs concitoyens ! Par ma part, j’aurais aimé qu’en plus de cette déclaration d’amour, il y ait aussi un engagement de soutien.

Pour cette nuit du 31 décembre 2021, comme pour chaque jour que Dieu fait, les usines de bières, de vin, et d’autres boissons ont tourné à plein régime en produisant quatre millions de bouteilles. Imaginons que la somme de 100 FCFA soit ajoutée sur chaque bouteille consommée dans les bars et maquis pour les FDS et le VDP au front. Pour cette nuit seulement du 31 décembre, nous aurions ainsi récolté pas moins de 400 millions de francs prélevés directement aux usines sur les factures de chargement des caisses de boissons. Imaginons que cette mesure soit étendue sur six mois, cela donnerait 72 milliards de FCFA. Une belle cagnotte en perspective qui serait gérée par les sous-officiers et les soldats du rang eux-mêmes pour leurs frères d’armes engagés au front, car ils en ont les ressources, sous la supervision du ministère des Finances. Pour ce faire, il suffirait d‘une loi de finances rectificative pour fixer les modalités de cette taxe volontaire d’efforts de guerre, car pour que les uns puissent boire tranquillement leurs bières, c’est qu’il y a d’autres qui veillent au grain, parfois avec la faim et la soif. Une cagnotte qui pourrait beaucoup servir en leur évitant sans doute de mourir de faim et de soif sur le front.

Le célèbre VDP Ladji Yoro s’en est allé, mais ils sont combien d’autres Ladji Yoro qui se battent avec abnégation et courage, souvent dans l’anonymat pour leur propre survie ? C’est de leur vivant qu’il faudrait les couvrir de récompenses et de louanges, pas devant leurs cercueils.

Lors de la reprise du dialogue politique en septembre dernier, j’avais fait la proposition que partout où sont tombés des FDS et des VDP, qu’une stèle soit érigée en leur mémoire avec leurs noms pour que personne ne puisse les oublier, et que leurs enfants puissent un jour s’y recueillir et dire avec fierté « ici, à cet endroit, mon père est tombé pour la défense de la patrie ». Et peu importe si tout le territoire burkinabè se retrouve jonché de stèles, de Kelbo à Dablo, de Toéni à Matiacoali, de Pama à Mangodara, ou de Arbinda à Faramana, ce sera autant de preuves des blessures de notre pays, et plus grande est la douleur, plus grand est le pardon.

La tragédie qui nous frappe doit nous servir à prendre conscience de notre responsabilité collective et individuelle pour la sauvegarde de la patrie. Si l’Allemagne a pu sortir de l’horreur du nazisme pour devenir la première puissance économique de l’Europe, si le Rwanda a pu panser les plaies du génocide pour être cité en référence et en exemple en Afrique pour son envolée économique et sa gestion de l’après génocide, le Burkina Faso aussi peut renaître de ses cendres pour devenir le ferment du communautarisme et du vivre ensemble. C’est un état d’esprit qui se construit ici et maintenant, jour après jour. Nous ne sommes pas obligés de nous aimer, mais nous pouvons au moins apprendre à ne pas nous haïr les uns les autres, pour entamer notre longue marche vers la reconstruction de notre nation. Parfois, c’est à travers les fissures que la lumière peut entrer.

Que cette année, chaque Burkinabè de la capitale ou d’ailleurs où règne encore l’accalmie, ose prendre conscience de la chance qu’il a de ne pas être au front, de ne pas être dans un village assiégé par les terroristes, de pouvoir aller et venir en toute liberté en portant des jeans, et les femmes avec des mèches au vent sur leurs motos. Car oui, les Burkinabè aiment leur liberté. Pour que cela soit toujours possible, que chacun accepte de faire un geste pour dire non seulement « soldats je vous aime », mais aussi « soldats, je vous soutiens ».

Bonne année !«

Kiemdoro Dô Pascal SESSOUMA
Président de Vision Burkina
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