Du 23 au 27 septembre 2013 à Ouagadougou, des responsables chargés de la sécurité de cinq pays d’Afrique se familiarisent avec les techniques de négociation en cas de prise d’otages.
Dans le cadre de la mise en œuvre d’un dispositif stratégique contre le terrorisme, Ouagadougou reçoit du 23 au 27 septembre 2013, une formation dénommée « Négociation prise d’otages ». Une quinzaine de responsables chargés de la sécurité de cinq pays africains (Burkina Faso, Burundi, Côte d’Ivoire, Niger et Tchad) seront outillés par deux officiers de police français appartenant à l’unité de Recherche action intervention dissuasion (RAID). Cette unité a été créée dans le milieu des années 80 et est spécialisée dans les interventions lors des prises d’otages, les activités de forcenés, etc. Les deux officiers sont le commandant Fabrice et la capitaine Tatiana qui ont chacun une dizaine d’années d’expériences en négociation. « Chaque fois qu’il y a prise d’otages, il faut prendre contact avec le preneur d’otages pour essayer de trouver une meilleure solution pour épargner, notamment, la vie des otages », a expliqué l’attaché de sécurité intérieure à l’ambassade de France au Burkina Faso, le commissaire Jean-Pierre Torrano. Cette formation est rendue possible grâce au projet dénommé "Appui à la sûreté de l’aviation civile en Afrique" (ASACA). Il a pour ambition d’uniformiser les procédures qu’elles soient relatives à la règlementation, au contrôle des passagers, à la sécurité passive aéroportuaire ou la gestion des crises.
Aucun pays à l’abri
Si les stagiaires ont déjà pris part à des formations sur la gestion des crises, une deuxième phase s’imposait à eux : la gestion des négociations des prises d’otages. Ils recevront à cet effet une formation théorique mais aussi des exercices pratiques, car les deux formateurs français ont du métier avec chacun entre 15 et 25 interventions par an sur le théâtre de prises d’otages.
Le chef d’Etat-major particulier de la présidence du Faso, le général de brigade, Gilbert Diendéré a souligné que les Etats africains ont besoin de telles formations, eu égard à la montée du terrorisme. Il en veut pour preuve l’attaque terroriste perpétrée le samedi 21 septembre 2013 à Nairobi au Kenya et attribuée aux Shebabs somaliens. « Il faut que nous soyons opérationnels dans ces genres de situations », a indiqué le général Diendéré, par ailleurs responsable de la cellule de gestion de crises au Burkina. Il a, en outre, décliné toute la difficulté d’une telle entreprise en révélant que, même lors des exercices, ils ont rencontré toutes sortes de contraintes. « Vous avez la chance d’avoir cette formation », a-t-il lancé à l’endroit des apprenants, en ce sens que celle-ci va harmoniser les différentes techniques d’approche dans nos aéroports.
Pour le commissaire Jean-Pierre Torrano, la France souhaite œuvrer activement aux côtés des africains pour le perfectionnement et la sécurisation de la navigation aérienne. Les incidents qui ont eu lieu à travers le monde le recommandent. Selon lui, l’actualité quotidienne montre chaque jour qu’il est excessivement difficile pour un pays de se protéger contre toutes les menaces et les atteintes à la sûreté aéroportuaire ou actes de piraterie, toujours nombreux et diversifiés, et par nature éminemment complexes. Il est donc essentiel, pour lui, que l’Afrique en général et le Burkina Faso en particulier mette tout en œuvre pour parvenir à garantir la sécurité de leurs citoyens, ainsi que celle de leurs visiteurs, mais également l’intégrité des aéronefs et de leurs infrastructures aéroportuaires. Le commissaire Torrano a aussi souligné, avec insistance, l’importance de la coopération et de la coordination entre les pays car « rien ne peut être réellement efficace si ce qui est entrepris à l’échelon national n’entre pas dans un plan beaucoup plus large ». Il s’est demandé à quoi servirait en effet que le Burkina Faso soit pleinement opérationnel en matière de sûreté et qu’il doive par exemple sécuriser de nouveau les passagers en transit venant d’aéroports dont les contrôles laissent à désirer. L’ASACA qui couvre 20 pays d’Afrique centrale et de l’Ouest est une initiative de la France en réponse aux attentes des Africains à lancer un vaste projet de coopération régionale. Il intervient à la suite de la demande d’entraide internationale exprimée dans la « Déclaration sur la sûreté de l’aviation civile en Afrique » d’Addis-Abeba le 11 mai 2007 et dans la « Déclaration conjointe sur la sûreté de l’aviation civile » ainsi que dans la feuille de route établie à Abuja au Nigeria les 13 et 14 avril 2010. Sa mise en œuvre et le suivi sont confiés à la Commission africaine de l’aviation civile (CAFAC) en relation avec l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).