Le Président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, a présidé, vendredi 26 novembre 2021, une plénière consacrée à des questions adressées à deux membres du gouvernement. Celles-ci ont porté sur les préoccupations liées à la sécurité et à la défense nationale du territoire, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Face à la recrudescence des attaques terroristes sur toute l’étendue du territoire national, la représentation nationale a décidé d’interpeller le gouvernement pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette crise auxquelles font face les Forces de défense et de sécurité (FDS), depuis 2016.
Pour cette séance plénière, qui s’est tenue dans l’après-midi du vendredi 26 novembre 2021, à Ouagadougou et présidée par le chef du parlement burkinabè, Alassane Bala Sakandé, deux ministres ont été invités à donner de plus amples explications aux députés sur la question de la lutte contre le terrorisme. Il s’est agi du ministre de la Sécurité, Maxime Koné et celui de la Défense nationale et des Anciens combattants, le général de brigade, Aimé Barthélemy Simporé.
A l’occasion, ce sont six questions orales avec débats, formulées par les différents groupes parlementaires, qui ont été adressées aux deux représentants du gouvernement. « L’Assemblée nationale n’est pas un tribunal. Elle n’a pas vocation à sanctionner quelqu’un. Dans ses prérogatives, lorsqu’elle interpelle, ce n’est pas pour mettre quelqu’un au pilori », a, d’emblée planté le décor, Alassane Bala Sakandé.
Qu’envisage le gouvernement, en termes de stratégies pour prévenir les attaques en vue d’une meilleure protection des populations et de renforcement des capacités offensives des FDS ? Y-a-t-il un problème endogène qui plomberait l’efficacité de l’armée face à la menace terroriste ? Existe-t-il une réelle cohésion au sein de l’ensemble des Forces de défense et de sécurité ?
Quel est le niveau de la mise en œuvre de la loi de programmation militaire ? Ou encore, que s’est-il exactement passé à Inata où le détachement d’une unité de la gendarmerie a subi l’une des attaques les plus meurtrières ? Telles ont été, entre autres, préoccupations soulevées par les représentants du peuple à l’endroit des ministres en charge de la défense nationale et de la sécurité.
Poursuivre la lutte avec détermination
C’est le général Aimé Barthélemy simporé qui a été le premier à prendre la parole pour apporter des éléments de réponses aux questions soulevées. Mais bien avant, il a tenu à préciser ceci : « Mes réponses ne combleront pas toutes vos attentes ». Devant les parlementaires, il a axé son intervention sur les préoccupations liées à la sécurité intérieure, à la défense nationale et aux questions d’ordre budgétaire et de prise en charges financières. Pour ce qui est de la sécurité intérieure, Barthélemy Simporé a reconnu que « le Burkina Faso vit le pire moment de son histoire ».
Pour autant, a-t-il laissé entendre, les Burkinabè ne doivent pas désespérer. Des mesures, selon lui, ont été prises par le gouvernement pour relever les défis du moment. Au nombre de celles-ci, il a cité l’adoption d’une politique de sécurité nationale qui, sur la base d’une analyse objective, propose des leviers sur lesquels se baser pour faire du Burkina à l’horizon 2050, une nation paisible et stable. En plus, une stratégie de lutte spécifique contre le terrorisme a été adoptée.
« Elle précise le rôle de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le terrorisme, les activités opérationnelles à déployer ainsi que les ressources humaines, matérielles et financières », a expliqué le Gal Simporé. D’autres actions et non des moindres, a-t-il souligné, ont été entreprises dans le cadre de cette stratégie en vue de l’atteinte des objectifs escomptés. Il s’agit, à l’entendre, de l’augmentation des ressources humaines, le déploiement d’unités dans les zones sous menace terroriste, le renforcement de la surveillance du territoire, le renforcement des mécanismes de collaboration avec la population, etc. « Je suis conscient des insuffisances de certaines actions. Mais nous devrons poursuivre la lutte avec plus de détermination », a-t-il souligné.
428,32 milliards FCFA alloués
Sur la question de la défense nationale, le ministre Simporé a reconnu que les attaques terroristes ont mis à nu les dysfonctionnements des dispositifs militaires. Des enquêtes sont en cours pour déceler ceux-ci afin de prendre les dispositions qui s’imposent pour plus d’efficacité. Pour ce qui est des primes, elles sont de deux natures et sont servies aux militaires en opération, selon le ministre de la Défense.
Il s’agit de la prime d’alimentation et de l’indemnité spéciale d’opération intérieure, payée à la fin de chaque mois à 4000, 5000 et 6000 FCFA, selon les catégories. Quant aux VDP, leur prise en charge est faite en raison de 200 000 FCFA par groupe de 10. « Je salue leur courage légendaire sur le terrain. Ils méritent nos encouragements », a-t-il lancé. La prise en charge des soldats tombés est de 10 millions de F CFA par personne. Cette somme, a-t-il précisé, est versée une seule fois au profit des ayants droit.
En ce qui concerne le budget alloué aux départements de la sécurité et de la défense, Barthélemy Simporé a informé qu’il est passé de 157, 97 milliards FCFA en 2016 à 428,32 milliards FCFA en 2021. Un effort énorme est donc fait, à son avis, par le gouvernement dans ses actions de lutte contre l’insécurité. C’est pourquoi, Barthélemy Simporé a salué « la constance » de l’Etat dans le financement de la loi de programmation militaire. En plus de tout cela, le Burkina est appuyé par ses partenaires dans la lutte contre le terrorisme dont la France et à travers la coopération inter-Etats, a-t-il dit.
Si en dépit de tous ces efforts, la lutte contre l’hydre terroriste demeure une préoccupation pour tous, a-t-il estimé, c’est qu’elle n’est pas seulement l’affaire des FDS. Ainsi, pour gagner cette guerre, il a souhaité une mobilisation de tous les Burkinabè à l’union, à la solidarité pour relever les défis.